Petit-fils et grand-mère pour une échappée complice en France. Voie Bleue, Alsace et Franche-Comté.
C'est avec plaisir que je débute cette boucle du Grand Est avec Gaël mon petit-fils.
Les premiers kilomètres sont toujours difficiles car je dois me réhabituer à tirer ce long attelage dansant de droite et de gauche. Le poids de l'ensemble est considérable pour moi. Avec Gaël, le tout doit peser environ quatre-vingt kilos !
Mais les moments merveilleux partagés, compensent bien les efforts à fournir.
Après quelques étapes je voyagerai seule. Cette boucle m'entraînera à Dôle pour rejoindre la Voie Bleue jusqu'au Luxembourg, puis ce sera l’Allemagne, ensuite Strasbourg et Besançon pour terminer.
Les premiers kilomètres sont toujours difficiles car je dois me réhabituer à tirer ce long attelage dansant de droite et de gauche. Le poids de l'ensemble est considérable pour moi. Avec Gaël, le tout doit peser environ quatre-vingt kilos !
Mais les moments merveilleux partagés, compensent bien les efforts à fournir.
Après quelques étapes je voyagerai seule. Cette boucle m'entraînera à Dôle pour rejoindre la Voie Bleue jusqu'au Luxembourg, puis ce sera l’Allemagne, ensuite Strasbourg et Besançon pour terminer.
Quand : 11/07/2023
Durée : 25 jours
Durée : 25 jours
Carnet publié par Jacqueline25
le 13 juil. 2023
modifié le 10 août 2023
modifié le 10 août 2023
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Vue d'ensemble
Le topo : Section 4 - 14 juillet 2023 (mise à jour : 18 juil. 2023)
Description :
Jour 4
Vendredi 14 juillet 2023
Autet - Baulay
Vendredi 14 juillet 2023
Autet - Baulay
Le compte-rendu : Section 4 - 14 juillet 2023 (mise à jour : 18 juil. 2023)
J’ai trouvé, j’ai trouvé…
Notre étape est courte aujourd’hui, nous avons le temps de continuer nos échanges autour d’un petit déjeuner. Anne et moi sommes sur les mêmes références. Nous nous entendons donc bien.
Anne est grande, longiligne, sportive, son vélo est léger et peu chargé. Il n’est donc pas question que nous roulions ensemble. À chacune son rythme. On se retrouvera ce soir au camping de Baulay.
Peu après mon départ une côte raide me fait mettre pied à terre. Je ne ressens plus aucune douleur au genou mais néanmoins je dois préserver mon articulation.
Je croise une cyclotouriste qui m’interpelle, « C’est Jacqueline ? ». En un instant je revis avec émotion mon voyage de 2022 lorsque ma réputation me précédait : « C’est une dame, à vélo, seule, plus toute jeune, en jaune fluo », réputation véhiculée par les jeunes français allant au cap Nord.
J’échange donc avec Els, Néerlandaise, cinquante quatre ans, ancienne officière de la marine, inutile de dire que son corps est façonné par l’entraînement. Elle a tout abandonné pour un tour de la France « jusqu’à ce que mon vélo n’en puisse plus !, déclare-t-elle. Elle vient de partager un café avec Anne qui lui a dit qu’elle allait me croiser, et Nathalie lui a parlé de moi le jour précédent.
Les kilomètres défilent. Des portions de voie bleue ont été construites mais les panneaux sont inexistants. C’est ainsi que je reste sur la route et à la sortie du village de Chaux-lès-Port une côte impressionnante me nargue. J’aperçois au loin, en contrebas, la piste cyclable le long de la Saône. Je reviens au village et je le traverse par une belle pente descendante. Un chemin me conduit à un champ. Au bout, en contrebas, je vois la piste tant convoitée. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je décide de traverser le pré, je perçois aussi qu’il est clôturé.
Là, je ne fais pas preuve d’une pensée en arborescence, c’est le moins que l’on puisse dire ! Mais plutôt d’une pensée linéaire. Je sais que je n’arriverai pas à franchir la clôture de fils barbelés, mais je continue à pousser mon vélo. Je compte sur une improbable ouverture pour rejoindre la piste.
Encore en haut du champ à plus de cent mètres j’aperçois Anne sur la piste. Je l’ai doublée dans la journée à mon insu. Elle serait mon salut. Puisse que nous sommes de part et d’autre de la clôture nous pourrions peut-être envisager de faire passer la bécane au-dessus de la barrière. Je l’appelle, je crie, mais elle ne m’entend pas. Je l’observe, dépitée, pédalant, courbée sur son vélo, avec la grâce d’un cycliste de compétition, et disparaître de ma vue. Quelle déception ! On aurait au moins pu rire ensemble de ma situation un brin cocasse. Mais seule, traversant un champ en poussant mon vélo, et certainement obligée de rebrousser chemin, je trouve ma condition absurde.
Lorsque j’arrive enfin à l’un des deux angles inférieurs du champ, ce qui était logique l’est… aucune ouverture !!!
Qu’à cela ne tienne je longe la clôture et si j’étais plus expressive, j’aurais hurlé « eurêka ». J’ai trouvé, j’ai trouvé… un tourniquet.
Incroyable !
Un vieux tourniquet tout rouillé, brinquebalant. Il n’a pas servi depuis belle lurette, l’herbe est haute à son endroit.
Mais ce n’est pas encore gagné ! Vais-je arriver à passer ? Je dois faire rouler mon vélo dans un petit couloir d’un mètre, avec de chaque côté des fils barbelés pour accéder au merveilleux tourniquet.
Moi derrière, je guide ma sympathique bicyclette. Elle accepte les torsions audacieuses que je lui impose et pour finir la voilà sur la piste. Je n’y crois pas ! Quel bonheur ! Puis je retourne dans le champ chercher mon set de bagages ; six sacoches.
Libérée ! Je me sens libérée des barbelés…
Anne sera déconcertée par ma traversée d’un champ. C’est son deuxième voyage, elle apprendra sans doute par la suite que l’incongruité fait partie du voyage à vélo.
Ma surprise est grande car au bout de la piste je me heurte aux tréfileries de Conflandey encore en activité, fondée en 1901 par Ernest Baillet qui avait la passion de la peinture et surtout de la photographie, témoignages d’une époque. Les photographies se présentent sous la forme de plaques de verre qui vont dormir pendant plus de cent ans.
En 2019 les photos ont été numérisées ressuscitant des lieux et des visages disparus, révélés au public lors de l’exposition implantée en plein air sur le site des tréfileries, plus précisément sur la barrière d’enceinte. Inutile d’escalader celle-ci ! je suis du bon côté de l’exposition. Je prends plaisir à dévisager les ouvriers de l’époque ; enfants, femmes et hommes ; soit très sérieux ; soit souriants ou riants ; parfois usés par la vie.
Pour terminer la journée je retrouve avec plaisir Anne à l’agréable camping-verger de Boulay. Nous commençons à bien nous connaître l’une l’autre.
Notre étape est courte aujourd’hui, nous avons le temps de continuer nos échanges autour d’un petit déjeuner. Anne et moi sommes sur les mêmes références. Nous nous entendons donc bien.
Anne est grande, longiligne, sportive, son vélo est léger et peu chargé. Il n’est donc pas question que nous roulions ensemble. À chacune son rythme. On se retrouvera ce soir au camping de Baulay.
Peu après mon départ une côte raide me fait mettre pied à terre. Je ne ressens plus aucune douleur au genou mais néanmoins je dois préserver mon articulation.
Je croise une cyclotouriste qui m’interpelle, « C’est Jacqueline ? ». En un instant je revis avec émotion mon voyage de 2022 lorsque ma réputation me précédait : « C’est une dame, à vélo, seule, plus toute jeune, en jaune fluo », réputation véhiculée par les jeunes français allant au cap Nord.
J’échange donc avec Els, Néerlandaise, cinquante quatre ans, ancienne officière de la marine, inutile de dire que son corps est façonné par l’entraînement. Elle a tout abandonné pour un tour de la France « jusqu’à ce que mon vélo n’en puisse plus !, déclare-t-elle. Elle vient de partager un café avec Anne qui lui a dit qu’elle allait me croiser, et Nathalie lui a parlé de moi le jour précédent.
Les kilomètres défilent. Des portions de voie bleue ont été construites mais les panneaux sont inexistants. C’est ainsi que je reste sur la route et à la sortie du village de Chaux-lès-Port une côte impressionnante me nargue. J’aperçois au loin, en contrebas, la piste cyclable le long de la Saône. Je reviens au village et je le traverse par une belle pente descendante. Un chemin me conduit à un champ. Au bout, en contrebas, je vois la piste tant convoitée. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je décide de traverser le pré, je perçois aussi qu’il est clôturé.
Là, je ne fais pas preuve d’une pensée en arborescence, c’est le moins que l’on puisse dire ! Mais plutôt d’une pensée linéaire. Je sais que je n’arriverai pas à franchir la clôture de fils barbelés, mais je continue à pousser mon vélo. Je compte sur une improbable ouverture pour rejoindre la piste.
Encore en haut du champ à plus de cent mètres j’aperçois Anne sur la piste. Je l’ai doublée dans la journée à mon insu. Elle serait mon salut. Puisse que nous sommes de part et d’autre de la clôture nous pourrions peut-être envisager de faire passer la bécane au-dessus de la barrière. Je l’appelle, je crie, mais elle ne m’entend pas. Je l’observe, dépitée, pédalant, courbée sur son vélo, avec la grâce d’un cycliste de compétition, et disparaître de ma vue. Quelle déception ! On aurait au moins pu rire ensemble de ma situation un brin cocasse. Mais seule, traversant un champ en poussant mon vélo, et certainement obligée de rebrousser chemin, je trouve ma condition absurde.
Lorsque j’arrive enfin à l’un des deux angles inférieurs du champ, ce qui était logique l’est… aucune ouverture !!!
Qu’à cela ne tienne je longe la clôture et si j’étais plus expressive, j’aurais hurlé « eurêka ». J’ai trouvé, j’ai trouvé… un tourniquet.
Incroyable !
Un vieux tourniquet tout rouillé, brinquebalant. Il n’a pas servi depuis belle lurette, l’herbe est haute à son endroit.
Mais ce n’est pas encore gagné ! Vais-je arriver à passer ? Je dois faire rouler mon vélo dans un petit couloir d’un mètre, avec de chaque côté des fils barbelés pour accéder au merveilleux tourniquet.
Moi derrière, je guide ma sympathique bicyclette. Elle accepte les torsions audacieuses que je lui impose et pour finir la voilà sur la piste. Je n’y crois pas ! Quel bonheur ! Puis je retourne dans le champ chercher mon set de bagages ; six sacoches.
Libérée ! Je me sens libérée des barbelés…
Anne sera déconcertée par ma traversée d’un champ. C’est son deuxième voyage, elle apprendra sans doute par la suite que l’incongruité fait partie du voyage à vélo.
Ma surprise est grande car au bout de la piste je me heurte aux tréfileries de Conflandey encore en activité, fondée en 1901 par Ernest Baillet qui avait la passion de la peinture et surtout de la photographie, témoignages d’une époque. Les photographies se présentent sous la forme de plaques de verre qui vont dormir pendant plus de cent ans.
En 2019 les photos ont été numérisées ressuscitant des lieux et des visages disparus, révélés au public lors de l’exposition implantée en plein air sur le site des tréfileries, plus précisément sur la barrière d’enceinte. Inutile d’escalader celle-ci ! je suis du bon côté de l’exposition. Je prends plaisir à dévisager les ouvriers de l’époque ; enfants, femmes et hommes ; soit très sérieux ; soit souriants ou riants ; parfois usés par la vie.
Pour terminer la journée je retrouve avec plaisir Anne à l’agréable camping-verger de Boulay. Nous commençons à bien nous connaître l’une l’autre.