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Kayak de mer

par Johanna dans Voyager sur l'eau 12 sept. 2007 mis à jour 12 juin 2019 140044 lecteurs 12 commentaires
Lecture 18 min.

Voyager au fil de l'eau

Texte et photos : Olivier Nobili

Kayak de mer

Navigation dans les Kornati en Croatie

Un numéro spécial de Carnets d'Aventures est sorti sur le voyage sur l'eau (kayak, canoë, cata...) avec de nombreux articles techniques et plusieurs récits : Carnets d'Aventures n° 20

Voir aussi l'article "Comparatif kayaks de mer"

Voyager en kayak de mer

 

Table des matieres
Mon kayak ma liberté
Kayak pratique
Type de voyage en kayak
Les différents types de kayaks
Unités de mesure
Associations de kayak de mer
La pêche

  

Mon kayak, ma liberté

Le monde totalise des centaines de milliers de kilomètres de côtes, sans compter les autres centaines de milliers de kilomètres de rivières, de fleuves et de lacs. Autant dire qu'il y a de quoi se balader avec une petite embarcation à rame et qu'on n'est pas près d'en avoir fait le tour. Le kayak constitue un formidable outil de découverte et de liberté.

Le volume de chargement élevé autorise une excellente autonomie ; de l’ordre d’une dizaine de jours entre deux approvisionnements en eau douce. De plus, en s'organisant bien, on peut charger du matériel pour une activité annexe (montagne/escalade…). Pouvoir naviguer abstrait le kayak des structures humaines, contrairement au cycliste (et au marcheur dans de nombreux milieux) qui doit souvent se contenter de circuler sur des chemins existants. On navigue partout, même dans les endroits les plus sauvages, les plus reculés. Le cap Horn a déjà été franchi en kayak. Même dans les zones habitées, le kayak permet de se rendre sur des portions de littoral accessibles seulement par la mer. Le milieu marin lui-même ajoute un paramètre de complexité et d'intérêt au voyage en kayak de mer car, en plus des variations du paysage côtier, on navigue sur un milieu changeant ; suivant la météo par exemple, une étape sans vent et sans vague n'aura rien à voir avec la même étape par force 5 et houle de 2 mètres.
Le kayak se faufile partout, dans chaque recoin de côte, mais est capable aussi de naviguer en pleine mer. Attention cependant, la mer est un milieu difficile et il faut acquérir quelques compétences de marin avant de prévoir une randonnée au long cours.

Kayak de mer
Rangement de tout le matériel et la nourriture dans les caissons. Croatie

  

Kayak pratique

Type d'étape (vitesse/distance)

En kayak on fait généralement des étapes journalières de 10 à 30 milles nautiques soit de l'ordre de 15 à 50 km (dans la mesure où le kayak se situe à mi-chemin entre la randonnée et la navigation, nous utilisons invariablement kilomètre et mille nautique). Il est très abordable de tenir les 15 milles par jours avec un kayak rigide, même pour les personnes peu entraînées. 30 milles quotidiennes demandent une bien plus grande habitude, des conditions favorables et des bras entraînés. Il existe quelques mutants qui font encore plus… En navigation tranquille, en comptant les petites pauses et par météo clémente, on peut tabler sur du 5 km/h de moyenne sur la journée avec un rigide. On peut tenir une moyenne haute de 6 à 7 km/h avec de l'entraînement et monter jusqu'à 10 km/h sur de courtes périodes en cas de nécessité, bien entendu tous les kayaks ne sont pas égaux en ce qui concerne la vitesse et l'énergie qu'il faut déployer pour les faire avancer. D'une manière générale, un kayak fin et long ira plus vite mais sera moins stable qu'un kayak plus large. Ce dernier sera, en revanche, plus sécurisant mais il faudra appuyer sur la pagaie pour le faire avancer.
Plusieurs facteurs peuvent déterminer le parcours du kayak, certaines côtes rocheuses sans plages de galets ou de sable sont problématiques. Les longues plages rectilignes où brisent les vagues rendent ardu le débarquement et la mise à l'eau. Il faudra dimensionner les étapes (voire le voyage) en fonction de ces paramètres ; de même, une météo favorable est obligatoire avant de s'engager dans une longue section sans zone de débarquement.

Pagaie

Pour le voyage, il est conseillé de prendre une pagaie qui a une pale de petite surface et plutôt longue. Vos articulations seront moins sollicitées et la pagaie sera mieux adaptée à un effort d'endurance. Pour préserver vos tendons, mieux vaut choisir un manche souple. Une rafale peut vous arracher la pagaie des mains : pensez à attacher la pagaie au pont du kayak (leach), une drisse élastique est agréable à l'usage. Ne pas oublier d’emporter une pagaie de secours démontable facilement accessible sur le pont (une pour le groupe, si vous êtes plusieurs, peut suffire).

Stabilité

Pour beaucoup, kayak signifie instabilité, on croit qu'on va forcément se retourner dès qu'une vague nous effleure. En fait, les kayaks de randonnée sont stables et pour certains même très stables ; il est possible de remonter à bord, en mer, sans aide extérieure dans son kayak. Cela est vrai pour un bon nombre de kayaks (Skyros, Bélouga 1 et 2, Laser, Miwok, Kodiak, et même Catchiky chargé avec un peu de technique (mer pas trop formée pour ce dernier), la liste n'est pas exhaustive). On peut se tenir debout dans l'hiloire (trou d'homme) de certains. Même ceux qui sont plus fins, et donc moins stables, s'apprivoisent assez rapidement (nous parlons ici de kayak de randonnée ; les kayaks de mer de course sont nettement plus instables !). L'esquimautage n'est pas forcément une technique à maîtriser avant de partir en voyage avec un kayak (l'esquimautage avec un kayak très chargé est de toutes façons délicat). Mieux vaut connaître les techniques de sécurité de groupe. Quelques clubs/associations en France (voir plus bas) peuvent vous fournir les bases de la sécurité.

Kayak de mer
Kayak Plasmor bélouga 2, très stable

Chargement

Les kayaks de randonnée ont de grosses capacités de chargement. Il faut, dans la mesure du possible, mettre les éléments les plus lourds au plus près du centre de gravité du kayak (vers le pagayeur) et le plus bas possible. Veiller également à équilibrer grosso modo la charge latéralement (il y a tout de même une certaine marge). Ensuite, l'organisation des caissons se fera avec bon sens et en fonction de divers paramètres (charger plus lourdement un équipier plus performant, mettre des éléments étanches dans un caisson pas parfaitement étanche…). Mettre le moins de choses possible sur le pont, la prise au vent est très gênante voire dangereuse lorsqu'il devient fort.

Comportement au vent

Le comportement d’un kayak au vent est rarement neutre. Avec du vent de travers, le kayak aura soit tendance à remonter au vent (on dit qu'il lofe ; tendance à mettre le nez au vent), soit à se mettre plus « cul au vent » (dans ce cas, on dit qu'il abat). Cela est dû à la position du centre de gravité, de la surface exposée au vent et de la forme de la carène (la surface dans l'eau). Si un kayak lofe, il faudra a priori charger plus son arrière ; s'il abat, on mettra plus de poids à l'avant. Un bateau qui lofe ou qui abat trop est vite fatiguant. La dérive et le gouvernail permettent de pallier ce problème.

Gouvernail

Le gouvernail est très agréable et confortable – on s'abstrait des problèmes de lof ou d’abattée – surtout pour les longues randonnées. Il permet de réduire nettement le déséquilibre latéral (musculaire, articulaire ou tendineux)  qui deviendrait gênant sur une étape de plusieurs heures avec un vent de travers. Le gouvernail facilite par ailleurs les manœuvres ; c’est encore plus appréciable sur un kayak biplace, plus long et moins manœuvrant.
On contrôle le gouvernail avec des pédales. Penser à le relever avant d’accoster ou en passant sur des hauts-fonds pour éviter de l’abîmer ou, pire, de le briser.

Kayak de mer

Dérive

La dérive permet aussi de pallier des problèmes de positionnement du kayak par rapport au vent. On travaille sur les appuis dans l'eau. Une dérive réglable permet de trouver la surface la plus adaptée pour contrer la tendance du bateau. Si le bateau lofe, on sort la dérive ; si on la sort complètement, le bateau peut abattre car il sera très « ancré » de l'arrière, il faut donc trouver le juste positionnement pour que le kayak ait un comportement neutre. De nombreux kayakistes utilisent leur dérive de manière binaire (entièrement mise ou entièrement sortie), mais il est possible de l’utiliser plus finement.

Voile

On peut mettre des voiles sur les kayaks de mer ; plusieurs types de gréement existent
- la forme en éventail, facile à mettre en place et à enlever, efficace pour les vents portants.
- Un gréement traditionnel avec mât, un peu plus complexe mais plus efficace.

Kayak de mer
Kayak Plasmor bélouga sous voiles, expédition KayakAfrika

Kayak de mer
Kayak démontable Klepper Aerius sous voiles sur le lac de Serre Ponçon

Matériel de sécurité

- Gilet
- 10 mètres de bout de 5 mm minimum
- Miroir de signalisation
- Fusées éclairantes
- Sifflet ou corne de brume
- Compas ou boussole
- Pagaie de secours démontable
- Cartes
- Vêtements adaptés aux conditions
- Lampe étanche
- Lampe flash (des lampes existent avec les 2 fonctions)
- Bâton cyalume
- Un moyen de vider le kayak : pompe, écope et au moins une éponge
- Réserve d'eau de 2 litres minimum, accessible
- Trousse de secours
- Éventuellement un paddle float (sorte de bouée qui se fixe sur la pagaie et qui permet de réintégrer son kayak quand on a chaviré et qu'on est tout seul)
- Éventuellement un GPS
- Éventuellement, une VHF, étanche ou placée dans une pochette étanche
- Si vous traversez des zones à fort trafic maritime, vous pouvez mettre un petit réflecteur radar sur votre pont

  

Type de voyage

Si vous ne connaissez pas l'endroit, renseignez-vous sur les côtes que vous comptez parcourir. Un premier outil très utile est Google Earth, ce logiciel gratuit permet de visualiser (photos satellites) avec une précision intéressante (variable en fonction de la région) les côtes du monde entier. On peut même voir briser les vagues sur les sections où les photos disponibles sont très précises. Il est facile de relever les points pour les rentrer dans un GPS, une version payante de ce logiciel permet d'interfacer directement le GPS.

Kayak de mer
Kim Hafez et son chien Unghalak lors de leur voyage de quatre années dans le Grand Nord

Mers froides

Le kayak de mer prend son origine dans les mers froides du Grand Nord. De nombreuses personnes abordent les régions boréales avec cette embarcation. Il faut un équipement spécifique pour ces navigations, chaud et étanche. Certains isolent même la coque de leur kayak pour mieux supporter le froid. Les destinations du froid sont en général beaucoup plus sauvages que les zones aux températures plus clémentes, on y voit plus de faune (hors poissons) (phoques, morses, ours, nombreux oiseaux migrateurs…). Les côtes de Norvège, du Groenland, du Spitzberg, des Aléoutiennes, du Canada (est et ouest), de l'Alaska, du Chili ont été parcourues en kayak de mer (certaines de ces destinations l'ont été seulement partiellement à notre connaissance). La liste est loin d'être exhaustive. En mers froides, on peut citer la grande épopée de Kim Hafez : départ d’Essonne en mars 2000 à bord d’un kayak de mer biplace avec son chien Unghalak, pour un long périple dans le Grand Nord. La Manche, la Mer du Nord, la Baltique, la Laponie finlandaise, la Mer de Barents, le Cap Nord puis la Norvège et ses nombreuses îles, ils poursuivent ensuite au Groenland puis au Canada. Un magnifique voyage de quatre années dont le récit est paru aux éditions Transboréal sous le titre « Nomade du Grand Nord » ; voir aussi Carnets d’Expé n°4 et 5.

Mers chaudes

Le kayak en mer chaude a comme avantage, par rapport à la plupart des autres moyens de progression sans moteur, d'être naturellement multi activités : alors qu'à pied ou à vélo, on consacre sa journée exclusivement à son activité, en kayak on s'arrête pour nager, le soir au bivouac on nage encore, on observe les fonds avec son masque, on pêche ou on pratique la chasse sous-marine. De plus, les jambes sont en bon état après l'étape et on peut encore faire une balade à pied. Par ailleurs, le matériel pour le froid n'étant pas utile, on a plus de place dans les caissons (cependant, il faut en général mettre à profit une partie de cette place pour l'eau douce).
Voici quelques exemples de navigation en mer chaude :
KayakAfrika : expédition ethnographique en cours. Xavier Van der Stappen est en train de longer le littoral africain dans le but de faire un travail ethnographique sur les populations côtières. Il a déjà parcouru les côtes marocaines, mauritaniennes et le nord du Sénégal ainsi qu'une partie du fleuve éponyme. Plus d'infos sur www.cultures-com.org/ et dans Carnets d'Expé n°5 pour le Maroc et Carnets d'Aventures n°1 pour la Mauritanie.
Les Tuamotu, essaimages d'îlots coralliens du Pacifique Sud, ont été parcourus par Karin Huet et Roger Salou sur 1000 kilomètres pendant près de 6 mois. Entre les atolls, ils ont fait des traversées hauturières, la plus grande faisant 81 km (effectuée en 12h30 dont 2h30 sous voile). « À même la mer », le récit de leurs aventures est paru aux éditions Glénat.
Cap sur l'Afrique : périple, réalisé par la rédaction de ce magazine (Olivier et Johanna Nobili) et Stéphane Égly, qui a consisté à traverser la Méditerranée au départ de l'Europe continentale, en passant par la Corse et la Sardaigne pour atteindre enfin les côtes de Tunisie. Le parcours de plus de 1100 km a été accompli en 55 jours durant l'été 2003. La plus grande traversée faisait 165 km et a nécessité 42 h de rame non-stop (vent défavorable). Plus d'infos sur le carnet MyTrip et dans le n°1 de Carnets d'Expé.

Kayak de mer
Petite pause apnée dans les belles eaux claires Croatie

Kayak de mer
La mer s'est levée, Golfe d'Orosei, Sardaigne (expédition Cap sur l'Afrique)

Météo

Dans de nombreux endroits du globe, le temps change vite ; la mer et le vent peuvent devenir très forts en très peu de temps. C'est pourquoi il faut avoir une source de prévision météo : baromètre de poignet, radio, VHF, bulletins affichés sur les capitaineries, infos glanées en croisant les marins ou plaisanciers et, la plupart du temps, un mélange de tout cela.
Le vent
Suivant le type de kayak, on sera limité par un vent plus ou moins fort. Ainsi, avec un gonflable, on commence à « lutter » avec du « force 3 », alors qu'avec un rigide on aura plus de marge. Un vent force 5 demande de la technique sur un rigide ponté. À partir de force 5, il est plus sage d'attendre l'accalmie. La difficulté liée au vent dépend aussi de sa nature. Selon s'il vient de terre ou de mer, l'état de la mer sera bien différent ; de même s'il s'agit d'une brise ou d'un vent météo. On peut schématiser de cette façon :
Vent météo de mer = houle 
Brise de mer = mer moins marquée
Vent de terre = danger de se retrouver envoyé en mer ; de plus, ce vent est en général plus rafaleux, car influencé par le relief, ce qui peut déstabiliser le kayakiste.
Les vagues
Elles sont levées par le vent qui souffle sur l'eau. La viscosité entre eau et air est à l'origine des mouvements d'eau qui donnent naissance aux vagues. On déduit de cela que plus la distance de mer parcourue par le vent est grande et plus les vagues seront grosses (toutes choses égales par ailleurs). Des côtes bordant des océans vont donc être plus sujettes à de fortes houles, même sans vent (le coup de vent aura eu lieu à des centaines de kilomètres). Le choix de la destination de voyage doit se faire en ayant conscience de ce paramètre. La Méditerranée est moins sujette aux fortes houles ; en tous cas, elles s'arrêtent vite après les coups de vent. La houle longue, même si elle a une grosse amplitude verticale, est en général peu gênante pour la navigation car la pente de la vague est faible. Ce sont les vagues courtes, abruptes, croisées, générées par le ressac, le vent local, les hauts-fonds et les courants qui sont plus déstabilisantes.
La marée
De nombreuses régions du monde sont influencées par la marée ; on peut avoir des variations énormes de hauteur d'eau. On débarquera et embarquera à marée haute pour éviter de traîner le kayak sur de grandes distances. La marée génère des courants et il faudra en tenir compte dans la navigation pour ne pas lutter contre lui mais au contraire se faire aider. Les courants s'inversent quand la marée monte ou descend. Quand les fonds descendent doucement, la marée modifie énormément le dessin des côtes entre marée basse et marée haute et cela peut-être assez déstabilisant pour se repérer.
Le courant
Il peut être généré par la marée, mais aussi par le vent qui souffle de manière régulière au niveau d'un détroit, d'un cap… Le courant peut aussi exister au voisinage des rivières et fleuves qui se jettent dans la mer. Les courants de marée peuvent être très violents, surtout lorsqu'une grande quantité d'eau se voit encadrée par des côtes (fjords, fleuves…). Des courants sont aussi générés par les vagues ; globalement, les masses d'eau jetées sur les plages ou par-dessus les barrières de corail vont retourner à la mer générant un courant vers le large ; près des plages, ce courant est en général localisé sur un secteur ; pour les barrières de corail, le courant ressort par les passes. Localement, le courant peut être plus rapide que la vitesse de progression du kayakiste. Il est à noter que s'il va à l'encontre des vagues, il les rend beaucoup plus abruptes et donc plus dangereuses pour le kayakiste.

  

Les divers types de kayaks

Voir aussi les articles "Comparatif kayaks de mer" et "comparatif kayaks gonflables"

Kayaks rigides

Les kayaks rigides sont d'une manière générale les plus marins. Ils filent bien sur l'eau et peuvent être très longs  ce qui leur permet de mieux glisser dans l'eau. Le choix de la matière du kayak est un sujet « difficile », qui fait l'objet de nombreux débats et aussi d'un certain intégrisme.

- Kayak en fibre

La fibre présente l'avantage d'être légère et rigide, cela donne des bateaux performants. Le gel-coat est cependant fragile et il faudra être soigneux et ne pas traîner le kayak comme un « sauvage » sur la plage. Cela dit, il est possible de refaire le gel-coat en cas de besoin. On peut aussi facilement réparer de manière efficace, avec des kits de réparation fibre+résine. La fibre la plus utilisée pour fabriquer des kayaks est la fibre de verre, mais on peut utiliser des fibres kevlar carbones qui donnent des kayaks très légers et très rigides et… très chers (attention, rigide ne veut pas dire solide). Les compartiments sont en règle générale bien étanches sur ces kayaks.
On peut envisager de transporter un kayak en fibre par le fret mais cela revient cher ; le kayak risque en plus d’être abîmé dans le transport, et cela peut prendre beaucoup de temps suivant la destination.
Exemple d'expé en kayak en fibre : les Tuamotu par Karin Huet, KayakAfrika, la grande odyssée de Kim Hafez…

Kayak de mer
Kayak en fibre de verre, Croatie (Plasmor bélouga 2)

- Kayak en polyéthylène

Le polyéthylène permet de faire des kayaks sérieux et beaucoup moins chers que leurs frères en fibre. Ils sont aussi plus compréhensifs dans le sens où ils ne feront pas trop la tête si vous les malmenez en les frottant sur les rochers ou lorsque vous les tirez sur une plage de galets abrasifs. D'un autre côté, ils vieillissent un peu moins bien (ils deviennent un peu plus cassant avec le temps et les UV) et sont difficilement réparables. On peut réparer les petites avaries avec un réchaud et du polyéthylène (éventuellement des morceaux de plastique ramassés sur une plage), mais ce n'est pas forcément très aisé suivant l'emplacement ; les grosses avaries sont quasi irréparables. Les « polyeth » sont censés être un peu moins rapides que les fibres, mais pour avoir une vraie idée sur la question, il faudrait faire le test avec les mêmes coques dans les deux matières. On peut dire qu’en général, les polyéthylènes ont des coques plus « grand public », c'est à dire plus stables et donc moins rapides qu'un kayak aux formes radicales en fibre. Les cloisons ne sont pas toujours très étanches sur les « polyeth » (l'eau peut circuler au niveau des cloisons, entre le trou d'homme et les compartiments). Attention, pour les biplaces, le polyéthylène étant plus souple que la fibre, on ne peut pas vraiment fabriquer de kayak long ; du coup, les biplaces sont un peu patauds et l'étanchéité des cloisons sera probablement difficile à conserver.
Pour le transport, même problème que pour les fibres ; le risque de casse est moins élevé du fait de la souplesse du polyéthylène.
Exemples d’expé en kayak en polyéthylène : Mike Horn durant Arktos, Cap sur l'Afrique

Kayak de mer
Kayak en polyéthylène, Corse, expé Cap sur l'Afrique (Rainbow Laser)

- Kayak en bois

De bien jolis kayaks sont construits en bois. Mais là, on entre dans le domaine des passionnés. Nous n'avons jamais navigué avec ces kayaks et nous ne pouvons donc pas en dire grand-chose si ce n'est que c'est « classe » un kayak en bois…

Kayak de mer
Kayak en bois de la société Kaeva (qui a fermé depuis...)

- Sit-on-top

Voici donc le rigide le plus abordable, le sit-on-top ; il cartonne au niveau des ventes ce kayak-là parce qu'il respire le facile. Voyager avec un sit-on-top ? pourquoi pas, certains crieront au sacrilège, pas moi. C'est vrai que c'est moins bien en navigation, mais ça navigue et on peut les charger (attention à la prise au vent). Naturellement, les zones ventées ne sont pas pour cette embarcation, mais un itinéraire mixte rivière / mer  tranquille lui ira bien.

Kayak de mer
Sit-on-top, Corse (Rotomod Ocean)

Kayaks démontables

En matière de démontable, il existe toutes sortes d'hybrides. Nous allons aborder ici seulement les armatures bois ou alu + toile qui ont fait leurs preuves. Ces kayaks sont marins, gros porteurs, et surtout transportables en avion. Ils existent en mono et biplace. Ils sont pontés et peuvent donc naviguer en mer formée. L'armature si elle est très sollicitée peut se rompre partiellement, Il faut donc éviter de descendre une rivière tumultueuse avec un kayak chargé. Sinon, ce sont de bons bateaux destinés à l'aventure. La plupart des grandes expéditions lointaines dans les zones reculées ont utilisé ces kayaks. Leur inconvénient principal réside dans le prix.
Exemple d'expé ayant utilisé des pliants : Antoine Maussion sur les côtes d'Alaska, Eric Petitalot en Alaska également, les frères Vernay un peu partout dans l'Arctique (voir Carnets d'Aventures n°2).

Kayak de mer
Kayak démontable (pliant ; Klepper Aerius)

Kayaks gonflables

Le gonflable de qualité est un nouveau venu sur le marché. Les toiles utilisées actuellement (type hypalon) sont très résistantes. Tout en étant robustes, ces kayaks restent légers et se transportent extrêmement facilement. Bien entendu, ils sont plus difficiles à charger puisque l'espace est pris par les boudins qu'on ne peut remplir de matériel. Il faudra donc faire attention à la prise au vent et naviguer dans du temps maniable. La pression d'air élevée confère une certaine rigidité au kayak, mais ses performances (vitesse) sont tout de même nettement inférieures aux autres solutions. Reste que pour mettre dans un avion ou même transporter à pied sur une étape « terrestre », il n'y a pas mieux.
Exemple d'expé : Hervé Bouty, pour son expédition « Plein Est », est parti de chez lui avec un Carrix (voir dossier Voyager à pied dans ce numéro) et un gonflable monoplace. Lorsqu'il le peut, il navigue le long des côtes ou sur les fleuves et quand la marche s'impose, il dégonfle son kayak, remonte son Carrix et le charge dessus. Il est allé, de cette manière, de Toulon à la Mer Noire.

Kayak de mer
Kayak gonflable (Gumotex Solar 405)

  

Unité de mesures

Distance : le mille nautique fait 1852 mètres. Un mille nautique correspond à une minute d'angle (cela est vrai en latitude mais pas en longitude où 1 minute d'angle (en longitude) est égale à 1 mille nautique seulement au niveau de l'équateur ; dans les plus hautes latitudes, 1 minute de longitude représente une distance inférieure à 1 mille). Sachant cela, on peut calculer la circonférence de la terre. On a donc 360° soit 360x60 minutes = 21 600 minutes d'angle, ce qui représente 21 600x1852 = 40 003 200 m soit environ 40 000 km, voilà un scoop !
Vitesse : le nœud. 1 nœud = 1 mille/heure

Kayak de mer

  

Associations kayak de mer

CK/Mer (Connaissance du Kayak de Mer) qui édite régulièrement un bulletin très agréable à lire avec des récits de randonnées en kayak et des articles techniques (www.ckmer.com). L'association édite également un CD regroupant ses 100 premiers bulletins classés par thèmes, une mine d'informations sur les techniques du kayak de mer et les destinations.
Pagayeurs marins (www.pagayeursmarins.org)
Le kayak de mer dans le nouveau monde pour le Québec (www.kayakdemer.net)

Littérature
En France la librairie spécialisée « Le Canotier » (www.canotier.com) permet de trouver à peu près tous les livres de canoë et de kayak qui existent.

Kayak de mer

  

La pêche

Il est facile de traîner derrière un kayak, il ne faut donc pas hésiter à mettre un poisson nageur ou une mitraillette. Et puis, un peu de persévérance devrait porter ses fruits (de mer). On peut aussi se poster au niveau d'un cap pour lancer une ligne avec appât, ou faire nager un leurre. Cela complétera bien vos vivres. Il est possible dans les zones poissonneuses de couvrir une bonne partie des besoins en pêchant, ce qui augmente en conséquence votre autonomie.

Kayak de mer

Monoplace (en polyéthylène) à gauche, biplace démontable à droite
Monoplace (en polyéthylène) à gauche, biplace démontable à droite

Mono / biplace

Le kayak monoplace donne de l’autonomie et de l’indépendance ; il offre deux caissons par personne, de plus ceux-ci sont en général plus gros que ceux d’un biplace. Le monoplace est plus maniable, plus joueur.
Le biplace va vite, l’énergie de 2 pagayeurs pour un gabarit de kayak pas énormément plus grand fait la différence. Il est souvent très stable et rassurant. Il permet aussi de lisser les disparités de niveau : un pagayeur peu puissant associé avec un plus énergique ne ralentira pas beaucoup le biplace, alors que s’il se trouvait dans un monoplace il pourrait ralentir le groupe (ce qui en soit n’est pas très grave mais qui peut devenir délicat en conditions difficiles). On peut mettre une personne blessée (ou fatiguée) ou un enfant dans un biplace (pour toutes ces raisons, un biplace peut être bienvenu dans un groupe de kayakistes). Kim Hafez y a même mis son chien pour parcourir des milliers de kilomètres de France jusqu’en Norvège et au Groenland...
Un biplace revient moins cher que 2 mono, et, en dehors de la longueur, il prend aussi moins de place de stockage. En revanche, le biplace est plus lourd (moins facile à charger/décharger sur un véhicule, accostages plus complexes en conditions difficiles, plus pénible de le remonter sur la plage le soir venu, etc.). Volume de chargement un peu limite pour 2 personnes.

Comme expliqué plus haut, attention, pour les biplaces en polyéthylène : ce matériau étant plus souple que la fibre, on ne peut pas vraiment fabriquer de kayak long ; du coup, les biplaces en polyéthylène sont un peu patauds (moins rapides, plus d'énergie perdue en déformation), et l'étanchéité des cloisons peut être difficile à conserver (manque de rigidité des intercaissons : déformations mécaniques. Nous avons constaté un manque d'étanchéité des 2 intercaissons du biplace Rainbow Atlantis que nous possédions), et ce malgré la présence dans certains biplaces de barres de rigidification (dans l'Atlantis par exemple).

Biplace en fibre (Plasmor Belouga 2 dans les îles Sporades en Grèce), quasiment 6m de long, un kayak bien rigide et qui va vite !
Biplace en fibre (Plasmor Belouga 2 dans les îles Sporades en Grèce), quasiment 6m de long, un kayak bien rigide et qui va vite !
Biplace en fibre (Plasmor Belouga 2, côte ouest de la Sardaigne)
Biplace en fibre (Plasmor Belouga 2, côte ouest de la Sardaigne)
Biplace en polyéthylène (Rainbow Atlantis, Croatie) 5,45m et moins de rigidité qu'un kayak en fibre (malgré les bandes de rigidification), un kayak moins "efficace" et avec un volume de stockage peu important.
Biplace en polyéthylène (Rainbow Atlantis, Croatie) 5,45m et moins de rigidité qu'un kayak en fibre (malgré les bandes de rigidification), un kayak moins "efficace" et avec un volume de stockage peu important.
Biplace démontable (Feathercraft Klondike) : biplace avec petite place enfant (qui ne pagaie pas) au milieu, fermable par une jupe en utilisation biplace
Biplace démontable (Feathercraft Klondike) : biplace avec petite place enfant (qui ne pagaie pas) au milieu, fermable par une jupe en utilisation biplace
Le Klondike utilisé en 2 places + 1 enfant (qui ne pagaie pas) (Croatie, île de Cres)
Le Klondike utilisé en 2 places + 1 enfant (qui ne pagaie pas) (Croatie, île de Cres)

Trou d’homme / hiloires

Forme de l’hiloire principale (trou d’homme) : il existe globalement 3 formes d’hiloire, la grande*, la petite et l’hiloire en trou de serrure. La grande est la plus confortable et sécurisante (plus facile de s’extraire du kayak en cas de dessalage, ou de le réintégrer après, extraction plus rapide lors d’une arrivée sur une plage à rouleaux, etc.), elle sera souvent la solution par défaut des grands gabarits. La petite hiloire est la plus traditionnelle, elle laisse de la place à un large pont ce qui permet de poser une carte par exemple. Elle est plus marine ; la jupe, plus petite, offre moins de prise aux paquets de mer ; en revanche elle demande davantage de pratique du kayak de mer, de sérénité et de souplesse… L’hiloire en trou de serrure est un compromis très intéressant entre ces deux solutions (moins de surface exposée à la mer et confort).
* à l’usage on dit plutôt un hiloire mais le dictionnaire dit que c’est féminin alors…

Hiloire en trou de serrure (Pétrel Tempest)
Hiloire en trou de serrure (Pétrel Tempest)
Hiloire en trou de serrure (Plasmor Kialivak)
Hiloire en trou de serrure (Plasmor Kialivak)
Différents types d'hiloire : grand sur tous les kayaks, trou de serrure sur le Pétrel Tempest (le 3e en partant de la gauche)
Différents types d'hiloire : grand sur tous les kayaks, trou de serrure sur le Pétrel Tempest (le 3e en partant de la gauche)
Un petit hiloire (ici sur un Plasmor Catchiky) oblige à une installation plus technique (en 2 temps)
Le est our
Un petit hiloire (ici sur un Plasmor Catchiky) oblige à une installation plus technique (en 2 temps)
Le est our
Installation dans un petit hiloire (insertion, puis on laisse glisser les jambes, puis on pose les fesses)
Installation dans un petit hiloire (insertion, puis on laisse glisser les jambes, puis on pose les fesses)

Les fermetures des hiloires de caissons (jupe ou couvercle)

2 systèmes principaux existent. Les jupes néoprène recouvertes d’un cache et le couvercle.
La première solution donne des kayaks un peu plus jolis car le cache peut être de la couleur de la coque, le problème c’est que c’est bien plus long à ouvrir et surtout à refermer (notamment quand les jupes perdent de leur souplesse avec le temps), du coup on n’a pas envie d’aller chercher quelque chose au fond d’un caisson.
Le couvercle est la solution qui tend à s’imposer car elle est nettement plus pratique. L’inconvénient c’est qu’il prend directement le soleil et finit par se craqueler, mais il faut des années et nos couvercles sont toujours en état 7 ans après leur achat, même si quelques fissures apparaissent sur certains.
Il se dit aussi qu’une jupe de trappe peut se fabriquer assez facilement même à l’autre bout du monde. Cependant si on casse ou perd un couvercle, on pourra toujours confectionner une jupe qui tiendra aussi bien sur la trappe.
Les trappes ovales sont bien plus pratiques à l’usage (pour charger et décharger le matériel) que les rondes. Idéalement 2 trappes à l’arrière : une principale ovale et une plus petite ronde près du pagayeur qui lui permet d’accéder à son caisson en navigation (ce qui est finalement assez peu fréquent à l’usage, cette option ne paraît donc pas essentielle), mais aussi d’avoir un accès un peu plus modulaire au matériel stocké dans le caisson arrière.

Caissons fermés par couvercle plastique
Caissons fermés par couvercle plastique
Fermeture par jupe + cache
Fermeture par jupe + cache
Caissons fermés par jupe + cache ; certains seront sensibles au look : les caches sont des mêmes couleur et matériaux que le reste du kayak.
Cependant, à l'usage, des fermetures par couvercle plastique uniquement sont plus pratiques.
Caissons fermés par jupe + cache ; certains seront sensibles au look : les caches sont des mêmes couleur et matériaux que le reste du kayak.
Cependant, à l'usage, des fermetures par couvercle plastique uniquement sont plus pratiques.
Commentaires
01 févr. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Excellent, pondéré, respectueux des choix des uns comme des autres, motivant. Merci.
Christian. ( canoéïste puis kayakiste de mer depuis 45 ans...)

02 févr. 2014
Invité (utilisateur non inscrit)
Merci :)

13 oct. 2015
Invité (utilisateur non inscrit)
Super article... ca me motive a me mettre au kayak et a organiser la randonnee de mes rêves dans l'archipel de myeik en birmanie !

26 janv. 2016
Invité (utilisateur non inscrit)
Nous partons cet été pour Calvi Propriano avec un speedo 2 x .
Votre article est une mine d or. ..
Je recherche les astuces pour les dodos plage hamac ou pas et beach cooking. ..
Gmargerie2003@yahoo.fr

30 janv. 2016
Invité (utilisateur non inscrit)
Dormir en hamac dans les criques corses est souvent réalisable. Soit dans le maquis, soit en utilisant les rochers et les débris de mer, et une bonne imagination

18 mai 2016
Invité (utilisateur non inscrit)
bon article!!

29 juin 2016
Invité (utilisateur non inscrit)
Votre article m'a apporté bien de connaissances.
Je possède un Bic Yakkair HP2 fish (biplaces )
Quand je suis seul en mer à contre courant ou vent 10km/h ma vitesse est de 1.2 noeuds en bonne condition elle est de 2.3 avec une poussé de croisière sur les pagaies .
Est ce normal donc ?
Le poids du chargement influe t'il sur la vitesse ?
Merci

07 juil. 2016
Invité (utilisateur non inscrit)
Sur des rigides la vitesse de croisière est plutôt autour de 3 noeuds, donc pour un gonflable ça me parait correct. Le gonflable offre aussi plus de résistance au vent (fardage) qu'un rigide. Le poids transporté a un impact puisque le volume d'eau déplacé est plus important si le poids transporté est plus élevé.

kiké37 - 02 juin 2017
1 messages
Bonjour, merci pour toutes ces informations. inconditionnel de la mer et du kayak, je ne peux plus pagayer suite à la rupture de mes tendons rotateurs de coiffe des deux épaules. pour que ce handicap ne m'empêche pas continuer le plaisir de la randonnée en mer je me suis acheté un hobbie aventure island. auriez-vous traiter ce genre de kayak (qui je sais fait hurler les puristes) dans un de vos articles.je cherche des astuces et des conseils pour des randonnées. merci pour votre aide. kiké

Jerôme - 24 août 2018
1 messages
Habitant sur le bord du golfe du Morbihan et âgé de 70 ans, quel type de kayak de mer biplace vous conseilleriez pour suivre les côtes et raser les cailloux ( et de telmps en temps traverser jusqu'à une île du golfe ?
Merci d'avance.

laurent b - 12 juin 2019
1 messages
Bonjour, cet article est vraiment très pratique et intéressant Vos conseils répondent à mes nombreuses questions. Je fais du sit on top depuis une quinzaine d'années dans le coin de Theoule et je voudrais passer au kayak pour en faire plus longtemps au cours de l' année. Je m' intéresse au kayak de type Belouga 2 et je me demandais si depuis la rédaction de l'article, vous aviez fait de nouveaux tests concernant les bi -place? merci

Olivier - 12 juin 2019
2260 messages
Bonjour Laurent, non nous n'avons pas testé d'autres bi rigides, mais les bi de Polyform sont aussi, très certainement de bons biplaces, peut-être faut-il regarder de ce côté là aussi... En biplace démontable, Nautiraid fait du bon boulot.