Vous vous rappelez de ‘’Colorado’’ ?
Je sais, c’est vieux, mais faites un effort…c’t’un classique !!
… mais si !! vous savez, richard chamberlain, les indiens, tout ça !!
Bon, vous voyez la scène tout au début, ou Pasquinel et son bonnet rouge sont coincés dans un énième banc de sable et peste en maugréant force jurons contre cette rivière qui n’en est pas une, avant de tout débarquer et repartir à pied ?
Et bien vous avez le résumé visuel de mon week end dans les gorges de la Loire… je dois dire que cette image m’a beaucoup aidé à garder sourire et philosophie du zen face aux 11255 portages et 336255211145 cailloux ramassés sur la coque…
asseyez vous, ça risque d'être long...
1er jour : angoisses, métaphysique et mauvaises passesMatin
Je me mets à l’eau devant la maison, comme prévu, comme j’en rêve depuis des mois…
on y est, on ne recule plus…
je me suis trouvé ces jours plein d’excuses pour ne pas y aller, pas assez prêt, trop loin pour une première…
mais aucune n’a eu raison d’une évidence en béton armé : 4jours de libre, sans la petite famille, avec un temps comme ça… ça se reproduira peut-être pas avant 10ans, faut y aller !
Je me sens un peu tendu, il fait très chaud… et…
… et si je n’arrivais pas jusqu’à Aurec ?
et si je me fais forcer la bagnole pendant ces 3-4 jours sur le parking, ou la fourrière ?
et si je vautre les affaires dans un rapide, est-ce que le sac de couchage est assez emballé ?
est-ce que je vais réussir à me ravitailler en eau ?
et…et…
Je pagaie sur le petit plat devant chez nous, avec toutes ces réflexions qui tournent en boucle, passe sous le château comme souvent depuis le printemps… et, au gros rocher, au lieu de revenir à la maison comme on fait avec les enfants, je m’engage sur le petit ‘’rapide’’ de sortie, c’est symbolique un peu, je pars ‘’à l’aventure’’…
… enfin, une aventure de 10m avant de me retrouver bloqué sur les cailloux sous l’œil amusé des nombreux pêcheurs
‘’ya pas beaucoup d’eau, hein ?’’
Premier de ce qui va être une exponentielle série de portages/tirages/gros mots…
Je repars.
On enchaine ici des longs plats avec un vent de face léger mais constant et des petits rapides pratiquement à sec, je porte à chaque fois, je m’énerve un peu de mes choix de passe catastrophiques…
le paysage est doux et la nouvelle mise en perspective de ces collines familières m’apaise un peu… les oiseaux ne fuient pas devant le bateau, cols verts et hérons s’envolent paresseusement à quelques mètres à chaque fois, les mouettes me regardent passer, visiblement curieuses de cet improbable attelage, c’est assez magique.
Arrive le premier portage obligatoire au pont suspendu… la chaleur est écrasante, mes roues me préoccupent, ça tangue, ça craque, je commence à regretter le bricolage maison en me demandant comment je vais finir le parcours en cas de casse…
Je repars en direction de Vorey, on peut dire que c’est le début de l’aventure, la vraie !
Je dépasse le bourg et comprend à la sortie la signification du mot ‘’drossage’’ le courant m’envoie dans le creux du virage avec une puissance déconcertante… je m’en sors avec un contre-barrage de fortune, mais prends conscience de mon faible niveau ainsi que l’inertie de mon paquebot chargé…
les gorges de la Loire s’ouvrent devant moi, les tirages, pieds dans l’eau, sont quasiment systématiques, le peu de rapides qui passent occasionnent des craquements sinistres, je lis mal, je me prend sans coup férir les pierres que j’essaie d’éviter, le moral baisse…
je n’avance pas, je commence à souffrir physiquement, mes chaussures type ‘’planche à voile’’ donnent déjà d’inquiétants signes d’usure à force de monter/descendre du bateau… la chienne est stressée, elle ne veux pas se coucher à l’avant, et me bouche complétement la vue, ce qui me fait percuter de face le peu de rochers que j’aurais pu éviter…
Les berges sont surpeuplées, pêcheurs tous les 10m, baigneurs, je croise un petit groupe de nanas en kayaks-bikinis… eu… nan, faut se concentrer là !!!
Ma Nina, assise à l’avant, fait sensation : +100points de capital sympathie assurés, les gens -petits et grands- la pointe systématiquement du doigt, ‘’oh regarde !! le chien dans le canoé !!!’’
C’est rigolo, j’imagine le look, canoé plein de bardas, barbu tatoué (c’est moi) avec chapeau de cowboy, gros berger qui halète sur son derrière à la proue
Je commence à fatiguer, il faut s’arrêter, les plages que je connais sont prises d’assaut, je me replie sur un petit banc de sable à l’ombre… une grande pause s’impose
Au menu, Magret de canard fumé (partagé avec une Nina très enthousiaste) et bleu de pays, avec un ptit coup de rouge, faut pas déconner !!
Je joue un peu de uke, les pieds dans l’eau… je me baigne, l’eau est extra, sans même une sensation de fraicheur en entrant. J’en profite pour examiner un peu le parcours… aujourd’hui est une journée ‘’light’’… j’appréhende un peu demain qui sera plus long, plus dur… est-ce que je vais devoir réorganiser le séjour ? Prendre la journée de sécurité de Mardi ?
Aprèm
On repart, portages, pains sur le bateau, les oreilles de la chienne devant les yeux… j’ai le sentiment de ne pas avancer, moi qui connais ce coin comme ma poche, je vois la distance qui me sépare de mon ‘’check point’’ à Retournac… et la subit par avance…
Je fatigue… au détour d’une plage pleine de djeunes je tombe sur un groupe de kayakistes de 20-25ans en mode ‘’enterrement de vie de garçon’’ qui viennent de repartir… ils sont relous à pleurer, ça hurle, ça s’éclabousse, ça se bat avec les pagaies en riant gras… insupportable…
Ils sont 2 par kayak deux places, moi seul dans un kayak 2+1place lourdement chargé, aucune chance de les dépasser… je m’accroche quand même pour profiter d’une pause ‘’bombes-et-rires-gras’’ pour me tirer de là… les pêcheurs ‘’nous’’ lancent des regards assassins, je suis dégouté que les paysages magnifiques soient gâchés par tant de beaufitude… et qu’on m’associe à eux en plus…
Arrivé à Chamalières ils s’arrêtent enfin pour se finir au bar
Je suis cramé, mais je ne veux pas faire de pause, pour mettre un peu de distance entre nous, j’attaque donc direct le passage en classe 3 jusqu’à retournac… qui…
Qui est une super bonne surprise !! \o/
La passe canoé est indiquée avec un panneau et engage sur un bras de rivière à droite presque entièrement constitué de vagues, ça speede un peu, mais au moins il y a assez d’eau, alors wouhou !!
Je m’aperçois au passage qu’avec assez d’eau je négocie les rapides pas si mal que ça, j’ai de vieux restes de kayak en eaux vives qui reviennent petit à petit, ça bastonne un poil dans le cadre magnifique du château d’Artias et des gorges naissantes
Arrivé à Retournac, mon endroit de bivouac au pied du rocher d’escalade est évidemment pris par des pêcheurs à la carpe… il a bien fallu tomber sur un concours… tous les recoins sont occupés par ces messieurs, je devrai donc dépasser l’agglomération avec le peu de bras qu’il me reste…
J’en profite pour aller jeter un coup d’œil à la rivière artificielle qui sert d’entrainement à la base de canoé locale… fatch, il y a un bon saut en plein milieu… je fais quoi ?
Bon, on arrête de se faire dessus maintenant, hein !! Je suis pas venu jusqu’ici pour rien runtutudju !!!
Je reviens vers le canoé, la chienne n’a pas bougé, elle ‘’garde’’ les affaires… je lui demande de descendre, elle fait comme si elle n’entendait pas (ma tendre et douce moitié lui a sûrement soufflé la technique)… bon, c’est comme ça ? et ben on y va ! chargé ET avec toute l’équipe…
Je me fais bousculer un peu dans les petits rapides, je serre les fesses sur le saut que j’engage un peu en biais… mais… ça passe !!
Les types du centre passent la tête par la fenêtre pour nous regarder passer, hé, hé !
Je passe la jolie bourgade de retournac qui finit dans un herbier relativement dégueu et long, long…, les pagaies se prennent dans les algues, je commence à saturer… arrive le portage, j’en ai marre, je ne décharge rien, je ne mets pas les roues, je sors le bateau comme un gros bourrin au milieu des orties et le tire sur la berge herbeuse
Je me remets à l’eau, les rives sont peu avenantes, usines, détritus… je me mange un bon gros plat avec du vent qui commence à sortir… et là… au bout d’un km…
je tombe sur un pont en béton infranchissable qui me fait enchainer un chapelets de jurons interne…
j’arrive à peine à hisser l’attelage sur le bord…
je décharge tout, je mets les sacs et le matos sur les épaules et pars sur le petit chemin à la recherche d’un endroit où se remettre en selle…
Je trouve un passage quelques centaines de mètres plus bas… mais il est… comment dire… ‘’occupé’’ par deux ados qui… enfin, vous avez compris, je veux pas les déranger en pleine action, je continue en ronchonnant jusqu’au pont d’après, pose les affaires…
retourne au canoé…
les roues me font de plus en plus souci, le chemin caillouteux les fait couiner et menace de les achever…
Soir
La chaleur de la journée s’est estompée, j’ai décidé d’arrêter pour aujourd’hui dès que possible après ce portage en trop. Je suis au bout du rouleau.
La civilisation s’éloigne, je pagaie doucement au milieu des gorges qui se font plus abruptes, il n’y a plus un bruit, il n’y a personne à part de rares pêcheurs à la mouche… j’aime ce moment de lenteur suspendue, je voudrais le graver pour toujours, j’ai trouvé l’ambiance ‘’trappeur’’ que je recherchais, que j’espérais depuis l’achat de ce maudit dur-dur qui m’a fait souffrir toute la journée…
Je sourie tout seul : je lui ai trouvé son nom au rafiot, ça sera ‘’Le Pasquinel’’ !!
J’entends la rumeur d’un rapide qui promet d’être un peu costaud arriver, j’accoste à l’arrache je n’aurai jamais la force de le négocier
A Quelques pas du bord se dresse un arbre majestueux, j’y dépose les affaires et pars à la recherche d’un spot à hamac… mais je reviens systématiquement sous cet arbre, où je finis par dresser ma bâche marron 2*3m…ce soir tarp wins !
je lance le feu, juste assez grand pour obtenir quelques braises… au menu de ce soir, magret de canard (oui encore) au barbeuk !! avec… eu ben plein de pain et de fromage puisque je m’aperçois avoir oublié les pâtes chinoises, doh !
Nina se régale, je fume la pipe tranquillement au bord du feu en jouant du uke, un ptit coup de rouge de temps en temps… il fait super bon, pffff… je voudrais que ce moment dure toute la vie.
On part se coucher peu après le soleil, je suis claqué… et… le plus dur est à venir… les moustiques nous laissent tranquilles, merci les gars.
2ème jour : rando pédestre en canoé, bataille navale et enduroOn part tôt en prévision d’une journée qui se profile déjà comme sportive.
A peine mis à l’eau je me fais embarquer par un rapide qui m’emmène dans les branches, j’en prend plein la tête, mon teeshirt est arraché, les roues manquent de rester dans les arbres, j’ai des griffures superficielles partout…
Je… je commence déjà à ruminer quand mes yeux se pose sur le décors autour de moi…
les gorges de la Loire sont là, minérales, magnifiques, encaissées, majestueuses… l’eau est claire et appelle irrémédiablement à la baignade, les petites criques en rochers s’enchainent…
c’est du pur bonheur…
les plats se font plus courts et les passages techniques plus fréquents, je note une sensible amélioration dans mes choix de passe et ma navigation (même si je me vautre encore souvent), la chienne est plus détendue, elle reste couchée devant, même quand ça mouille un peu
Les moments calmes révèlent cependant un nouvel obstacle : la rivière est truffée de rochers affleurant à peine, repérables uniquement à l’infime dépression crée dans l’eau en surface, c’est un véritable champs de mines sous marines, le canoé souffre beaucoup et je perds énormément de temps, d’énergie et de patience à zigzaguer gauchement entre les obstacles, je me retrouve souvent ‘’pendu’’
Il me faut donc une matinée entière pour arriver à… ¼ du parcours prévu : Pont de Vaures...
Sur les berges une manifestation amusante se prépare, avec de nombreux objets flottants non identifiés prêts à prendre l’eau, loufoques et ingénieux, le spectacle donne un côté surréaliste après le calme sauvage des gorges en amont.
Deux kayak jaunes s’approchent, je… je repère les chemises bleues et les insignes sur les épaules… quoi ? nan, c’est pas possible, pas ici, qu’est-ce que j’ai fait ??
Ils arrivent à hauteur et posent une pagaie chacun devant et derrière… je suis cerné !!
‘’bonjooooour’’
J’adopte le ton neutre-mais-innocent qu’il sied pour ne pas s’attirer d’emblée les foudre de la maréchaussée, tactique hérité des innombrables contrôles des douanes volantes passées dans mes jeunes années pontissaliennes…
‘’bonjour, vous allez où comme ça ?’’
‘’eu, aurec sur loire, enfin j’espère’’
‘’aah ! on se disait que vous étiez peut-être un de ceux qui font jusqu’à Saint Nazaire !! en voyant le matos de bivouac, là’’
‘’non, non, je m’entraine là, je fais juste les gorges et…’’
S’en suit une discussion de près d’une heure, à dériver doucement entre deux canoé des ‘’rangers de la Loire’’ qui m’expliquent leur mission de prévention sécurité et respect de l’environnement, leurs actions de nettoyage et les bras de fer avec les politiques locaux pour obtenir un maigre support.
On plaisante, ils me donnent des tuyaux sur des passages délicats et les bivouacs agréables… et on se promet de se faire une petite descente commune un de ces 4… curieuse et agréable rencontre que celle-ci
Je m’y remets, le niveau de l’eau est devenu catastrophique, je dois même faire descendre la chienne pour trainer le canoé dans les galets avec l’eau aux chevilles.
Le peu de rapides passable sont plombés de rochers invisibles, je manque de me faire mal plusieurs fois, les chaussures on rendu l’âme et sont trouées… c'est un miracle que le canoé tienne le coup
une légère douleur au gros orteil me fait redouter un ongle incarné en gestation…
je mets +3h pour faire 5 pauvres kilomètres, je ne vois pas le bout de cette étape, la chienne flippe et ne veut plus suivre dans l’eau derrière, elle se coince dans des ronces sur la berges, la chaleur est étouffante.
L’arrivée à Confolens est un long plat aux allures étranges ‘’d’amazonie’’ avec une eau marron, une végétation dense… et un vent de face qui finit de m’achever.
Je m’échoue littéralement, tire le canoé sur la berge et me demande ce que je vais bien pouvoir faire de moi, la tête me tourne, mes épaules sont en feu, de jeunes pêcheurs pique-niquent à côté… je craque :
- Vous êtes d’ici ?
- Ouais, ouais, juste à côté, à st Maurice
- Vous savez si il y a un resto, un bar, où on peut boire une bière, je suis au bout de ma vie là !
- Oui, il y en a un à un petit km, je sais pas si c’est ouvert
- Bon, ben, je vous laisse mes affaires, hein, je vous fais confiance ?
- Ouais, ouais t’inquiète !
Et je laisse tout en plan pour arriver… au Fristi’s \o/ où une charmante serveuse m’accueille chaleureusement…
le menu est rustique (salade de pays, friture maison-frittes, plateau de fromages qui rigole pas) mais tellement chargé que je n’arrive pas au bout de l’assiette malgré ma fringale à l’arrivée… j’abuse grassement du rosé frais et savoure comme il se doit ce moment de calme avant la tempête, que je fais durer un peu… je sors repus et… euh, relativement ‘’joyeux’’ on va dire...
Je retrouve le Pasquinel et mes nouveaux potes pêcheurs, on plaisante un peu, je me sens léger, tiens, le rosé peut-être ?
L’aprem (enfin ce qu’il en reste)
Allez, hop ! En avant Guingan ! il fait une chaleur insupportable, il est presque 3h, avec la moitié ‘’dure’’ du parcours à faire et je… j’enchaine les premiers rapides nickel, les rangers me l’avaient dis, le Lignon vient se joindre à la Loire ici, donc l’eau ne manque que très rarement…
Un vrai plaisir, je me choppe des vagues, je négocie même un petit saut avec réception en jouant des hanches ‘’à la kayakiste’’ qui me vaut des sifflements admiratifs de la part d’une bande de punk à chiens sur la rive (on a le fan club qu’on mérite)
Je prend confiance, je commence à tirer sur les épaules plus fort, plus vite, je ressens un début d’enivrement, celui de l’endurance, que je connais bien à VTT, le moment où il n’y a plus de douleur, l’effort est constant, tout en puissance
Je double les groupes les uns après les autres, à cet endroit la rivière Loire est une véritable autoroute du canoé, il y en a partout…
je me les fais les uns après les autres, je les repère de loin en me disant ‘’vous, je vous fume’’…
c’est assez con, je suis pas là pour ça et c’est même contre mes principes, mes attentes du voyage nature, mais aujourd’hui, après la frustration des portages, le plaisir est sportif, bêtement sportif
Les gorges sont toujours aussi belles, les passages techniques nombreux et agréables, je me rends à l’évidence : je ne ferai que rarement de la classe 1, j’aime les vagues, l’écume, les remous, l’eau qui gicle…
On arrive au passage ‘’dangereux’’ après Confolens, les rangers m’avaient mis en garde ‘’fait gaffe, on a mit un panneau, il faut passer à gauche, si tu te laisses embarquer à droite, c’est bouillon et casse bateau’’…
j’acoste sur la plage à côté pour juger de la situation… la démonstration par le plouf! arrive rapidement avec un couple âgé qui arrivent sans chercher à comprendre et disparaissent dans les rapides, le kayak 2 places est littéralement projeté hors de l’eau et de fracasse sur les rochers…
Ils en sortent sans bobo, mais à ce moment un 2 places avec deux gamins s’engage à son tour
Je saute à l’eau et réussis à attraper la sangle arrière à temps, je les redirige vers la gauche où ils sortent nickel… spéciale dédicaces aux parents, qui ne me disent ni merci, ni merde… oO
Je repars pour la compète avec moi même, je bourre, je me fixe l’objectif de garder ce rythme jusqu’à Bas en Basset… je me goinfre littéralement cette étape de 15bornes en un rien de temps et ralentis uniquement au passage du pont de Bas…
Ici la rivière se change en méandres, de nombreuses îles entourées de bancs de sable, j’arrive à trouver des passes avec plus de succès, je sens le contre coup de l’après midi arriver, je me repasse les passages de cette journée avec ravissement, je me promets de me refaire ce passage en kayak avec un gros débit cet automne…
Sur la plage en face on m’interpelle, ‘’hé c’est quoi que tu transportes à l’avant, une peau d’ours ?’’
Nina est roulée en boule et roupille tranquillou… je manœuvre pour montrer la bouille de la chienne aux enfants… et me coince l’arrière entre deux rochers, ce qui provoque l’hilarité générale…
On m’invite à boire un coup… je me laisse faire plus que volontiers, le groupe m’accueil avec un ‘’tu vois ici, il y a des arabes, des roumains, des turcs, faut pas avoir peur !!’’
C’est un joyeux bordel chamarré, je me sens bien avec eux, les gosses ne sortent pas de l’eau et lancent des bâtons à la chienne qui est de nouveau la coqueluche ravie de l’assistance, je devise les pieds dans l’eau, rosé à la main, de tout et de rien, de la famille, du canoé, de nos rêves d’aventure.
Ils veulent me garder à manger, mais je refuse poliment, il faut que je trouve un bivouac avant la nuit et… et pour être honnête j’ai de nouveau envie d’être seul, cette rencontre agréable m’a rassasié d’humain, je veux reprendre ma route…
De nouveau, je lézarde nonchalamment dans la fraicheur du soir entre les îles, sous le ciel qui rougit., Je retrouve la sensation de paix de la veille, j’accoste un peu au hasard après avoir passé les dernières maisons du bourg.
Le soir
Les rives sont difficiles d’accès, très pentues, et le décor a un vague air de bayou…
je tends le hamac sur la pente raide et me retrouve du coup les fesses au dessus de la berge, 3m en dessous…
c’est bizarre, c’est mon premier campement ‘’perché’’ le feu sur une petite plateforme au dessus… ce soir c’est andouillettes !!
Nina se lèche les babines, je me cale contre un tronc pour manger, puis je sors la flute oblique pour accompagner le soleil couchant.
La nuit en hamac se passe super bien, j’ai du mal à en sortir le matin, là encore les moustiques nous ont oublié!
3ème jour : la jolie surprise Arrive le dernier jour, le matin silencieux est teinté de mélancolie, j’ai laissé les gorges derrière moi, encore 15 petits km de plat et je serai au bout de cette première rando…
Je ne protège même pas le sac posé tel que, en me disant que les remous étaient finis…
sauf qu'à la fin des longs méandres j’entends le bruit de l’eau qui court, la vallée change d’orientation et…
Des rapides !! partout, avec de l’eau !! les gorges sont revenus (et les mines sous marines, probablement héliportées pendant la nuit par la fédération française des gros mots qui voulait s’assurer que le cotât 2015 serait bien atteint), les plats sont vite suivis de petits rapides super agréables, ça va vite, c’est un régal, le parcours tout entier est une surprise, un appel au bivouac à chaque coin de rocher dans un cadre superbe de collines et de vallons
L’arrivée à Aurec est du coup assez rapide, je redoute qu’il soit arrivé malheurs à mon véhicule, saloperies de biens matériels qui nous pourrissent l’existence…
Je le retrouve à sa place et charge le canoé grâce à ma super technique de matelas qui glisse sur le toit !! (je vous montrerai)
Je prends le chemin du retour par la route touristique des Gorges, pour jeter un dernier regard… je m’aperçois que ma vision pourtant familière de cet endroit a changé, je repère des petites plages de loin, je reconnais les passages du matin… je me promets qu’en octobre, quand il y aura du jus…
Voilou, un week end (presque) sur l’eau !
a++
Ben
Je sais, c’est vieux, mais faites un effort…c’t’un classique !!
… mais si !! vous savez, richard chamberlain, les indiens, tout ça !!
Bon, vous voyez la scène tout au début, ou Pasquinel et son bonnet rouge sont coincés dans un énième banc de sable et peste en maugréant force jurons contre cette rivière qui n’en est pas une, avant de tout débarquer et repartir à pied ?
Et bien vous avez le résumé visuel de mon week end dans les gorges de la Loire… je dois dire que cette image m’a beaucoup aidé à garder sourire et philosophie du zen face aux 11255 portages et 336255211145 cailloux ramassés sur la coque…
asseyez vous, ça risque d'être long...
1er jour : angoisses, métaphysique et mauvaises passes
Matin
Je me mets à l’eau devant la maison, comme prévu, comme j’en rêve depuis des mois…
on y est, on ne recule plus…
je me suis trouvé ces jours plein d’excuses pour ne pas y aller, pas assez prêt, trop loin pour une première…
mais aucune n’a eu raison d’une évidence en béton armé : 4jours de libre, sans la petite famille, avec un temps comme ça… ça se reproduira peut-être pas avant 10ans, faut y aller !
Je me sens un peu tendu, il fait très chaud… et…
… et si je n’arrivais pas jusqu’à Aurec ?
et si je me fais forcer la bagnole pendant ces 3-4 jours sur le parking, ou la fourrière ?
et si je vautre les affaires dans un rapide, est-ce que le sac de couchage est assez emballé ?
est-ce que je vais réussir à me ravitailler en eau ?
et…et…
Je pagaie sur le petit plat devant chez nous, avec toutes ces réflexions qui tournent en boucle, passe sous le château comme souvent depuis le printemps… et, au gros rocher, au lieu de revenir à la maison comme on fait avec les enfants, je m’engage sur le petit ‘’rapide’’ de sortie, c’est symbolique un peu, je pars ‘’à l’aventure’’…
… enfin, une aventure de 10m avant de me retrouver bloqué sur les cailloux sous l’œil amusé des nombreux pêcheurs
‘’ya pas beaucoup d’eau, hein ?’’
Premier de ce qui va être une exponentielle série de portages/tirages/gros mots…
Je repars.
On enchaine ici des longs plats avec un vent de face léger mais constant et des petits rapides pratiquement à sec, je porte à chaque fois, je m’énerve un peu de mes choix de passe catastrophiques…
le paysage est doux et la nouvelle mise en perspective de ces collines familières m’apaise un peu… les oiseaux ne fuient pas devant le bateau, cols verts et hérons s’envolent paresseusement à quelques mètres à chaque fois, les mouettes me regardent passer, visiblement curieuses de cet improbable attelage, c’est assez magique.
Arrive le premier portage obligatoire au pont suspendu… la chaleur est écrasante, mes roues me préoccupent, ça tangue, ça craque, je commence à regretter le bricolage maison en me demandant comment je vais finir le parcours en cas de casse…
Je repars en direction de Vorey, on peut dire que c’est le début de l’aventure, la vraie !
Je dépasse le bourg et comprend à la sortie la signification du mot ‘’drossage’’ le courant m’envoie dans le creux du virage avec une puissance déconcertante… je m’en sors avec un contre-barrage de fortune, mais prends conscience de mon faible niveau ainsi que l’inertie de mon paquebot chargé…
les gorges de la Loire s’ouvrent devant moi, les tirages, pieds dans l’eau, sont quasiment systématiques, le peu de rapides qui passent occasionnent des craquements sinistres, je lis mal, je me prend sans coup férir les pierres que j’essaie d’éviter, le moral baisse…
je n’avance pas, je commence à souffrir physiquement, mes chaussures type ‘’planche à voile’’ donnent déjà d’inquiétants signes d’usure à force de monter/descendre du bateau… la chienne est stressée, elle ne veux pas se coucher à l’avant, et me bouche complétement la vue, ce qui me fait percuter de face le peu de rochers que j’aurais pu éviter…
Les berges sont surpeuplées, pêcheurs tous les 10m, baigneurs, je croise un petit groupe de nanas en kayaks-bikinis… eu… nan, faut se concentrer là !!!
Ma Nina, assise à l’avant, fait sensation : +100points de capital sympathie assurés, les gens -petits et grands- la pointe systématiquement du doigt, ‘’oh regarde !! le chien dans le canoé !!!’’
C’est rigolo, j’imagine le look, canoé plein de bardas, barbu tatoué (c’est moi) avec chapeau de cowboy, gros berger qui halète sur son derrière à la proue
Je commence à fatiguer, il faut s’arrêter, les plages que je connais sont prises d’assaut, je me replie sur un petit banc de sable à l’ombre… une grande pause s’impose
Au menu, Magret de canard fumé (partagé avec une Nina très enthousiaste) et bleu de pays, avec un ptit coup de rouge, faut pas déconner !!
Je joue un peu de uke, les pieds dans l’eau… je me baigne, l’eau est extra, sans même une sensation de fraicheur en entrant. J’en profite pour examiner un peu le parcours… aujourd’hui est une journée ‘’light’’… j’appréhende un peu demain qui sera plus long, plus dur… est-ce que je vais devoir réorganiser le séjour ? Prendre la journée de sécurité de Mardi ?
Aprèm
On repart, portages, pains sur le bateau, les oreilles de la chienne devant les yeux… j’ai le sentiment de ne pas avancer, moi qui connais ce coin comme ma poche, je vois la distance qui me sépare de mon ‘’check point’’ à Retournac… et la subit par avance…
Je fatigue… au détour d’une plage pleine de djeunes je tombe sur un groupe de kayakistes de 20-25ans en mode ‘’enterrement de vie de garçon’’ qui viennent de repartir… ils sont relous à pleurer, ça hurle, ça s’éclabousse, ça se bat avec les pagaies en riant gras… insupportable…
Ils sont 2 par kayak deux places, moi seul dans un kayak 2+1place lourdement chargé, aucune chance de les dépasser… je m’accroche quand même pour profiter d’une pause ‘’bombes-et-rires-gras’’ pour me tirer de là… les pêcheurs ‘’nous’’ lancent des regards assassins, je suis dégouté que les paysages magnifiques soient gâchés par tant de beaufitude… et qu’on m’associe à eux en plus…
Arrivé à Chamalières ils s’arrêtent enfin pour se finir au bar
Je suis cramé, mais je ne veux pas faire de pause, pour mettre un peu de distance entre nous, j’attaque donc direct le passage en classe 3 jusqu’à retournac… qui…
Qui est une super bonne surprise !! \o/
La passe canoé est indiquée avec un panneau et engage sur un bras de rivière à droite presque entièrement constitué de vagues, ça speede un peu, mais au moins il y a assez d’eau, alors wouhou !!
Je m’aperçois au passage qu’avec assez d’eau je négocie les rapides pas si mal que ça, j’ai de vieux restes de kayak en eaux vives qui reviennent petit à petit, ça bastonne un poil dans le cadre magnifique du château d’Artias et des gorges naissantes
Arrivé à Retournac, mon endroit de bivouac au pied du rocher d’escalade est évidemment pris par des pêcheurs à la carpe… il a bien fallu tomber sur un concours… tous les recoins sont occupés par ces messieurs, je devrai donc dépasser l’agglomération avec le peu de bras qu’il me reste…
J’en profite pour aller jeter un coup d’œil à la rivière artificielle qui sert d’entrainement à la base de canoé locale… fatch, il y a un bon saut en plein milieu… je fais quoi ?
Bon, on arrête de se faire dessus maintenant, hein !! Je suis pas venu jusqu’ici pour rien runtutudju !!!
Je reviens vers le canoé, la chienne n’a pas bougé, elle ‘’garde’’ les affaires… je lui demande de descendre, elle fait comme si elle n’entendait pas (ma tendre et douce moitié lui a sûrement soufflé la technique)… bon, c’est comme ça ? et ben on y va ! chargé ET avec toute l’équipe…
Je me fais bousculer un peu dans les petits rapides, je serre les fesses sur le saut que j’engage un peu en biais… mais… ça passe !!
Les types du centre passent la tête par la fenêtre pour nous regarder passer, hé, hé !
Je passe la jolie bourgade de retournac qui finit dans un herbier relativement dégueu et long, long…, les pagaies se prennent dans les algues, je commence à saturer… arrive le portage, j’en ai marre, je ne décharge rien, je ne mets pas les roues, je sors le bateau comme un gros bourrin au milieu des orties et le tire sur la berge herbeuse
Je me remets à l’eau, les rives sont peu avenantes, usines, détritus… je me mange un bon gros plat avec du vent qui commence à sortir… et là… au bout d’un km…
je tombe sur un pont en béton infranchissable qui me fait enchainer un chapelets de jurons interne…
j’arrive à peine à hisser l’attelage sur le bord…
je décharge tout, je mets les sacs et le matos sur les épaules et pars sur le petit chemin à la recherche d’un endroit où se remettre en selle…
Je trouve un passage quelques centaines de mètres plus bas… mais il est… comment dire… ‘’occupé’’ par deux ados qui… enfin, vous avez compris, je veux pas les déranger en pleine action, je continue en ronchonnant jusqu’au pont d’après, pose les affaires…
retourne au canoé…
les roues me font de plus en plus souci, le chemin caillouteux les fait couiner et menace de les achever…
Soir
La chaleur de la journée s’est estompée, j’ai décidé d’arrêter pour aujourd’hui dès que possible après ce portage en trop. Je suis au bout du rouleau.
La civilisation s’éloigne, je pagaie doucement au milieu des gorges qui se font plus abruptes, il n’y a plus un bruit, il n’y a personne à part de rares pêcheurs à la mouche… j’aime ce moment de lenteur suspendue, je voudrais le graver pour toujours, j’ai trouvé l’ambiance ‘’trappeur’’ que je recherchais, que j’espérais depuis l’achat de ce maudit dur-dur qui m’a fait souffrir toute la journée…
Je sourie tout seul : je lui ai trouvé son nom au rafiot, ça sera ‘’Le Pasquinel’’ !!
J’entends la rumeur d’un rapide qui promet d’être un peu costaud arriver, j’accoste à l’arrache je n’aurai jamais la force de le négocier
A Quelques pas du bord se dresse un arbre majestueux, j’y dépose les affaires et pars à la recherche d’un spot à hamac… mais je reviens systématiquement sous cet arbre, où je finis par dresser ma bâche marron 2*3m…ce soir tarp wins !
je lance le feu, juste assez grand pour obtenir quelques braises… au menu de ce soir, magret de canard (oui encore) au barbeuk !! avec… eu ben plein de pain et de fromage puisque je m’aperçois avoir oublié les pâtes chinoises, doh !
Nina se régale, je fume la pipe tranquillement au bord du feu en jouant du uke, un ptit coup de rouge de temps en temps… il fait super bon, pffff… je voudrais que ce moment dure toute la vie.
On part se coucher peu après le soleil, je suis claqué… et… le plus dur est à venir… les moustiques nous laissent tranquilles, merci les gars.
2ème jour : rando pédestre en canoé, bataille navale et enduro
On part tôt en prévision d’une journée qui se profile déjà comme sportive.
A peine mis à l’eau je me fais embarquer par un rapide qui m’emmène dans les branches, j’en prend plein la tête, mon teeshirt est arraché, les roues manquent de rester dans les arbres, j’ai des griffures superficielles partout…
Je… je commence déjà à ruminer quand mes yeux se pose sur le décors autour de moi…
les gorges de la Loire sont là, minérales, magnifiques, encaissées, majestueuses… l’eau est claire et appelle irrémédiablement à la baignade, les petites criques en rochers s’enchainent…
c’est du pur bonheur…
les plats se font plus courts et les passages techniques plus fréquents, je note une sensible amélioration dans mes choix de passe et ma navigation (même si je me vautre encore souvent), la chienne est plus détendue, elle reste couchée devant, même quand ça mouille un peu
Les moments calmes révèlent cependant un nouvel obstacle : la rivière est truffée de rochers affleurant à peine, repérables uniquement à l’infime dépression crée dans l’eau en surface, c’est un véritable champs de mines sous marines, le canoé souffre beaucoup et je perds énormément de temps, d’énergie et de patience à zigzaguer gauchement entre les obstacles, je me retrouve souvent ‘’pendu’’
Il me faut donc une matinée entière pour arriver à… ¼ du parcours prévu : Pont de Vaures...
Sur les berges une manifestation amusante se prépare, avec de nombreux objets flottants non identifiés prêts à prendre l’eau, loufoques et ingénieux, le spectacle donne un côté surréaliste après le calme sauvage des gorges en amont.
Deux kayak jaunes s’approchent, je… je repère les chemises bleues et les insignes sur les épaules… quoi ? nan, c’est pas possible, pas ici, qu’est-ce que j’ai fait ??
Ils arrivent à hauteur et posent une pagaie chacun devant et derrière… je suis cerné !!
‘’bonjooooour’’
J’adopte le ton neutre-mais-innocent qu’il sied pour ne pas s’attirer d’emblée les foudre de la maréchaussée, tactique hérité des innombrables contrôles des douanes volantes passées dans mes jeunes années pontissaliennes…
‘’bonjour, vous allez où comme ça ?’’
‘’eu, aurec sur loire, enfin j’espère’’
‘’aah ! on se disait que vous étiez peut-être un de ceux qui font jusqu’à Saint Nazaire !! en voyant le matos de bivouac, là’’
‘’non, non, je m’entraine là, je fais juste les gorges et…’’
S’en suit une discussion de près d’une heure, à dériver doucement entre deux canoé des ‘’rangers de la Loire’’ qui m’expliquent leur mission de prévention sécurité et respect de l’environnement, leurs actions de nettoyage et les bras de fer avec les politiques locaux pour obtenir un maigre support.
On plaisante, ils me donnent des tuyaux sur des passages délicats et les bivouacs agréables… et on se promet de se faire une petite descente commune un de ces 4… curieuse et agréable rencontre que celle-ci
Je m’y remets, le niveau de l’eau est devenu catastrophique, je dois même faire descendre la chienne pour trainer le canoé dans les galets avec l’eau aux chevilles.
Le peu de rapides passable sont plombés de rochers invisibles, je manque de me faire mal plusieurs fois, les chaussures on rendu l’âme et sont trouées… c'est un miracle que le canoé tienne le coup
une légère douleur au gros orteil me fait redouter un ongle incarné en gestation…
je mets +3h pour faire 5 pauvres kilomètres, je ne vois pas le bout de cette étape, la chienne flippe et ne veut plus suivre dans l’eau derrière, elle se coince dans des ronces sur la berges, la chaleur est étouffante.
L’arrivée à Confolens est un long plat aux allures étranges ‘’d’amazonie’’ avec une eau marron, une végétation dense… et un vent de face qui finit de m’achever.
Je m’échoue littéralement, tire le canoé sur la berge et me demande ce que je vais bien pouvoir faire de moi, la tête me tourne, mes épaules sont en feu, de jeunes pêcheurs pique-niquent à côté… je craque :
- Vous êtes d’ici ?
- Ouais, ouais, juste à côté, à st Maurice
- Vous savez si il y a un resto, un bar, où on peut boire une bière, je suis au bout de ma vie là !
- Oui, il y en a un à un petit km, je sais pas si c’est ouvert
- Bon, ben, je vous laisse mes affaires, hein, je vous fais confiance ?
- Ouais, ouais t’inquiète !
Et je laisse tout en plan pour arriver… au Fristi’s \o/ où une charmante serveuse m’accueille chaleureusement…
le menu est rustique (salade de pays, friture maison-frittes, plateau de fromages qui rigole pas) mais tellement chargé que je n’arrive pas au bout de l’assiette malgré ma fringale à l’arrivée… j’abuse grassement du rosé frais et savoure comme il se doit ce moment de calme avant la tempête, que je fais durer un peu… je sors repus et… euh, relativement ‘’joyeux’’ on va dire...
Je retrouve le Pasquinel et mes nouveaux potes pêcheurs, on plaisante un peu, je me sens léger, tiens, le rosé peut-être ?
L’aprem (enfin ce qu’il en reste)
Allez, hop ! En avant Guingan ! il fait une chaleur insupportable, il est presque 3h, avec la moitié ‘’dure’’ du parcours à faire et je… j’enchaine les premiers rapides nickel, les rangers me l’avaient dis, le Lignon vient se joindre à la Loire ici, donc l’eau ne manque que très rarement…
Un vrai plaisir, je me choppe des vagues, je négocie même un petit saut avec réception en jouant des hanches ‘’à la kayakiste’’ qui me vaut des sifflements admiratifs de la part d’une bande de punk à chiens sur la rive (on a le fan club qu’on mérite)
Je prend confiance, je commence à tirer sur les épaules plus fort, plus vite, je ressens un début d’enivrement, celui de l’endurance, que je connais bien à VTT, le moment où il n’y a plus de douleur, l’effort est constant, tout en puissance
Je double les groupes les uns après les autres, à cet endroit la rivière Loire est une véritable autoroute du canoé, il y en a partout…
je me les fais les uns après les autres, je les repère de loin en me disant ‘’vous, je vous fume’’…
c’est assez con, je suis pas là pour ça et c’est même contre mes principes, mes attentes du voyage nature, mais aujourd’hui, après la frustration des portages, le plaisir est sportif, bêtement sportif
Les gorges sont toujours aussi belles, les passages techniques nombreux et agréables, je me rends à l’évidence : je ne ferai que rarement de la classe 1, j’aime les vagues, l’écume, les remous, l’eau qui gicle…
On arrive au passage ‘’dangereux’’ après Confolens, les rangers m’avaient mis en garde ‘’fait gaffe, on a mit un panneau, il faut passer à gauche, si tu te laisses embarquer à droite, c’est bouillon et casse bateau’’…
j’acoste sur la plage à côté pour juger de la situation… la démonstration par le plouf! arrive rapidement avec un couple âgé qui arrivent sans chercher à comprendre et disparaissent dans les rapides, le kayak 2 places est littéralement projeté hors de l’eau et de fracasse sur les rochers…
Ils en sortent sans bobo, mais à ce moment un 2 places avec deux gamins s’engage à son tour
Je saute à l’eau et réussis à attraper la sangle arrière à temps, je les redirige vers la gauche où ils sortent nickel… spéciale dédicaces aux parents, qui ne me disent ni merci, ni merde… oO
Je repars pour la compète avec moi même, je bourre, je me fixe l’objectif de garder ce rythme jusqu’à Bas en Basset… je me goinfre littéralement cette étape de 15bornes en un rien de temps et ralentis uniquement au passage du pont de Bas…
Ici la rivière se change en méandres, de nombreuses îles entourées de bancs de sable, j’arrive à trouver des passes avec plus de succès, je sens le contre coup de l’après midi arriver, je me repasse les passages de cette journée avec ravissement, je me promets de me refaire ce passage en kayak avec un gros débit cet automne…
Sur la plage en face on m’interpelle, ‘’hé c’est quoi que tu transportes à l’avant, une peau d’ours ?’’
Nina est roulée en boule et roupille tranquillou… je manœuvre pour montrer la bouille de la chienne aux enfants… et me coince l’arrière entre deux rochers, ce qui provoque l’hilarité générale…
On m’invite à boire un coup… je me laisse faire plus que volontiers, le groupe m’accueil avec un ‘’tu vois ici, il y a des arabes, des roumains, des turcs, faut pas avoir peur !!’’
C’est un joyeux bordel chamarré, je me sens bien avec eux, les gosses ne sortent pas de l’eau et lancent des bâtons à la chienne qui est de nouveau la coqueluche ravie de l’assistance, je devise les pieds dans l’eau, rosé à la main, de tout et de rien, de la famille, du canoé, de nos rêves d’aventure.
Ils veulent me garder à manger, mais je refuse poliment, il faut que je trouve un bivouac avant la nuit et… et pour être honnête j’ai de nouveau envie d’être seul, cette rencontre agréable m’a rassasié d’humain, je veux reprendre ma route…
De nouveau, je lézarde nonchalamment dans la fraicheur du soir entre les îles, sous le ciel qui rougit., Je retrouve la sensation de paix de la veille, j’accoste un peu au hasard après avoir passé les dernières maisons du bourg.
Le soir
Les rives sont difficiles d’accès, très pentues, et le décor a un vague air de bayou…
je tends le hamac sur la pente raide et me retrouve du coup les fesses au dessus de la berge, 3m en dessous…
c’est bizarre, c’est mon premier campement ‘’perché’’ le feu sur une petite plateforme au dessus… ce soir c’est andouillettes !!
Nina se lèche les babines, je me cale contre un tronc pour manger, puis je sors la flute oblique pour accompagner le soleil couchant.
La nuit en hamac se passe super bien, j’ai du mal à en sortir le matin, là encore les moustiques nous ont oublié!
3ème jour : la jolie surprise
Arrive le dernier jour, le matin silencieux est teinté de mélancolie, j’ai laissé les gorges derrière moi, encore 15 petits km de plat et je serai au bout de cette première rando…
Je ne protège même pas le sac posé tel que, en me disant que les remous étaient finis…
sauf qu'à la fin des longs méandres j’entends le bruit de l’eau qui court, la vallée change d’orientation et…
Des rapides !! partout, avec de l’eau !! les gorges sont revenus (et les mines sous marines, probablement héliportées pendant la nuit par la fédération française des gros mots qui voulait s’assurer que le cotât 2015 serait bien atteint), les plats sont vite suivis de petits rapides super agréables, ça va vite, c’est un régal, le parcours tout entier est une surprise, un appel au bivouac à chaque coin de rocher dans un cadre superbe de collines et de vallons
L’arrivée à Aurec est du coup assez rapide, je redoute qu’il soit arrivé malheurs à mon véhicule, saloperies de biens matériels qui nous pourrissent l’existence…
Je le retrouve à sa place et charge le canoé grâce à ma super technique de matelas qui glisse sur le toit !! (je vous montrerai)
Je prends le chemin du retour par la route touristique des Gorges, pour jeter un dernier regard… je m’aperçois que ma vision pourtant familière de cet endroit a changé, je repère des petites plages de loin, je reconnais les passages du matin… je me promets qu’en octobre, quand il y aura du jus…
Voilou, un week end (presque) sur l’eau !
a++
Ben
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