Test comparatif de 18 sacs de couchage -10–0°C
Test comparatif de 18 sacs de couchage légers, garnis de duvet, de température confort entre 0°C et -10°C
Pour le présent comparatif, nous avons testé 18 sacs de couchage destinés à des conditions plus froides (autour de -10°C), et pesant environ 1kg (soit les plus légers de cette gamme). Tous ces sacs sont garnis de duvet, et se situent entre les appellations « 3 saisons » et « 4 saisons », selon les fabricants.
Plus précisément, les critères sont :
Température confort entre 0°C et -10°C
Température limite entre -6°C et -16°C
et
Poids entre 0,95kg et 1,35kg (dans la taille testée)
Cet article présente les sacs de couchage testés de manière détaillée, ainsi que des explications pour.sa bonne lecture (notamment sur les normes de test des sacs de couchage et du duvet).
Les 18 modèles testés sont les suivants (classés par ordre croissant de poids mesuré, dans la taille testée) :
- Triple Zéro - Petit Astazou 600 FL
- Mountain Hardwear - Phantom 15
- Cumulus - Panyam 600
- Mountain Equipment - Helium 600
- Sea-to-Summit - Talus II
- Mountain Equipment - Xero 550
- Marmot - Pinnacle
- PHD - Hispar 600
- Therm-a-Rest - Altaïr
- Sierra Designs - Dridown Cal 6
- Valandré - Bloody Mary
- Warmth - GT II 750
- Rab - Neutrino Endurance 600
- Sir Joseph - Koteka 850
- Exped - Lite 900
- Mammut - Altitude EXP 3-seasons
- Yeti - VIB 800
- Millet - Expedition 6000
Vous trouverez dans CA n°33 un complément de test utile, avec :
- Le comparatif chiffré des 18 sacs de couchage, notés selon les critères de confort, qualité d’isolation thermique, finition, rapport chaleur/poids, rapport qualité/prix, ainsi que notre note globale (voir le diagramme ci-contre)
- Le résultat de notre mesure de « chaleur » des sacs au niveau du buste et des pieds (voir le diagramme ci-contre)
- Des descriptions et avis synthétiques sur les sacs de couchage testés
- Un article explicatif complet, avec des précisions sur la construction des sacs de couchage et leur utilisation, ainsi que la présentation de notre protocole de test
Voir la discussion associée. N'hésitez pas à partager votre expérience.
Isolation théorique du duvet
L’isolation thermique d’un sac de couchage est déterminée d’une part par le pouvoir isolant théorique du duvet qu’il contient, et d’autre part par sa qualité de construction.
La capacité d’isolation du duvet seul est estimée par son pouvoir gonflant (ou « cuin » – voir plus bas), qui détermine la quantité d’air qu’il pourra emprisonner.
Il est assez courant de multiplier le cuin par le poids de garnissage (en kilos), pour obtenir une première estimation de l’isolation théorique du duvet, que nous indiquons dans notre tableau comparatif.
Cette information est insuffisante à elle seule puisque cette valeur ne prend pas en compte la qualité de construction du sac de couchage (voir ci-dessous). De plus, il existe une incertitude sur le poids de duvet et surtout sur le cuin (± 5%, pour une même norme), et notons également que le résultat de ce calcul est indépendant de la taille du sac de couchage (alors que bien souvent la quantité de duvet est adaptée à la taille du modèle, pour assurer une isolation réelle semblable). Pour mieux faire, il faudrait rapporter cette valeur à la surface d’échange, difficile à évaluer.
On peut même, comme le proposent nos amis de Randonner-leger.org, calculer des températures théoriques moyennes d’utilisation des sacs de couchage, en fonction de cette isolation théorique. Nous avons également calculé ces températures indicatives, à prendre impérativement avec des pincettes, mais elles peuvent éventuellement fournir une indication supplémentaire, en tenant compte de tout le reste.
Construction du sac de couchage ou d'un vêtement en duvet
La construction du sac est un élément encore plus important que le duvet qu’on y met. Seul un sac bien construit permettra au duvet de vous offrir toutes ses capacités thermiques, en évitant les points froids. Les compartiments doivent avoir un volume optimisé pour que le duvet prenne tout son volume, tout en lui assurant un bon maintien pour éviter sa migration.
Les fabricants parlent d’ailleurs de « coupe différentielle » pour désigner la technique de fabrication consistant à adapter la différence de circonférence entre les tissus extérieur et intérieur, en fonction de la charge en duvet, et de son pouvoir gonflant. Signalons aussi que certains fabricants choisissent de répartir le duvet de manière différentielle entre les compartiments du dessus et du dessous (un rapport de l’ordre de 55/45 est fréquent ; un rapport de 60/40 est notable, et destiné à des sacs qui restent à plat, sous peine de perte d’efficacité thermique), ou bien augmentent le garnissage sur certaines zones (buste, pieds…). Tout cela ne peut être efficace qu’avec une coupe différentielle performante !
L’épaisseur des cloisons est également importante. Un sac aux compartiments « piqués travers » génèrera d’importants points froids, ce qui est également sensible sur un sac d’aspect boudiné, avec des cloisons peu épaisses (ce que l’on a pu vérifier avec notre thermomètre infrarouge).
Les principaux types de cloisonnement rencontrés sont :
- Le « piqué travers » ou « coutures traversantes » ou encore « coutures en X », mais les sacs de notre comparatif ne sont pas concernés (à l’exception du dos de l’Altaïr)
- Cloisons verticales, souvent appelées « cloisonnement en H » ou encore « H inversé », utilisées pour la quasi-totalité de nos sacs ; parfois, les cloisons sont légèrement inclinées (comme pour les Xero 550 et Helium 600)
- Construction trapézoïdale, censée apporter un meilleur maintien et une meilleure isolation (dans notre comparatif, seul le Panyam utilise cette construction)
- Une contruction hybride en double compartimentage : construction de rigueur pour des sacs destinés aux conditions extrêmes.
(images avec l'aimable autorisation de Rab UK)
Autres caractéristiques importantes : des petits compartiments permettent de mieux fixer le duvet, de même que des compartiments latéraux. D’une manière générale, la multiplication des compartiments est intéressante pour optimiser la répartition du duvet, mais le nombre de cellules joue aussi sur le poids, la complexité et donc le prix du sac. Le nombre de compartiments et l’épaisseur des cloisons sont donnés dans notre tableau comparatif.
La norme EN 13537 : évaluation de la température d’utilisation d’un sac de couchage
Enquête sur la norme EN 13537
Si la grande majorité des marques se réfèrent à ce standard pour indiquer la gamme d’utilisation de leurs sacs de couchage, tous les sacs ne sont pas testés par un laboratoire agréé, loin de là.
Dans le cadre de ce test, nous avons essayé d’en savoir plus, et avons demandé à tous les fabricants les rapports de test de leur sac de couchage (sauf aux 4 fabricants qui ne revendiquent pas ce test) !
Nous avons également enquêté sur le contenu de la norme elle-même (révisée en 2012), et sur des études scientifiques qui s’y rapportent.
Enfin, rappelons que la température d'utilisation est une notion très théorique, ne tenant pas compte de multiples facteurs, et que le meilleur sac de couchage ne vous protègera pas sans une isolation du sol adaptée (voir à ce sujet notre dernier test de matelas de sol).
Pour tout savoir sur la norme EN 13537:2012, consultez notre article dédié.
Rapports de test des sacs testés
Il n’est pas évident d’obtenir ces rapports de tests, malgré la garantie donnée aux fabricants qu’ils ne seront pas publiés. La publication de telles informations n’est pas courante, et les importateurs des marques n’en ont pas connaissance non plus. A croire que ça n’intéresse que nous ? Pourtant notre enquête a été riche en enseignements…
Nous avons indiqué dans notre tableau comparatif (avec un code couleur) quels sont les modèles dont nous avons pu lire le rapport de test, et si les rapports correspondent au produit ou sont extrapolés (les fabricants ne testant souvent que certains modèles de leur gamme, ou des prototypes…).
Signalons également que parmi toutes les marques dont nous avons déjà testé des sacs de couchage dans nos pages (voir la liste des fiches Expemag), Valandré est la seule marque à publier un extrait du rapport de test EN 13537 pour tous ses modèles. On apprécie la transparence de la marque française, quand beaucoup de fabricants entretiennent le flou sur les modèles réellement testés par un laboratoire agréé.
Pouvoir gonflant et labels du duvet : cuin, ratio duvet-plumes, espèces
Cependant, de nombreuses normes existent pour la mesure du cuin, qui ne sont pas toutes équivalentes. Pour les sacs qui nous concernent, les normes référencées sont celles de l’IDFB, la norme européenne EN 12310, et l’ancienne norme US.
De même, les fabricants indiquent souvent d’autres labels : ratio duvet/plumes (par exemple 90/10, 95/5…), et espèces utilisées (par exemple « duvet de canard », « pur duvet d’oie »…).
Là encore, ces labels peuvent désigner des valeurs significativement différentes selon les standards européen et américain…
Pour tenter d’y voir plus clair dans toutes ces normes, nous avons demandé à tous les fabricants les rapports de test du duvet utilisé dans les sacs testés. Nous avons également enquêté sur le contenu des normes, et questionné l’IDFL, laboratoire de référence dans le domaine.
Nous avons indiqué dans notre tableau comparatif la norme de mesure du cuin annoncée par les fabricants et quels fabricants nous ont fourni leur rapport de test du duvet utilisé. Nous avons également tenté d’uniformiser les données issues des différentes normes pour mieux comparer l’isolation théorique, les températures calculées, et le rapport duvet/plumes, pour les sacs testés.
Pour en savoir plus sur les normes de mesure du fill power et les labels du duvet, consultez notre article sur le duvet.
Ethique et contrôle qualité
Il nous a paru également intéressant de rassembler des informations sur les conditions de production des duvets, demandées aux marques ou publiées sur leur site web (voir notre tableau comparatif). Les fabricants communiquent plus ou moins sur le sujet, ce qui est révélateur de l’intérêt qu’ils y portent. Certains imposent à leurs fournisseurs un cahier des charges qualité, et vont jusqu’à les faire auditer par un organisme indépendant.
Mention spéciale pour Mountain Equipment et son label « Down Codex » pour la traçabilité et le contrôle qualité : en indiquant sur le site du Down Codex le numéro inscrit sur votre sac, vous saurez tout des conditions de production de votre duvet, et aurez accès au rapport d’audit qualité/éthique de l’IDFL !
A priori, aucun duvet de notre test n’est arraché sur des animaux vivants, ce qui reste heureusement une pratique assez rare (concerne 2% du duvet produit selon l’IDFL).
La plupart du temps, le duvet et les plumes sont des sous-produits de l’industrie alimentaire, ce qui en fait une production plutôt écologique, puisque les animaux ne sont pas élevés pour leur plumage. Les animaux doivent également être élevés en liberté, avec accès à l’eau, avec une nourriture de qualité (mais non gavés), pour des raisons éthiques mais aussi de qualité du duvet produit.
Autres paramètres très importants : les conditions de prélèvement et de traitement rapide du duvet après récolte, et la maturité de l’animal. Notez que l’industrie alimentaire, elle, préfère des animaux jeunes et tendres, sauf l’industrie du foie gras…
Notre protocole de test
Nous sommes deux testeurs à avoir dormi plusieurs fois dans tous les sacs de couchage. Nous permutions systématiquement les sacs au cours de la nuit, de manière à pouvoir échanger nos avis à chaud, et à consigner ceux-ci dans un rapport de test, avec des notes associées. Toutes ces informations ont ensuite été concaténées et approfondies.
Nous avons également mis en place un protocole de test objectif pour évaluer la « chaleur » de tous les sacs de couchage, de manière indépendante et reproductible, en utilisant un mannequin « maison » et deux bidons d’eau chaude à environ 75°C, l'un au niveau du buste, l'autre au niveau des pieds (photo ci-contre). C’est le même principe de calcul que pour le test du congélateur de notre récent test de gants de montagne chauds (une Pom'Potes jouant le rôle du bidon). Notre protocole est expliqué plus longuement dans Carnets d'Aventures n°33.
Dans CA n°33, vous retrouverez les résultats de ce test de chaleur (mesurée au niveau du buste et des pieds), ainsi que la notation des sacs selon les critères suivants :
- Confort
- Qualité d’isolation thermique (par construction)
- Finition
- Rapport chaleur/poids
- Rapport qualité/prix
Acronymes
IDFB : International Down and Feather Bureau, association internationale représentant l’industrie du duvet et de la plume, et qui propose les normes de test (equivalent équivalent européen : EDFA, European Down and Feather Association)
IDFL : International Down and Feather Laboratory, laboratoires de test, de recherche, et d’audit, sur la qualité du duvet et de la plume, mais aussi des garnissages synthétiques et textiles
Remerciements
Merci aux fabricants, et aux sociétés qui les représentent, pour leur participation à ce test, et pour avoir supporté le flot de questions pour notre enquête.
Sur les 25 marques contactées pour participer à notre test comparatif, 17 ont joué le jeu !
Merci à l’IDFL pour l’intérêt qu’elle a porté à notre enquête, et pour ses réponses précises.
Merci aussi à Aventure Nordique pour son aide à la fourniture de certains sacs de couchage.
Merci enfin à tous ceux qui ont contribué à ce test en donnant leur avis constructif.
Les modèles testés
Les 18 modèles testés sont listés ci-dessous, du plus léger au plus lourd : cliquez sur une photo de sac de couchage pour accéder à la fiche associée.
Lire aussi le tableau comparatif des 18 sacs de couchage testés (ci-contre) pour en connaître toutes les caractéristiques.
Quelques photos de groupe sont ajoutées ci-dessous, notamment pour comparer les volumes dans les sacs de transport fournis par les fabricants...