La traversée du Massif des Vosges, malgré tout !
Parti pour un trek de 4 mois, abandonné au bout de 16 jours.
Récit d'une aventure qui n'est pas passée du tout comme prévu...
Récit d'une aventure qui n'est pas passée du tout comme prévu...
Quand : 13/06/2024
Durée : 16 jours
Durée : 16 jours
Distance globale :
432km
Dénivelées :
+22478m /
-21133m
Alti min/max : 164m/1391m
Carnet publié par Béryl
le 05 nov. 2024
modifié le 05 déc. 2024
modifié le 05 déc. 2024
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
C'est possible (ou réalisé) en
train
Précisions :
Tous les trajets aller et retour ont été faits en train, à part un taxi dans Paris pour aller de la gare de l'Est à la gare Montparnasse.
414 lecteur(s)
-
Vue d'ensemble
Le topo : Jour 5 - Saverne/Wangenbourg (mise à jour : 06 nov. 2024)
Distance section :
28km
Dénivelées section :
+1017m /
-758m
Section Alti min/max : 190m/682m
Description :
Données GPS :
Distance : 28,72 km
Dénivelé positif : 1017 m
Dénivelé négatif : 758 m
Distance : 28,72 km
Dénivelé positif : 1017 m
Dénivelé négatif : 758 m
Le compte-rendu : Jour 5 - Saverne/Wangenbourg (mise à jour : 06 nov. 2024)
Dimanche 2 juin 2024
Quand j'ouvre les yeux, vers 6h30, j'ai l'impression d'avoir dormi trois jours. Je suis tombé comme une masse hier soir et c'est le noir total jusqu'à maintenant. 6h30, c'est l'heure à laquelle je décolle, le plus souvent. Là, je sais que la journée s'annonce pluvieuse, aussi je temporise. Je profite du luxe de ma chambre d'hôtel. Je n'ai pas pris l'option petit déjeuner et j'ai bien fait : sur la table, un plateau est rempli de sachets thé, de chocolat en poudre et de petites capsules de lait. Avec mes barres de céréales et mon beurre de cacahuète, je me fais un p'tit-déj plus que correct. Une bouilloire électrique m'évite même de sortir mon réchaud.
Tout est sec : mes vêtements du jour, mes rechanges, mon sac, mes chaussures, mes manchons de compression. J'ai testé les trois premiers jours de marche sans ces manchons. Les deux premiers se sont bien passés, mais très vite, l'impression de lourdeur dans les jambes est revenue. J'ai un problème de circulation des pieds aux genoux. Varices et compagnie. J'ai donc l'habitude de marcher avec des manchons de compression qui atténuent fortement ce désagrément. Le premier jour, je les ai simplement oubliés et m'en suis aperçu que le soir. Devant l'absence de symptômes, j'ai voulu tenter de continuer ainsi. Grosse erreur, vite réparée au départ hier matin.
Quand je sors de l'hôtel, le ciel est menaçant, mais il ne pleut pas. Je fais quelques pas dans la rue et m'arrête net ; une pensée me rappelle à l'ordre : j'ai prévu de laisser la chaussette de Diane dans cet hôtel !
Demi-tour. Il faudra un moment pour que j'explique à la dame de l'accueil - qui ne comprend pas bien le français manifestement - pourquoi je lui laisse cette chaussette en dépôt et l'importance de la conserver tant que sa propriétaire n'est pas venue la réclamer. Ma mission accomplie, je peux enfin démarrer ma journée.
Il n'est pas loin de 10h00 quand je passe devant le château du Haut-Barr. Une compétition y est organisée, mais je ne saurai pas de quoi ! Je ne verrai que les organisateurs préparant des ravitaillements sous des tonnelles en buvant du café chaud. Personne ne prête attention à moi ; je passe comme un fantôme dans la brume.
Quand j'ouvre les yeux, vers 6h30, j'ai l'impression d'avoir dormi trois jours. Je suis tombé comme une masse hier soir et c'est le noir total jusqu'à maintenant. 6h30, c'est l'heure à laquelle je décolle, le plus souvent. Là, je sais que la journée s'annonce pluvieuse, aussi je temporise. Je profite du luxe de ma chambre d'hôtel. Je n'ai pas pris l'option petit déjeuner et j'ai bien fait : sur la table, un plateau est rempli de sachets thé, de chocolat en poudre et de petites capsules de lait. Avec mes barres de céréales et mon beurre de cacahuète, je me fais un p'tit-déj plus que correct. Une bouilloire électrique m'évite même de sortir mon réchaud.
Tout est sec : mes vêtements du jour, mes rechanges, mon sac, mes chaussures, mes manchons de compression. J'ai testé les trois premiers jours de marche sans ces manchons. Les deux premiers se sont bien passés, mais très vite, l'impression de lourdeur dans les jambes est revenue. J'ai un problème de circulation des pieds aux genoux. Varices et compagnie. J'ai donc l'habitude de marcher avec des manchons de compression qui atténuent fortement ce désagrément. Le premier jour, je les ai simplement oubliés et m'en suis aperçu que le soir. Devant l'absence de symptômes, j'ai voulu tenter de continuer ainsi. Grosse erreur, vite réparée au départ hier matin.
Quand je sors de l'hôtel, le ciel est menaçant, mais il ne pleut pas. Je fais quelques pas dans la rue et m'arrête net ; une pensée me rappelle à l'ordre : j'ai prévu de laisser la chaussette de Diane dans cet hôtel !
Demi-tour. Il faudra un moment pour que j'explique à la dame de l'accueil - qui ne comprend pas bien le français manifestement - pourquoi je lui laisse cette chaussette en dépôt et l'importance de la conserver tant que sa propriétaire n'est pas venue la réclamer. Ma mission accomplie, je peux enfin démarrer ma journée.
Il n'est pas loin de 10h00 quand je passe devant le château du Haut-Barr. Une compétition y est organisée, mais je ne saurai pas de quoi ! Je ne verrai que les organisateurs préparant des ravitaillements sous des tonnelles en buvant du café chaud. Personne ne prête attention à moi ; je passe comme un fantôme dans la brume.
Plus tard dans la matinée, j'entends qu'on me hèle de derrière : Denis me fait de grands signes en agitant ses bâtons. Il est en compagnie d'Arthur. Étant parti tard, je les pensais loin devant !
"T'as dormi où finalement ? me demande-t-il.
- À l'hôtel. C'était ça où je montais la tente sous la pluie au camping. La lodge, c'est du grand n'importe quoi ! lui dis-je en lui expliquant le carcan de la location de cette tente grand luxe. Et toi, alors, raconte !
- Une dame d'un certain âge qui m'a arrêté dans la rue en me demandant où j'allais. La conversation s'est engagée et petit à petit, je suis arrivé à mes fins.
- T'es chounard, quand même !
- Elle m'a dit être en confiance. Selon elle, j'étais propre, bien rasé et j'avais le regard solaire ! C'est pas la première fois qu'on me le dit !
- Tout le contraire de moi, quoi ! Je vois pourquoi j'ai échoué à l'examen !"
Denis, en effet, a le regard solaire avec ses yeux bleus et il est vrai qu'il a le contact facile. Ensuite, en vieux briscard, il sait amadouer et mettre en confiance, sûrement un truc de gendarme. Il ne se souvient pas d'un trek où il n'a pas été invité à dormir chez les uns ou chez les autres, avec plus ou moins de chance. Hier, la dame en question lui a déroulé le grand jeu : apéritif, petits plats dans les grands et vin fin. En plus de la douche et du lit, c'était toute option ! Après, il lui tardait quand même ce matin pour partir au plus vite, ne voulant surtout pas que cette relation dérape. La dame n'en a pas décidé ainsi et l'a retenu pour un petit déjeuner qui n'en finissait pas, d'où son retard aujourd'hui !
J'aurai moi aussi la chance d'être invité dans quelques jours par un couple adorable, mais je ne pourrai malheureusement pas en profiter.
"T'as dormi où finalement ? me demande-t-il.
- À l'hôtel. C'était ça où je montais la tente sous la pluie au camping. La lodge, c'est du grand n'importe quoi ! lui dis-je en lui expliquant le carcan de la location de cette tente grand luxe. Et toi, alors, raconte !
- Une dame d'un certain âge qui m'a arrêté dans la rue en me demandant où j'allais. La conversation s'est engagée et petit à petit, je suis arrivé à mes fins.
- T'es chounard, quand même !
- Elle m'a dit être en confiance. Selon elle, j'étais propre, bien rasé et j'avais le regard solaire ! C'est pas la première fois qu'on me le dit !
- Tout le contraire de moi, quoi ! Je vois pourquoi j'ai échoué à l'examen !"
Denis, en effet, a le regard solaire avec ses yeux bleus et il est vrai qu'il a le contact facile. Ensuite, en vieux briscard, il sait amadouer et mettre en confiance, sûrement un truc de gendarme. Il ne se souvient pas d'un trek où il n'a pas été invité à dormir chez les uns ou chez les autres, avec plus ou moins de chance. Hier, la dame en question lui a déroulé le grand jeu : apéritif, petits plats dans les grands et vin fin. En plus de la douche et du lit, c'était toute option ! Après, il lui tardait quand même ce matin pour partir au plus vite, ne voulant surtout pas que cette relation dérape. La dame n'en a pas décidé ainsi et l'a retenu pour un petit déjeuner qui n'en finissait pas, d'où son retard aujourd'hui !
J'aurai moi aussi la chance d'être invité dans quelques jours par un couple adorable, mais je ne pourrai malheureusement pas en profiter.
Après avoir salué la carcasse du vieux Billebaum - un hêtre de plus de 350 ans - nous arrivons tous les trois dans le petit village de la Hoube où nous décidons de nous poser pour casser la croûte.
Nous profitons du robinet du cimetière pour faire le plein d'eau ; Arthur y reste un moment pour une toilette de chat. Denis et moi nous posons sur un banc dans le bourg après nous être fait sortir d'un parc privé aux allures de jardin public. Les pieds à l'air, je l'écoute me raconter les nombreuses anecdotes de ses treks, notamment avec les locaux qui l'hébergent. Et ça dure ! Comme il ne réagit pas en me voyant remettre mes chaussures, je finis par lui dire : "Bon, Denis, c'est pas tout ça, mais on a encore du chemin à tâter !"
Quel bavard !
Plus loin, dans la montée vers Dabo, nous doublons une famille dont le père est devant. Denis ne rate pas l'occasion pour engager la conversation. Il se trouve que c'est le propriétaire du magasin de sport de Saverne que j'avais repéré à mon arrivée, mais que je n'avais pas eu le temps de visiter. Nous ne manquons pas de raconter nos déboires ou nos chances d'hébergement dans la ville quand le gars nous lance :"Vous pouvez passer la nuit à la maison, si vous voulez !"
Nous nous regardons avec Denis, sans savoir si c'est du lard ou du cochon. Ce dernier (Denis, pas le cochon) finit par dire : "Pour ce soir c'est râpé, nous n'allons pas revenir en arrière. Dommage, hier ça serait tombé rudement bien !
- Tant pis pour vous, en plus ce soir c'est choucroute maison !"
Là, Denis me jette un regard éperdu. Je sens bien que l'argument est de poids, aussi j'interviens de suite : "Tu fais comme tu veux. Moi je repars pas en arrière, même pas pour une choucroute, aussi bonne soit-elle !
- Oui, t'as raison, finit-il par me répondre après un moment d'hésitation. On est trop loin, maintenant. On continue."
Qu'il y soit allé ou non, de toute façon, je continuais quand même !
Je profite tout de même de l'expertise du vendeur pour discuter matériel de rando. Il affectionne particulièrement Lowa, ma marque de chaussures préférée, et m'explique les différences entre les versions d'un même modèle. Discussion passionnante entre passionnés !
Nous laissons la petite famille juste avant d'arriver au col de la Schleife (689m) bien connu des randonneurs pour ses tables de campings, son barbecue sous abri, sa cabane et surtout sa source ! Nous nous posons un moment et tournons afin de trouver le spot idéal pour passer la nuit. La cabane est ouverte et abrite une table massive entourée de bancs tout aussi imposants. Le terrain est sain, mais gorgé d'eau. Quant à l'abri, ce n'est qu'un vaste toit sur une dalle en béton avec le barbecue contre un mur et une immense table au milieu. Aucun autre mur.
Pas l'endroit idéal, finalement.
J'ai noté un refuge, un peu plus loin. J'appelle afin de savoir s'il reste de la place. Tout est libre. Pas d'hésitation !
Nous laissons la cabane, l'abri et le barbeuq à Arthur qui vient d'arriver et continuons vers Wagenbourg et le refuge du Grand Tétras.
Nous profitons du robinet du cimetière pour faire le plein d'eau ; Arthur y reste un moment pour une toilette de chat. Denis et moi nous posons sur un banc dans le bourg après nous être fait sortir d'un parc privé aux allures de jardin public. Les pieds à l'air, je l'écoute me raconter les nombreuses anecdotes de ses treks, notamment avec les locaux qui l'hébergent. Et ça dure ! Comme il ne réagit pas en me voyant remettre mes chaussures, je finis par lui dire : "Bon, Denis, c'est pas tout ça, mais on a encore du chemin à tâter !"
Quel bavard !
Plus loin, dans la montée vers Dabo, nous doublons une famille dont le père est devant. Denis ne rate pas l'occasion pour engager la conversation. Il se trouve que c'est le propriétaire du magasin de sport de Saverne que j'avais repéré à mon arrivée, mais que je n'avais pas eu le temps de visiter. Nous ne manquons pas de raconter nos déboires ou nos chances d'hébergement dans la ville quand le gars nous lance :"Vous pouvez passer la nuit à la maison, si vous voulez !"
Nous nous regardons avec Denis, sans savoir si c'est du lard ou du cochon. Ce dernier (Denis, pas le cochon) finit par dire : "Pour ce soir c'est râpé, nous n'allons pas revenir en arrière. Dommage, hier ça serait tombé rudement bien !
- Tant pis pour vous, en plus ce soir c'est choucroute maison !"
Là, Denis me jette un regard éperdu. Je sens bien que l'argument est de poids, aussi j'interviens de suite : "Tu fais comme tu veux. Moi je repars pas en arrière, même pas pour une choucroute, aussi bonne soit-elle !
- Oui, t'as raison, finit-il par me répondre après un moment d'hésitation. On est trop loin, maintenant. On continue."
Qu'il y soit allé ou non, de toute façon, je continuais quand même !
Je profite tout de même de l'expertise du vendeur pour discuter matériel de rando. Il affectionne particulièrement Lowa, ma marque de chaussures préférée, et m'explique les différences entre les versions d'un même modèle. Discussion passionnante entre passionnés !
Nous laissons la petite famille juste avant d'arriver au col de la Schleife (689m) bien connu des randonneurs pour ses tables de campings, son barbecue sous abri, sa cabane et surtout sa source ! Nous nous posons un moment et tournons afin de trouver le spot idéal pour passer la nuit. La cabane est ouverte et abrite une table massive entourée de bancs tout aussi imposants. Le terrain est sain, mais gorgé d'eau. Quant à l'abri, ce n'est qu'un vaste toit sur une dalle en béton avec le barbecue contre un mur et une immense table au milieu. Aucun autre mur.
Pas l'endroit idéal, finalement.
J'ai noté un refuge, un peu plus loin. J'appelle afin de savoir s'il reste de la place. Tout est libre. Pas d'hésitation !
Nous laissons la cabane, l'abri et le barbeuq à Arthur qui vient d'arriver et continuons vers Wagenbourg et le refuge du Grand Tétras.
Après avoir tenu la jambe à deux locaux qui manifestement n'attendaient que cela, Denis daigne enfin se mettre à l'abri au refuge à cent mètres de là.
Nous sommes seuls.
Le propriétaire nous fait une flambée dans le poêle central, flambée dont il faudra payer les bûches ! Pas grave, nous sommes demandeurs ; nos affaires sont trempées.
Après la douche et la lessive, nous prenons une bière locale disponible sur place et la savourons, enfin au sec.
Un autre hexatrekeur nous rejoint en fin d'après-midi. C'est ainsi que je rencontre Thierry avec qui je vais terminer mon aventure plus tôt que prévu.
Mais ça, je ne le sais pas encore.
Nous sommes seuls.
Le propriétaire nous fait une flambée dans le poêle central, flambée dont il faudra payer les bûches ! Pas grave, nous sommes demandeurs ; nos affaires sont trempées.
Après la douche et la lessive, nous prenons une bière locale disponible sur place et la savourons, enfin au sec.
Un autre hexatrekeur nous rejoint en fin d'après-midi. C'est ainsi que je rencontre Thierry avec qui je vais terminer mon aventure plus tôt que prévu.
Mais ça, je ne le sais pas encore.