COVID le voyage interdit
Octobre 2020, en plein Covid, un second confinement se dessine.
Nous prendrons la route depuis Agay dans le sud de la France et nous mettrons le cap sur Zakopane en Pologne, pays d'origine de ma compagne, en espérant des jours meilleurs une fois là-bas. Mais la liberté a un prix, seule issue : la route, les forêts, l'inconnu... Nous enchaînerons les kilomètres à l'aide de deux vieux vélos, ils nous faudra faire face aux problèmes, seuls, autonomes, affrontant des conditions météorologiques compliquées, les forêts comme ange gardien de nos nuits dehors, puis parfois, une rencontre, une porte qui s'ouvre, la Providence. Durant cette aventure hors du commun, nous serons les spectateurs d'un monde paralysé, où la peur règne, où les restrictions durcissent de jour en jour, où faire des plans n'existe plus, où le gîte et la douche chaude, quand l'appel du confort arrive, ne seront plus qu'un lointain souvenir. Nous vivrons au jour le jour ne pouvant compter que sur nous-mêmes et nos modestes connaissances en survie. Nous apprendrons énormément, ferons de belles rencontres, vivrons des émotions très fortes et dépasserons nos limites. Nous parviendrons à atteindre notre but le 3 janvier 2021 après 65 jours de route à travers l'Europe, une aventure qui restera gravée dans nos mémoires.
Nous prendrons la route depuis Agay dans le sud de la France et nous mettrons le cap sur Zakopane en Pologne, pays d'origine de ma compagne, en espérant des jours meilleurs une fois là-bas. Mais la liberté a un prix, seule issue : la route, les forêts, l'inconnu... Nous enchaînerons les kilomètres à l'aide de deux vieux vélos, ils nous faudra faire face aux problèmes, seuls, autonomes, affrontant des conditions météorologiques compliquées, les forêts comme ange gardien de nos nuits dehors, puis parfois, une rencontre, une porte qui s'ouvre, la Providence. Durant cette aventure hors du commun, nous serons les spectateurs d'un monde paralysé, où la peur règne, où les restrictions durcissent de jour en jour, où faire des plans n'existe plus, où le gîte et la douche chaude, quand l'appel du confort arrive, ne seront plus qu'un lointain souvenir. Nous vivrons au jour le jour ne pouvant compter que sur nous-mêmes et nos modestes connaissances en survie. Nous apprendrons énormément, ferons de belles rencontres, vivrons des émotions très fortes et dépasserons nos limites. Nous parviendrons à atteindre notre but le 3 janvier 2021 après 65 jours de route à travers l'Europe, une aventure qui restera gravée dans nos mémoires.
Quand : 29/10/2020
Durée : 65 jours
Durée : 65 jours
Distance globale :
1782km
Dénivelées :
+11873m /
-10980m
Alti min/max : 10m/1167m
Carnet publié par Chris et Ada
le 25 avr.
modifié le 09 oct.
modifié le 09 oct.
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
Précisions :
Une partie se fera en train, entre Théoule-sur-Mer et Vintimille, à la frontière italienne, afin d'éviter de justesse la fermeture du pays. Nous parcourrons également une cinquantaine de kilomètres en voiture en Hongrie, pour honorer la généreuse ...
Une partie se fera en train, entre Théoule-sur-Mer et Vintimille, à la frontière italienne, afin d'éviter de justesse la fermeture du pays. Nous parcourrons également une cinquantaine de kilomètres en voiture en Hongrie, pour honorer la généreuse proposition d'une personne au grand cœur.
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Vue d'ensemble
Le topo : Section 1 (mise à jour : 29 avr.)
Distance section :
85.3km
Dénivelées section :
+2486m /
-2276m
Section Alti min/max : 10m/1151m
Description :
La Ligurie, splendide région du nord-ouest de l'Italie, où les montagnes surplombent la mer Méditerranée et le soleil brille presque toute l'année. Il nous accompagnera dans ces premiers jours. Nous enchaînons les petits cols de montagne, ravitaillons en fromages et charcuterie dans les quelques fermes croisées, et traversons des petits villages médiévaux où le temps semble s'être arrêté.
Milieu traversé :
Environnement : [montagne]
Biotope : [forêt]
Le compte-rendu : Section 1 (mise à jour : 29 avr.)
LE GRAND DEPART
29 OCTOBRE 2020
Le camping ferme ses portes derrière nous. Voilà, c'est parti. Un long périple nous attend, mais nous ne réalisons pas encore l'ampleur du projet... Nous enjambons nos montures et passons une dizaine de minutes à maîtriser la bête. Le poids est tel que j'ai l'impression que tout va casser. On se regarde en rigolant et finissons par prendre notre envol. Nous roulerons une dizaine de kilomètres jusqu'à la gare de Théoule-sur-Mer, où nous prenons le train pour Vintimille. Pas le choix, le pays ferme ses portes et il nous faut être de l'autre côté de la frontière le plus rapidement possible. Une fois en Italie, le voyage peut enfin commencer. Il est déjà tard et nous roulons de nuit en direction de Dolceacqua pour échapper à cette ville frontalière et trouver un coin tranquille pour notre premier bivouac.
29 OCTOBRE 2020
Le camping ferme ses portes derrière nous. Voilà, c'est parti. Un long périple nous attend, mais nous ne réalisons pas encore l'ampleur du projet... Nous enjambons nos montures et passons une dizaine de minutes à maîtriser la bête. Le poids est tel que j'ai l'impression que tout va casser. On se regarde en rigolant et finissons par prendre notre envol. Nous roulerons une dizaine de kilomètres jusqu'à la gare de Théoule-sur-Mer, où nous prenons le train pour Vintimille. Pas le choix, le pays ferme ses portes et il nous faut être de l'autre côté de la frontière le plus rapidement possible. Une fois en Italie, le voyage peut enfin commencer. Il est déjà tard et nous roulons de nuit en direction de Dolceacqua pour échapper à cette ville frontalière et trouver un coin tranquille pour notre premier bivouac.
30 OCTOBRE
Nous faisons halte dans le village d'Isolabona, où un petit troquet est ouvert. Nous avalons deux grosses parts de focaccia et un vrai café italien en terrasse. L'ambiance est bonne, les anciens sont au comptoir, café pour les uns et ballon de blanc pour les plus sérieux ! On se croirait dans les années 60. C'est ce que j'aime dans ces petits villages d'Italie, leur authenticité.
Nous roulons maintenant sur une petite route en colimaçon et attaquons le col en direction de Molini di Triora. 23 km où il sera difficile de pédaler, on se résout à pousser et profitons du calme et du paysage. Les châtaigniers bordent la route et les feuilles aux couleurs d'automne tapissent le sol. Nous trouvons un super coin pour le bivouac au pied d'une petite casale, une maisonnette de pierres servant de refuge aux bergers.
Nous faisons halte dans le village d'Isolabona, où un petit troquet est ouvert. Nous avalons deux grosses parts de focaccia et un vrai café italien en terrasse. L'ambiance est bonne, les anciens sont au comptoir, café pour les uns et ballon de blanc pour les plus sérieux ! On se croirait dans les années 60. C'est ce que j'aime dans ces petits villages d'Italie, leur authenticité.
Nous roulons maintenant sur une petite route en colimaçon et attaquons le col en direction de Molini di Triora. 23 km où il sera difficile de pédaler, on se résout à pousser et profitons du calme et du paysage. Les châtaigniers bordent la route et les feuilles aux couleurs d'automne tapissent le sol. Nous trouvons un super coin pour le bivouac au pied d'une petite casale, une maisonnette de pierres servant de refuge aux bergers.
31 OCTOBRE
Petit réglage des mâchoires de freins de Ada ce matin, la vieille mécanique est assez capricieuse. Nous continuons de pousser en ce début d'étape et toujours pas de traces du sommet, cependant, une ferme tombe à pic, nous repartons avec du lait frais, deux gros fromages de chèvre, de brebis et un saucisson. Les fermiers nous annoncent deux kilomètres pour trouver le sommet et on basculera vers Molini di Triora. Nous atteignons le sommet dans la brume, à 1130m d'altitude, et j'ai l'impression d'avoir gravit l'Everest !
Nous voilà les mains bien accrochées aux poignets de freins dans la descente vers Molini. Les châtaignes recouvrent le sol, il n'y a pas un chat, la route est à nous. Molini di Triora, comme son nom l'indique, est un village où l'on trouve quelques moulins à eau et de jolies maisons en pierres. Nous faisons sensation devant le petit rade du village. Faut dire que nos vélos des années 70, chargés comme des mules avec des skis accrochés le long du cadre, interrogent. Nous faisons quelques photos avec les locaux dans une ambiance très conviviale, des sourires et des encouragements qui font du bien dans ce contexte particulier. Nous repartons plus motivés que jamais après avoir descendu quelques bières fraîches.
Le bivouac de ce soir se fera dans une superbe oliveraie juste après avoir passé Montalto Ligure, un vrai petit coin de paradis où l'on ne se privera pas d'une journée de repos.
Ce soir au dîner, c'est soupe au lait avec du pain, des dattes, du miel et un morceau de frometon, délicieux !
1er NOVEMBRE
Baignade à la rivière ce matin, dans des petites lagunes aux couleurs émeraude, avec de jolies cascades. Nous en profitons pour nous savonner un peu et faire un brin de lessive. Nous ne partons jamais sans un bout de savon d'Alep ou de Marseille que l'on utilise pour à peu près tout : les dents, la douche, la vaisselle, la lessive, etc.
Les cloches sonnent la messe de 10h en ce dimanche matin. Ils sont très pieux dans la région. Le visage de Marie et de Jésus apparaît régulièrement sur les bords de route; les gens s'y recueillent et y déposent des offrandes.
Nous sommes tentés par une balade dans le village mais hésitons un peu à quitter le campement. Finalement, nous laissons nos craintes de côté et partons arpenter les ruelles médiévales de ce joli village. À notre grande surprise, nous tombons sur une pizzeria bondée ! Quand je pense qu'à l'autre côté de la frontière la France est confinée.
Nous dégotons une trattoria digne du Moyen Âge. Des paysans aux longues barbes blanches sifflent des ballons de rouge au comptoir et communiquent dans un patois incompréhensible. C'est parfait pour y manger un bout! Gnocchis maison et vin de pays pour trinquer à la liberté.
Nous remontons au campement légèrement éméchés et retrouvons le camp intact.
Petit réglage des mâchoires de freins de Ada ce matin, la vieille mécanique est assez capricieuse. Nous continuons de pousser en ce début d'étape et toujours pas de traces du sommet, cependant, une ferme tombe à pic, nous repartons avec du lait frais, deux gros fromages de chèvre, de brebis et un saucisson. Les fermiers nous annoncent deux kilomètres pour trouver le sommet et on basculera vers Molini di Triora. Nous atteignons le sommet dans la brume, à 1130m d'altitude, et j'ai l'impression d'avoir gravit l'Everest !
Nous voilà les mains bien accrochées aux poignets de freins dans la descente vers Molini. Les châtaignes recouvrent le sol, il n'y a pas un chat, la route est à nous. Molini di Triora, comme son nom l'indique, est un village où l'on trouve quelques moulins à eau et de jolies maisons en pierres. Nous faisons sensation devant le petit rade du village. Faut dire que nos vélos des années 70, chargés comme des mules avec des skis accrochés le long du cadre, interrogent. Nous faisons quelques photos avec les locaux dans une ambiance très conviviale, des sourires et des encouragements qui font du bien dans ce contexte particulier. Nous repartons plus motivés que jamais après avoir descendu quelques bières fraîches.
Le bivouac de ce soir se fera dans une superbe oliveraie juste après avoir passé Montalto Ligure, un vrai petit coin de paradis où l'on ne se privera pas d'une journée de repos.
Ce soir au dîner, c'est soupe au lait avec du pain, des dattes, du miel et un morceau de frometon, délicieux !
1er NOVEMBRE
Baignade à la rivière ce matin, dans des petites lagunes aux couleurs émeraude, avec de jolies cascades. Nous en profitons pour nous savonner un peu et faire un brin de lessive. Nous ne partons jamais sans un bout de savon d'Alep ou de Marseille que l'on utilise pour à peu près tout : les dents, la douche, la vaisselle, la lessive, etc.
Les cloches sonnent la messe de 10h en ce dimanche matin. Ils sont très pieux dans la région. Le visage de Marie et de Jésus apparaît régulièrement sur les bords de route; les gens s'y recueillent et y déposent des offrandes.
Nous sommes tentés par une balade dans le village mais hésitons un peu à quitter le campement. Finalement, nous laissons nos craintes de côté et partons arpenter les ruelles médiévales de ce joli village. À notre grande surprise, nous tombons sur une pizzeria bondée ! Quand je pense qu'à l'autre côté de la frontière la France est confinée.
Nous dégotons une trattoria digne du Moyen Âge. Des paysans aux longues barbes blanches sifflent des ballons de rouge au comptoir et communiquent dans un patois incompréhensible. C'est parfait pour y manger un bout! Gnocchis maison et vin de pays pour trinquer à la liberté.
Nous remontons au campement légèrement éméchés et retrouvons le camp intact.
2 NOVEMBRE
Nous partons à la conquête du col d'Oggia ce matin, une nouvelle ascension en poussant ; il va falloir s'y habituer. Nous passons Cardassio, village jumelé avec Saorges. C'est le calme plat, la route est de nouveau à nous et la pente s'accentue au fil des kilomètres. Le sommet est maintenant annoncé à 7,5 km et nous croisons seulement quelques vaches venues s'abreuver à un point d'eau. Nous atteignons le sommet en à peine 2 heures, un bon rythme !
Chose qui m'ennuie avec mon vélo, c'est que ma béquille est inutile vu le poids du vélo. Il me faut le poser contre un mur ou le coucher, ce que je fais en haut du col pour profiter d'une pause casse-croûte.
Le drame survient lorsque je décide de redresser le vélo. Je fais levier comme un imbécile en mettant le pied sur la roue qui se tord sous le poids. La situation vire soudainement au cauchemar...
La roue est bien tordue au point qu'elle ne peut même plus tourner. C'est la merde et il faut agir vite. Après avoir perdu cinq minutes à me plaindre en tournant en rond, on fait le point sur la situation : nous sommes en haut d'un col, la nuit va vite tomber, nous avons peu de provisions et le vélo est inutilisable. Nous prenons la décision de bivouaquer sur place. Demain est un autre jour et nous verrons ce que l'on peut faire.
Le dîner ce soir est frugal. Ada nous concocte un genre de mélasse avec le reste de flocons d'avoine qu'elle fait cuire dans l'eau après avoir fait revenir des oignons, de l'ail et quelques morceaux de saucissons. Le résultat est efficace et nous colmate l'estomac pour la nuit. L'aventure peut enfin commencer.
3 NOVEMBRE
À peine assez d'eau pour se faire un café ce matin. La brume nous entoure et un vent froid ne tarde pas à venir compliquer la situation. Pas moyen de redresser la roue pour au moins essayer de pouvoir faire rouler le vélo. Pas le choix, il me faudra le porter. Nous transférons tout ce que l'on peut sur le vélo de Ada, qui ressemble maintenant à un tank. Moi, je charge mon sac à dos et j'y attache les skis comme en rando, puis balance le vélo sur mon épaule. En avant ! Dommage, nous n'avons plus de batterie pour immortaliser ce moment en image, mais ça restera gravé dans nos mémoires. Nous voilà partis pour 11 km jusqu'au prochain village, en espérant que quelque chose de positif s'y passe. En attendant, Ada doit retenir un vélo plus lourd qu'elle dans la descente d'un col de montagne pour éviter qu'il ne dévale la pente sans elle, et moi je passe le vélo tant bien que mal d'une épaule à l'autre, supportant les brûlures des frottements du cadre malgré ma doudoune en guise d'oreiller. La scène est plutôt cocasse.
Ada, qui a toujours un œil sur ce qui nous entoure, nous trouve quelques baies et même de la menthe fraîche ! Vers 15h, nous atteignons le village. J'ai les épaules meurtries, et malheureusement le coin est déserté. Il nous faut bivouaquer dans le coin et rejoindre Pieve di Teco demain, où l'on espère trouver quelque chose. Nous plantons la tente et empruntons une petite route qui rejoint le village de Calderaba un peu plus haut, en espérant trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Mais personne, seulement une petite lueur, une maison entrouverte où nous tentons notre chance. Nous retrouvons le campement heureux avec une brique de lait. Repas gastronomique de nouveau avec une soupe au lait, quelques morceaux de pains et un bout de fromage, une bonne infusion avec les quelques baies et feuilles de menthe fraîche qu'Ada a trouvé, et nous filons au lit.
4 NOVEMBRE
Des douleurs et des crampes m'ont torturé toute la nuit. La nuit a été compliquée malgré la fatigue. Il nous faut rejoindre Pieve di Teco ce matin en espérant pouvoir se ravitailler et faire le point. En route !
Pieve apparaît comme un oasis dans le désert. Ce n'est pas un village mais bien une ville. Il y a un supermarché, une station essence, un garage, les cloches qui résonnent... Enfin bref, cette fois, il y a de la vie. Je questionne un garagiste au sujet du vélo et des hébergements dans le coin. Pour le vélo, ça a l'air compliqué, mais pour l'hébergement, bien que tout soit fermé à cause du Covid, il a peut-être un plan.
Une de ses connaissances a une maison d'hôte et accepte de nous héberger. Ce soir, nous dormirons dans un lit. Nous filons en ville manger un bout et boire un coup de rouge bien mérité. La région produit de très bons vins, dont la ville de Pornassio, à quelques kilomètres d'ici. On ne sait pas ce que nous réserve l'avenir, alors profitons. Et en parlant d'avenir, les nouvelles tombent vite : demain ça se corse, fermeture des bars et des restaurants, plus quarantaine par régions. On oublie les terrasses et les gnocchis maison.
Ce soir, notre hôte me propose de m'accompagner à Albenga demain. Il connaît un magasin de cycles là-bas dans lequel j'espère trouver une solution pour ma roue arrière.
Nous partons à la conquête du col d'Oggia ce matin, une nouvelle ascension en poussant ; il va falloir s'y habituer. Nous passons Cardassio, village jumelé avec Saorges. C'est le calme plat, la route est de nouveau à nous et la pente s'accentue au fil des kilomètres. Le sommet est maintenant annoncé à 7,5 km et nous croisons seulement quelques vaches venues s'abreuver à un point d'eau. Nous atteignons le sommet en à peine 2 heures, un bon rythme !
Chose qui m'ennuie avec mon vélo, c'est que ma béquille est inutile vu le poids du vélo. Il me faut le poser contre un mur ou le coucher, ce que je fais en haut du col pour profiter d'une pause casse-croûte.
Le drame survient lorsque je décide de redresser le vélo. Je fais levier comme un imbécile en mettant le pied sur la roue qui se tord sous le poids. La situation vire soudainement au cauchemar...
La roue est bien tordue au point qu'elle ne peut même plus tourner. C'est la merde et il faut agir vite. Après avoir perdu cinq minutes à me plaindre en tournant en rond, on fait le point sur la situation : nous sommes en haut d'un col, la nuit va vite tomber, nous avons peu de provisions et le vélo est inutilisable. Nous prenons la décision de bivouaquer sur place. Demain est un autre jour et nous verrons ce que l'on peut faire.
Le dîner ce soir est frugal. Ada nous concocte un genre de mélasse avec le reste de flocons d'avoine qu'elle fait cuire dans l'eau après avoir fait revenir des oignons, de l'ail et quelques morceaux de saucissons. Le résultat est efficace et nous colmate l'estomac pour la nuit. L'aventure peut enfin commencer.
3 NOVEMBRE
À peine assez d'eau pour se faire un café ce matin. La brume nous entoure et un vent froid ne tarde pas à venir compliquer la situation. Pas moyen de redresser la roue pour au moins essayer de pouvoir faire rouler le vélo. Pas le choix, il me faudra le porter. Nous transférons tout ce que l'on peut sur le vélo de Ada, qui ressemble maintenant à un tank. Moi, je charge mon sac à dos et j'y attache les skis comme en rando, puis balance le vélo sur mon épaule. En avant ! Dommage, nous n'avons plus de batterie pour immortaliser ce moment en image, mais ça restera gravé dans nos mémoires. Nous voilà partis pour 11 km jusqu'au prochain village, en espérant que quelque chose de positif s'y passe. En attendant, Ada doit retenir un vélo plus lourd qu'elle dans la descente d'un col de montagne pour éviter qu'il ne dévale la pente sans elle, et moi je passe le vélo tant bien que mal d'une épaule à l'autre, supportant les brûlures des frottements du cadre malgré ma doudoune en guise d'oreiller. La scène est plutôt cocasse.
Ada, qui a toujours un œil sur ce qui nous entoure, nous trouve quelques baies et même de la menthe fraîche ! Vers 15h, nous atteignons le village. J'ai les épaules meurtries, et malheureusement le coin est déserté. Il nous faut bivouaquer dans le coin et rejoindre Pieve di Teco demain, où l'on espère trouver quelque chose. Nous plantons la tente et empruntons une petite route qui rejoint le village de Calderaba un peu plus haut, en espérant trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Mais personne, seulement une petite lueur, une maison entrouverte où nous tentons notre chance. Nous retrouvons le campement heureux avec une brique de lait. Repas gastronomique de nouveau avec une soupe au lait, quelques morceaux de pains et un bout de fromage, une bonne infusion avec les quelques baies et feuilles de menthe fraîche qu'Ada a trouvé, et nous filons au lit.
4 NOVEMBRE
Des douleurs et des crampes m'ont torturé toute la nuit. La nuit a été compliquée malgré la fatigue. Il nous faut rejoindre Pieve di Teco ce matin en espérant pouvoir se ravitailler et faire le point. En route !
Pieve apparaît comme un oasis dans le désert. Ce n'est pas un village mais bien une ville. Il y a un supermarché, une station essence, un garage, les cloches qui résonnent... Enfin bref, cette fois, il y a de la vie. Je questionne un garagiste au sujet du vélo et des hébergements dans le coin. Pour le vélo, ça a l'air compliqué, mais pour l'hébergement, bien que tout soit fermé à cause du Covid, il a peut-être un plan.
Une de ses connaissances a une maison d'hôte et accepte de nous héberger. Ce soir, nous dormirons dans un lit. Nous filons en ville manger un bout et boire un coup de rouge bien mérité. La région produit de très bons vins, dont la ville de Pornassio, à quelques kilomètres d'ici. On ne sait pas ce que nous réserve l'avenir, alors profitons. Et en parlant d'avenir, les nouvelles tombent vite : demain ça se corse, fermeture des bars et des restaurants, plus quarantaine par régions. On oublie les terrasses et les gnocchis maison.
Ce soir, notre hôte me propose de m'accompagner à Albenga demain. Il connaît un magasin de cycles là-bas dans lequel j'espère trouver une solution pour ma roue arrière.