L'improbable voyage à vélo de Besançon au cap Nord en 2022.
À Caroline ma fille et à Gaël mon petit-fils,
De Besançon au cap Nord… Chiche !
Besançon – le cap Nord…
Partir en solitaire, un défi pour un si long voyage à vélo !
Il faut donc relever la bravade par un premier coup de pédale. Mes premiers voyages de cinq-cents kilomètres, qu’aujourd’hui je considère comme de courtes distances, m’ont fait découvrir ce qui m’apportait de l’étonnement, de multiples surprises et surtout, ce qui me procurait un véritable sentiment de liberté. Au fur et à mesure, j’ai allongé ces dernières années mes périples avec parfois une impression de frustration. À mon retour, ce n’était jamais assez…
Celui-ci sera le plus long, le plus ambitieux que j’aurai entrepris !
Toutes mes pérégrinations à vélo ont été l’occasion de faire des rencontres magiques, de découvrir des paysages magnifiques, de vivre des surprises émouvantes. Quand je pédale, j’éprouve un grand sentiment de liberté. Je deviens philosophe, poète, artiste.
Je partage mes réflexions et mes sentiments, mes efforts aussi, avec les cyclotouristes qui m’accompagnent quelquefois sur des dizaines de kilomètres. Certains me disent que croiser une dame de mon âge, j’ai soixante-huit ans, seule, à vélo, partant si loin, les aide et les motive. Moi aussi je suis très enthousiaste et je continue, le nez au vent et les sourires dans mon baluchon.
Mais le plus amusant et flatteur aussi, je l’avoue, c’est de lire dans le regard de certains l’étonnement, l’admiration et le respect. Parfois même, on me perçoit comme une personne « perchée à l’âme romantique ». Mais tous font preuve d’humanité. Ils sont accueillants, aimables, généreux et surtout émerveillés !
Certaines amies m’ont attribué le terme de « jeunior ». D’autres sont subjuguées. Rares sont celles qui me regardent d’un air circonspect voire dubitatif. Ma fille Caroline, qui sait que je ne suis pas une personne éthérée et que je n’outrepasserai pas mes capacités physiques, me fait confiance et c’est important. De cette façon, je pars tranquille pour ce long voyage, l’esprit léger.
Quant à Gaël, mon petit-fils, adepte de cyclotourisme depuis nos échappées complices, il sera penché sur les cartes, à tracer mon parcours et à dessiner des campings et des restaurants.
Mais je sais qu’au fond de lui, il aimerait partir avec moi pour pouvoir cueillir les cadeaux comme autant de fleurs magiques parce qu’il est sûr que je vais rencontrer le père Noël au cap Nord !
Enfin, pour mon retour, fin août 2022, lorsque je prendrai l’avion à Alta en Norvège, mes sacoches, mon cœur, ma tête, mes jambes aussi, seront sans doute pleins de souvenirs, de rencontres, de paysages, de saines fatigues qui me rendront heureuse et fière d’avoir fait ce que j’aurai fait en trois mois.
When : 5/15/22
Length : 94 days
Length : 94 days
Total distance :
5638km
Height difference :
+26238m /
-26332m
Alti min/max : -1m/488m
Guidebook created by Jacqueline25
on 09 May 2022
updated on 14 Apr 2023
updated on 14 Apr 2023
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Guidebook : Section 20. Du 14 août au 24 août.. (updated : 05 Jan)
Description :
Olderfjord / Kåfjord / North Cape Tunnel / Île de Magerøya / Honningsvåg / Cap Nord / Skarsvåg / Honningsvåg / Alta /Besançon
Report : Section 20. Du 14 août au 24 août.. (updated : 05 Jan)
Dimanche 14 août – 92e jour
Olderfjord / Kåfjord / Nordkapptunnelen / Île de Magerøya / Honningsvåg – 100 km
Le tunnel ! Le réputé ! Le pire des pires…
Aujourd’hui je vais arriver sur l’île de Magerøya, l’île du cap Nord. Je n’en reviens pas. Je suis à proximité de mon but. La fin de l’aventure approche !
Je me suis réconciliée avec les tunnels norvégiens. Le premier de la journée n’est pas difficile ; peu de circulation. À la fin de cette étape, je dois traverser l’« illustre » sous la mer, celui dont tous les cyclo-voyageurs parlent. Je ne suis pas dans les temps pour le prendre soit en début de nuit, soit très tôt le matin. Je n’ai aucune crainte. Juan Carlos m’a avertie que ça s'était vraiment bien passé pour lui, alors que nous avions pensé mourir tous les deux dans celui de Leknes.
Je longe les fjords, je suis leurs courbes, je les contourne passant d’une rive à l’autre. La route est à flanc de montagne, le site est absolument splendide. L’extrémité des fjords est agrémenté de petites plages avec une eau d’une couleur magnifique nuancée de vert et de bleu. Si l’idée de me baigner me traverse l’esprit, je ne la retiens surtout pas à cause de la température de l’air qui doit être sous les dix degrés.
La prévision de Youn arrive progressivement. Petit à petit il m’est difficile d’avancer. Le vent arrive, grossit, souffle en violentes rafales. Lorsque je l’ai dans le dos tout va bien, mais la route n’est pas linéaire. Le tracé sur ma carte détaillée me communique de bonnes informations. En effet, je peux prévoir où vont se situer les rafales latérales en fonction des courbes. Ces bourrasques sont les pires. Je descends vite de ma bicyclette. Je ne sais qui est accroché à l’autre, moi à mon vélo ou lui à moi, et arrimés l’un à l’autre j’attends, je reprends mon souffle, j’espère que la tempête va faiblir pour reprendre ma progression. Fort heureusement, il ne pleut pas. Lorsque je perçois un bus derrière moi, je m’arrête, car le phénomène est brutal. Je suis aspirée par lui, pour ensuite être expulsée sur le bas-côté. C’est quand même une sacrée aventure !
Dans une ligne droite, je vois au loin un cyclo-voyageur. Il progresse avec difficulté. Vent de face pour lui et vent de dos pour moi. Je l’observe, je le photographie. Il avance très lentement en luttant, il zigzague. Malgré les marques de l’effort sur son visage et grâce à son gabarit de sportif, il reste un cyclotouriste fort séduisant.
Il revient du cap Nord. Il vient vers moi et me dit que c’est très difficile pour lui, que les rafales latérales sont dangereuses, puisqu’on est projeté de droite et de gauche. Enfin, nous sommes dans la même galère… Nous repartons rapidement chacun dans nos directions opposées. Il faut avancer, les conditions sont difficiles.
Néanmoins, c’est un peu plus facile pour moi, étant donné que j’ai régulièrement le vent de dos. Je suis aussi habituée à être la Française poussant son vélo dans les montagnes norvégiennes. Mais pour certains, il est hors de question de poser le pied au sol.
Plus loin, Géraldine, une jeune Française, arrive à ma hauteur. Elle a très peu de bagages, roule en mode bike packing, c’est-à-dire que son vélo est équipé d’une bagagerie légère. C’est une version minimaliste du cyclotourisme. Elle participe à la NorthCape 4000, une course de trois-mille-huit-cents kilomètres qui débute en Italie et rejoint le cap Nord. Elle traverse six pays et doit être bouclée dans un délai maximum de vingt-deux jours. C’est-à-dire cent-soixante-treize kilomètres par jour ! Géraldine a été disqualifiée, parce qu’elle aurait dû arriver la veille. La pauvre !
Mais bravo à elle ! Je pense que les derniers devraient être congratulés, ils sont méritants. Ces bons perdants arrivent à la fin de leur course dans le plus pur anonymat. Comme nous, somme toute.
Il est dix-huit heure trente. J’arrive au tunnel hors du commun. J’ai décidé depuis un certain temps que je le prendrais, ce cylindre coriace. Si près du but, je ne vais pas me défausser quand même !
Je fais une petite pause, je regarde son entrée, j’allume tous mes éclairages et pour finir j’entre lentement. J’ai l’impression de m’engouffrer dans les ténèbres. Au moins, je suis à l’abri du vent. La température chute de dix degrés en quelques minutes et l’eau qui coule sur les parois intérieures est gelée à certains endroits. Je suis tout à fait sereine. À ma droite, un trottoir étroit mais suffisant pourra me permettre de l’emprunter en cas de besoin. La chaussée annoncée glissante, ne l’est pas. Je me suis bien vêtue. Jordan m’a dit qu’il avait eu très froid au cours de sa traversée.
Ce tunnel a une longueur de 6870 mètres et s’abaisse de deux-cent-douze mètres pour arriver au plancher sous-marin. Ensuite il faut remonter. Allez Allez ! Je dois y aller, je dois avancer, je dois m’élancer ! Il le faut… je ne vais pas capituler en si bon chemin.
Et c’est parti ! Je dévale la pente ! Je ralentis pour ne pas prendre trop de vitesse… Marine, Damien et leurs chiens ont fait une pointe à 62 km/h.
Je n’ai pas froid. Les voitures, les camping-cars et les camions font un bruit d’enfer dans cet espace fermé. Il m’est impossible de savoir s’ils arrivent devant ou derrière moi. C’est toujours comme ça à vélo sous les tunnels. Les bruits glissent contre les parois, rebondissent, se font écho et s’entrechoquent. Les sons sont tapageurs, ils donnent l’impression de se battre contre tout ce qui se met en travers de leur route. C’est étrange ! C’est assourdissant ! Cela fait peur !
Le trafic est fluide.
Je suis rapidement au fond de la mer après environ trois kilomètres. Puis je fais un ou deux kilomètres à plat, et j’entame la remontée. Ça va ! J’y arrive tranquillement. Mais petit à petit j’ai horriblement chaud. Je me suis entraînée cet hiver par des températures négatives. Je résiste bien au froid. Mais si je m’arrête, je ne pourrai pas repartir. Ce serait trop dangereux de zigzaguer dans la côte avant de reprendre un peu de vitesse. Vraiment un peu, car malgré mes progrès, je ne suis pas encore une fortiche dans les montées à neuf pour cent.
Mais j’ai vraiment trop chaud. En bonne native du Haut-Doubs je n’aime pas avoir chaud, et bing… Je m’arrête ! Je me mets hors de portée des véhicules en me réfugiant sur le trottoir. Je retire blouson, gants, tour de cou, bonnet… Ouf ! Je me sens mieux. Je repars à pied poussant mon vélo sur le trottoir. Je ne serai pas disqualifiée. Heureusement ! Et je n’ai pas d’exploit à accomplir… Au moins, je vais profiter du renommé tunnel, le tunnel du Cap-Nord, le Nordkapptunnelen. Il me reste environ trois kilomètres à pied en poussant mon poids lourd dans une côte à neuf pour cent... Je peux dire que je vais avoir le temps de faire corps avec ce lieu, dans la terre et sous la mer, et avec une hauteur de deux-cent-douze mètres d’eau au-dessus de ma tête.
C’est à ce moment-là que Caroline et Gaël m’appellent en vidéo. Quelle heureuse coïncidence ! La réception dans la profondeur de cette mer est excellente. Je leur dévoile le tunnel. Ils sont heureux. Ils savent que de l’autre côté j’arriverai sur l’île du cap Nord. Je fais entendre à Gaël l’écho de mes cris, il est enchanté. Il veut que je crie encore plus, mais je dois avancer. Ils m’accompagnent plus d’une heure, jusqu’à la sortie. Gaël voit en direct mon arrivée sur ce qu’il croit être l’île du père Noël. Je suis comblée de bonheur ; Caroline ma fille et Gaël mon petit-fils ont participé à distance à mon arrivée sur l’île.
Cela a été facile, parfaitement réalisable. Tout bien considéré, je me demande pourquoi ce tunnel est nimbé d’une telle angoisse par ceux qui en parlent. Il n’y avait pas de quoi !
Un troupeau de rennes semble vouloir m’honorer à ma sortie, toutefois ils ont vite fait de filer en me voyant.
Je pose mes roues sur la petite île de Magerøya où se trouve, tout au nord de celle-ci, à trente ou quarante kilomètres, le cap Nord. Un autre tunnel de quatre kilomètres m’attend, juste avant d’arriver à la petite ville de Honningsvåg. Celui-ci ne passe pas sous la mer ! Donc pas de souci.
J’arrive encore bien tardivement au camping d’Honningsvåg où Jordan m’attend dans un chalet. Il a passé la soirée d’hier avec les garçons. Ces derniers sont partis ce matin pour le cap Nord dans une abominable tempête de vent, bien au-delà de celle que j’ai connue durant ma journée. Selon la vidéo qu’ils ont postée, ils sont courbés, poussent très péniblement leurs vélos, et avancent centimètre par centimètre. Ils sont intrépides, ils bravent les dangers. Il est certain que je les rencontrerai demain au cours de la journée, lorsqu’ils redescendront du cap Nord.
Quant à moi, j’ai décidé d’arriver seule au cap Nord, autonome, libre, sans contrainte, non attendue.
Olderfjord / Kåfjord / Nordkapptunnelen / Île de Magerøya / Honningsvåg – 100 km
Le tunnel ! Le réputé ! Le pire des pires…
Aujourd’hui je vais arriver sur l’île de Magerøya, l’île du cap Nord. Je n’en reviens pas. Je suis à proximité de mon but. La fin de l’aventure approche !
Je me suis réconciliée avec les tunnels norvégiens. Le premier de la journée n’est pas difficile ; peu de circulation. À la fin de cette étape, je dois traverser l’« illustre » sous la mer, celui dont tous les cyclo-voyageurs parlent. Je ne suis pas dans les temps pour le prendre soit en début de nuit, soit très tôt le matin. Je n’ai aucune crainte. Juan Carlos m’a avertie que ça s'était vraiment bien passé pour lui, alors que nous avions pensé mourir tous les deux dans celui de Leknes.
Je longe les fjords, je suis leurs courbes, je les contourne passant d’une rive à l’autre. La route est à flanc de montagne, le site est absolument splendide. L’extrémité des fjords est agrémenté de petites plages avec une eau d’une couleur magnifique nuancée de vert et de bleu. Si l’idée de me baigner me traverse l’esprit, je ne la retiens surtout pas à cause de la température de l’air qui doit être sous les dix degrés.
La prévision de Youn arrive progressivement. Petit à petit il m’est difficile d’avancer. Le vent arrive, grossit, souffle en violentes rafales. Lorsque je l’ai dans le dos tout va bien, mais la route n’est pas linéaire. Le tracé sur ma carte détaillée me communique de bonnes informations. En effet, je peux prévoir où vont se situer les rafales latérales en fonction des courbes. Ces bourrasques sont les pires. Je descends vite de ma bicyclette. Je ne sais qui est accroché à l’autre, moi à mon vélo ou lui à moi, et arrimés l’un à l’autre j’attends, je reprends mon souffle, j’espère que la tempête va faiblir pour reprendre ma progression. Fort heureusement, il ne pleut pas. Lorsque je perçois un bus derrière moi, je m’arrête, car le phénomène est brutal. Je suis aspirée par lui, pour ensuite être expulsée sur le bas-côté. C’est quand même une sacrée aventure !
Dans une ligne droite, je vois au loin un cyclo-voyageur. Il progresse avec difficulté. Vent de face pour lui et vent de dos pour moi. Je l’observe, je le photographie. Il avance très lentement en luttant, il zigzague. Malgré les marques de l’effort sur son visage et grâce à son gabarit de sportif, il reste un cyclotouriste fort séduisant.
Il revient du cap Nord. Il vient vers moi et me dit que c’est très difficile pour lui, que les rafales latérales sont dangereuses, puisqu’on est projeté de droite et de gauche. Enfin, nous sommes dans la même galère… Nous repartons rapidement chacun dans nos directions opposées. Il faut avancer, les conditions sont difficiles.
Néanmoins, c’est un peu plus facile pour moi, étant donné que j’ai régulièrement le vent de dos. Je suis aussi habituée à être la Française poussant son vélo dans les montagnes norvégiennes. Mais pour certains, il est hors de question de poser le pied au sol.
Plus loin, Géraldine, une jeune Française, arrive à ma hauteur. Elle a très peu de bagages, roule en mode bike packing, c’est-à-dire que son vélo est équipé d’une bagagerie légère. C’est une version minimaliste du cyclotourisme. Elle participe à la NorthCape 4000, une course de trois-mille-huit-cents kilomètres qui débute en Italie et rejoint le cap Nord. Elle traverse six pays et doit être bouclée dans un délai maximum de vingt-deux jours. C’est-à-dire cent-soixante-treize kilomètres par jour ! Géraldine a été disqualifiée, parce qu’elle aurait dû arriver la veille. La pauvre !
Mais bravo à elle ! Je pense que les derniers devraient être congratulés, ils sont méritants. Ces bons perdants arrivent à la fin de leur course dans le plus pur anonymat. Comme nous, somme toute.
Il est dix-huit heure trente. J’arrive au tunnel hors du commun. J’ai décidé depuis un certain temps que je le prendrais, ce cylindre coriace. Si près du but, je ne vais pas me défausser quand même !
Je fais une petite pause, je regarde son entrée, j’allume tous mes éclairages et pour finir j’entre lentement. J’ai l’impression de m’engouffrer dans les ténèbres. Au moins, je suis à l’abri du vent. La température chute de dix degrés en quelques minutes et l’eau qui coule sur les parois intérieures est gelée à certains endroits. Je suis tout à fait sereine. À ma droite, un trottoir étroit mais suffisant pourra me permettre de l’emprunter en cas de besoin. La chaussée annoncée glissante, ne l’est pas. Je me suis bien vêtue. Jordan m’a dit qu’il avait eu très froid au cours de sa traversée.
Ce tunnel a une longueur de 6870 mètres et s’abaisse de deux-cent-douze mètres pour arriver au plancher sous-marin. Ensuite il faut remonter. Allez Allez ! Je dois y aller, je dois avancer, je dois m’élancer ! Il le faut… je ne vais pas capituler en si bon chemin.
Et c’est parti ! Je dévale la pente ! Je ralentis pour ne pas prendre trop de vitesse… Marine, Damien et leurs chiens ont fait une pointe à 62 km/h.
Je n’ai pas froid. Les voitures, les camping-cars et les camions font un bruit d’enfer dans cet espace fermé. Il m’est impossible de savoir s’ils arrivent devant ou derrière moi. C’est toujours comme ça à vélo sous les tunnels. Les bruits glissent contre les parois, rebondissent, se font écho et s’entrechoquent. Les sons sont tapageurs, ils donnent l’impression de se battre contre tout ce qui se met en travers de leur route. C’est étrange ! C’est assourdissant ! Cela fait peur !
Le trafic est fluide.
Je suis rapidement au fond de la mer après environ trois kilomètres. Puis je fais un ou deux kilomètres à plat, et j’entame la remontée. Ça va ! J’y arrive tranquillement. Mais petit à petit j’ai horriblement chaud. Je me suis entraînée cet hiver par des températures négatives. Je résiste bien au froid. Mais si je m’arrête, je ne pourrai pas repartir. Ce serait trop dangereux de zigzaguer dans la côte avant de reprendre un peu de vitesse. Vraiment un peu, car malgré mes progrès, je ne suis pas encore une fortiche dans les montées à neuf pour cent.
Mais j’ai vraiment trop chaud. En bonne native du Haut-Doubs je n’aime pas avoir chaud, et bing… Je m’arrête ! Je me mets hors de portée des véhicules en me réfugiant sur le trottoir. Je retire blouson, gants, tour de cou, bonnet… Ouf ! Je me sens mieux. Je repars à pied poussant mon vélo sur le trottoir. Je ne serai pas disqualifiée. Heureusement ! Et je n’ai pas d’exploit à accomplir… Au moins, je vais profiter du renommé tunnel, le tunnel du Cap-Nord, le Nordkapptunnelen. Il me reste environ trois kilomètres à pied en poussant mon poids lourd dans une côte à neuf pour cent... Je peux dire que je vais avoir le temps de faire corps avec ce lieu, dans la terre et sous la mer, et avec une hauteur de deux-cent-douze mètres d’eau au-dessus de ma tête.
C’est à ce moment-là que Caroline et Gaël m’appellent en vidéo. Quelle heureuse coïncidence ! La réception dans la profondeur de cette mer est excellente. Je leur dévoile le tunnel. Ils sont heureux. Ils savent que de l’autre côté j’arriverai sur l’île du cap Nord. Je fais entendre à Gaël l’écho de mes cris, il est enchanté. Il veut que je crie encore plus, mais je dois avancer. Ils m’accompagnent plus d’une heure, jusqu’à la sortie. Gaël voit en direct mon arrivée sur ce qu’il croit être l’île du père Noël. Je suis comblée de bonheur ; Caroline ma fille et Gaël mon petit-fils ont participé à distance à mon arrivée sur l’île.
Cela a été facile, parfaitement réalisable. Tout bien considéré, je me demande pourquoi ce tunnel est nimbé d’une telle angoisse par ceux qui en parlent. Il n’y avait pas de quoi !
Un troupeau de rennes semble vouloir m’honorer à ma sortie, toutefois ils ont vite fait de filer en me voyant.
Je pose mes roues sur la petite île de Magerøya où se trouve, tout au nord de celle-ci, à trente ou quarante kilomètres, le cap Nord. Un autre tunnel de quatre kilomètres m’attend, juste avant d’arriver à la petite ville de Honningsvåg. Celui-ci ne passe pas sous la mer ! Donc pas de souci.
J’arrive encore bien tardivement au camping d’Honningsvåg où Jordan m’attend dans un chalet. Il a passé la soirée d’hier avec les garçons. Ces derniers sont partis ce matin pour le cap Nord dans une abominable tempête de vent, bien au-delà de celle que j’ai connue durant ma journée. Selon la vidéo qu’ils ont postée, ils sont courbés, poussent très péniblement leurs vélos, et avancent centimètre par centimètre. Ils sont intrépides, ils bravent les dangers. Il est certain que je les rencontrerai demain au cours de la journée, lorsqu’ils redescendront du cap Nord.
Quant à moi, j’ai décidé d’arriver seule au cap Nord, autonome, libre, sans contrainte, non attendue.
Lundi 15 août – 93e jour
Honningsvåg / Cap Nord – 38 km
Le bout du monde, le vrai !
Dans la toundra de la Laponie norvégienne, fief de quelques troupeaux de rennes, je pense à Gaël et à Caroline qui avaient rapetissé au bout du chemin lors de mon départ. C’était émouvant ! Lorsque j’étais déjà au loin, je me suis retournée, eux aussi, pour un dernier au revoir. Caroline était inquiète, mais fière aussi, car je partais seule pour ce qui semblait être le bout du monde, avec mon vélo chargé de ses sacoches vertes. Et aujourd’hui, je vais y arriver, j’y suis presque… Je n’y crois pas !
Dès le départ du camping, une bonne côte à neuf pour cent m’attend. Je ne fais pas trop d’efforts. Je marche, je pousse mon vélo et je parle au téléphone avec mon amie Monique. Je lui raconte ce que je vois, cette vue un peu folle, ce paysage complètement décharné, cette beauté sauvage, cette route extraordinaire, ces vallées rocailleuses, ondoyantes, à peine verdoyantes, parsemées de lacs et de fjords, ces collines fatiguées par le vent. Peut-être suis-je sur la Lune ! Peut-être suis-je dans l’ivresse du voyage !
Je poursuis… Ça grimpe parfois à quatorze pour cent.
Je ne suis pas près d’arriver !
Un camping-car s’arrête à mes côtés, c’est Monika et Wolfgang que j’ai rencontrés à un point de vue il y a quelques jours. Nous sommes enchantés de nous revoir.
Les amis motards me font signe avec la main, avec le pouce, avec le biceps, pour me dire que je suis quand même forte, à vélo dans ces côtes. Enfin, à pied, poussant mon vélo dans ces côtes. Je fais un peu partie de leur confrérie à deux roues, ils m’ont toujours fait signe depuis mon départ.
C’est pareil au Piton de la Fournaise à la Réunion. On a toujours l’impression qu’on arrive, mais chaque virage, chaque rocher cachent une nouvelle côte. Il faut donc continuer, poursuivre, persévérer, s’armer de patience.
Je vais terminer mon voyage, je vais atteindre le mythique cap Nord, au bout de l’Europe, en haut du monde, but ultime de mon voyage « de Besançon au cap Nord à vélo ». L’émotion est très forte…
Je fais durer le plaisir de ce dernier cheminement avant d’arriver. Je mets quatre heures trente pour faire à peine trente kilomètres. J’ai battu mon record de lenteur. Cette immersion lente me donne l’impression de faire encore plus partie des éléments, d’être en harmonie parfaite avec les paysages. Je suis intégrée, assimilée, absorbée dans la splendeur naturelle du pays.
Je croise les quatre garçons. Leur but a été atteint hier malgré une météo épouvantable.
Quelque chose s’est éteint dans leur regard… Ils ont terminé. Ils ont vu le cap Nord.
Quelle générosité ils ont eue envers moi !
Quelle prévenance ils ont eue à mon égard !
Quels moments de franche rigolade nous avons partagés ensemble !
Quelle belle rencontre avec eux…Ils ont transformé mon voyage.
Nous nous séparons…
Et la route se termine… Comme le reste de l’île, le paysage est composé de toundra, vierge d’arbres.
Je suis arrivée au terme de l’improbable voyage d’une grand-mère de Besançon, partie seule à vélo au cap Nord.
J’ai perdu la notion du temps. Je ne sais plus si je suis partie il y a peu ou longtemps. Après réflexion, je peux néanmoins affirmer que j’ai mis trois mois jour pour jour. Je suis partie le 15 mai et j’arrive aujourd’hui, le 15 août 2022.
J’y suis ! Je pose les pieds au bout du monde.
Je suis au cap Nord. Je n’y crois pas…
Je vois la sculpture en fer qui représente le globe terrestre.
J’admire la falaise de trois-cent-sept mètres, dominant les océans Atlantique et Arctique.
Le soleil rayonne, il m’accueille !
L’émotion m’étreint…
Je pense à Caroline, à Gaël et à Antoine,
Je pense à Claude,
Je pense à ma mère Rolande et à mon père Vittorio,
Je pense à ma sœur Dominique, à mon frère Daniel, à Cécile, à Dom… à ma nièce et à mes neveux, aux autres… Chantal, Cocotte…
Je pense à mes chères amies et chers amis, Nadine, Monique, Michèle, Nicole, Agnès, Jocelyne, Catherine et Alain, Marie-Jo, Éliane, Annick, Marie-France et Jean-Louis, Martine et Daniel…
Je pense aux six garçons, Ewen, Youn, Emiel, Andréas, Juan Carlos et Rafael,
Je pense à Stéphane, à Paul et à Rupert,
Je pense aux Frenchies en Norvège, Marine et Damien, Marion et Gauthier, Sarah et Joris, Ando,
Je pense à Maryline et à Radia,
Je pense à Inger…
Je pense à ceux qui m’ont suivie en lisant mon récit sur Carnet d’Aventures.
Mais je n’ai pas assez de temps pour penser plus.
Je veux voir le soleil tomber dans la mer ! Mais c’est encore trop tôt.
Puis je suis prise dans un véritable tourbillon…
Je suis venue à vélo, j’ai fait plus de six-mille-cinq-cents kilomètres perchée sur mon vélo.
C’est mon plus long voyage à vélo.
Je me retrouve engloutie par les bras de Monika. Elle et Wolfgang m’invitent pour le dîner de ce soir dans leur camping-car. Monika n’est en rien le pendant de Wolfgang, qui, lui, est discret, modéré. Elle est un volcan de paroles, de gestes fraternels, de touchers. Elle était ébéniste, elle me touche comme si j’étais son œuvre. Son dynamisme est incommensurable.
Je m’extrais des bras de Monika pour fêter avec Jordan nos arrivées respectives. Pas de camping, pas de douche, pas de robe à paillettes. Mais nous buvons du prosecco. Nous dégustons des vaflers en forme de cœur. Nous partageons notre allégresse avec d’autres cyclo-voyageurs. Nous sommes tous très euphoriques d’avoir fait ce que nous avons fait.
Pour une série de photos sous le soleil de cette fin de journée mémorable, je demande à trois costauds de monter mon vélo sur la plateforme du globe. Ils sont surpris par le poids, rencontrent bien des difficultés pour le hisser et encore plus pour le redescendre. Ce n’est pas peine perdue, les photos sont magnifiques.
La sensation est indescriptible, fierté, joie, satisfaction. Je suis d’une alacrité extraordinaire.
J’ai réussi !
L’air du cap Nord m’envoûte.
Honningsvåg / Cap Nord – 38 km
Le bout du monde, le vrai !
Dans la toundra de la Laponie norvégienne, fief de quelques troupeaux de rennes, je pense à Gaël et à Caroline qui avaient rapetissé au bout du chemin lors de mon départ. C’était émouvant ! Lorsque j’étais déjà au loin, je me suis retournée, eux aussi, pour un dernier au revoir. Caroline était inquiète, mais fière aussi, car je partais seule pour ce qui semblait être le bout du monde, avec mon vélo chargé de ses sacoches vertes. Et aujourd’hui, je vais y arriver, j’y suis presque… Je n’y crois pas !
Dès le départ du camping, une bonne côte à neuf pour cent m’attend. Je ne fais pas trop d’efforts. Je marche, je pousse mon vélo et je parle au téléphone avec mon amie Monique. Je lui raconte ce que je vois, cette vue un peu folle, ce paysage complètement décharné, cette beauté sauvage, cette route extraordinaire, ces vallées rocailleuses, ondoyantes, à peine verdoyantes, parsemées de lacs et de fjords, ces collines fatiguées par le vent. Peut-être suis-je sur la Lune ! Peut-être suis-je dans l’ivresse du voyage !
Je poursuis… Ça grimpe parfois à quatorze pour cent.
Je ne suis pas près d’arriver !
Un camping-car s’arrête à mes côtés, c’est Monika et Wolfgang que j’ai rencontrés à un point de vue il y a quelques jours. Nous sommes enchantés de nous revoir.
Les amis motards me font signe avec la main, avec le pouce, avec le biceps, pour me dire que je suis quand même forte, à vélo dans ces côtes. Enfin, à pied, poussant mon vélo dans ces côtes. Je fais un peu partie de leur confrérie à deux roues, ils m’ont toujours fait signe depuis mon départ.
C’est pareil au Piton de la Fournaise à la Réunion. On a toujours l’impression qu’on arrive, mais chaque virage, chaque rocher cachent une nouvelle côte. Il faut donc continuer, poursuivre, persévérer, s’armer de patience.
Je vais terminer mon voyage, je vais atteindre le mythique cap Nord, au bout de l’Europe, en haut du monde, but ultime de mon voyage « de Besançon au cap Nord à vélo ». L’émotion est très forte…
Je fais durer le plaisir de ce dernier cheminement avant d’arriver. Je mets quatre heures trente pour faire à peine trente kilomètres. J’ai battu mon record de lenteur. Cette immersion lente me donne l’impression de faire encore plus partie des éléments, d’être en harmonie parfaite avec les paysages. Je suis intégrée, assimilée, absorbée dans la splendeur naturelle du pays.
Je croise les quatre garçons. Leur but a été atteint hier malgré une météo épouvantable.
Quelque chose s’est éteint dans leur regard… Ils ont terminé. Ils ont vu le cap Nord.
Quelle générosité ils ont eue envers moi !
Quelle prévenance ils ont eue à mon égard !
Quels moments de franche rigolade nous avons partagés ensemble !
Quelle belle rencontre avec eux…Ils ont transformé mon voyage.
Nous nous séparons…
Et la route se termine… Comme le reste de l’île, le paysage est composé de toundra, vierge d’arbres.
Je suis arrivée au terme de l’improbable voyage d’une grand-mère de Besançon, partie seule à vélo au cap Nord.
J’ai perdu la notion du temps. Je ne sais plus si je suis partie il y a peu ou longtemps. Après réflexion, je peux néanmoins affirmer que j’ai mis trois mois jour pour jour. Je suis partie le 15 mai et j’arrive aujourd’hui, le 15 août 2022.
J’y suis ! Je pose les pieds au bout du monde.
Je suis au cap Nord. Je n’y crois pas…
Je vois la sculpture en fer qui représente le globe terrestre.
J’admire la falaise de trois-cent-sept mètres, dominant les océans Atlantique et Arctique.
Le soleil rayonne, il m’accueille !
L’émotion m’étreint…
Je pense à Caroline, à Gaël et à Antoine,
Je pense à Claude,
Je pense à ma mère Rolande et à mon père Vittorio,
Je pense à ma sœur Dominique, à mon frère Daniel, à Cécile, à Dom… à ma nièce et à mes neveux, aux autres… Chantal, Cocotte…
Je pense à mes chères amies et chers amis, Nadine, Monique, Michèle, Nicole, Agnès, Jocelyne, Catherine et Alain, Marie-Jo, Éliane, Annick, Marie-France et Jean-Louis, Martine et Daniel…
Je pense aux six garçons, Ewen, Youn, Emiel, Andréas, Juan Carlos et Rafael,
Je pense à Stéphane, à Paul et à Rupert,
Je pense aux Frenchies en Norvège, Marine et Damien, Marion et Gauthier, Sarah et Joris, Ando,
Je pense à Maryline et à Radia,
Je pense à Inger…
Je pense à ceux qui m’ont suivie en lisant mon récit sur Carnet d’Aventures.
Mais je n’ai pas assez de temps pour penser plus.
Je veux voir le soleil tomber dans la mer ! Mais c’est encore trop tôt.
Puis je suis prise dans un véritable tourbillon…
Je suis venue à vélo, j’ai fait plus de six-mille-cinq-cents kilomètres perchée sur mon vélo.
C’est mon plus long voyage à vélo.
Je me retrouve engloutie par les bras de Monika. Elle et Wolfgang m’invitent pour le dîner de ce soir dans leur camping-car. Monika n’est en rien le pendant de Wolfgang, qui, lui, est discret, modéré. Elle est un volcan de paroles, de gestes fraternels, de touchers. Elle était ébéniste, elle me touche comme si j’étais son œuvre. Son dynamisme est incommensurable.
Je m’extrais des bras de Monika pour fêter avec Jordan nos arrivées respectives. Pas de camping, pas de douche, pas de robe à paillettes. Mais nous buvons du prosecco. Nous dégustons des vaflers en forme de cœur. Nous partageons notre allégresse avec d’autres cyclo-voyageurs. Nous sommes tous très euphoriques d’avoir fait ce que nous avons fait.
Pour une série de photos sous le soleil de cette fin de journée mémorable, je demande à trois costauds de monter mon vélo sur la plateforme du globe. Ils sont surpris par le poids, rencontrent bien des difficultés pour le hisser et encore plus pour le redescendre. Ce n’est pas peine perdue, les photos sont magnifiques.
La sensation est indescriptible, fierté, joie, satisfaction. Je suis d’une alacrité extraordinaire.
J’ai réussi !
L’air du cap Nord m’envoûte.
Avec Jordan. Le cap Nord est l’aboutissement de la première partie de son voyage européen. Il rentrera en fin d’année chez lui pour repartir pendant cinq années parcourir les Amériques et l’Asie. Vive Jordan le grand cyclo-voyageur transportant son bateau.
Merci à vous tous qui m’avez suivie sur Carnets d’Aventures. Vous avez été d’un grand réconfort, vous m’avez permis d’écrire après mes longues journées de pédalage.
Mardi 16 août – 94e jour
Cap Nord – 10 km à pied
De peur de m’envoler…
Je décide de prendre mon temps au cap Nord. C’est mon but ultime. La fin de mon voyage. Jordan aussi veut faire une petite pause. C’est une étape importante au cours de son long voyage. Il a mis huit mois jour pour jour pour arriver ici.
Je commence ma journée par un petit déjeuner gargantuesque, à un prix modique pour les cyclotouristes, au Nordkapphallen ; vaste hall de pierre et de verre surmonté d’un globe blanc, qui abrite une grotte, un cinéma, un bar et un restaurant.
Je pars à pied pour l’anse de Hornvika afin de voir où débarquaient autrefois les voyageurs. Je rencontre un petit troupeau de rennes. Ces animaux me fascinent. Lorsque je parle de cette fascination à un Norvégien du nord, il reste surpris. Être fasciné par une vache chez nous, serait du même registre !
Mais c’est comme ça ! Je ne me lasse pas de regarder les rennes. Je tente de m’en approcher, ils me paraissent inoffensifs. Enfin me semble-t-il ! Comme je l’ai déjà dit j’ai une peur irraisonnée des animaux.
Les rennes me regardent. Ils sont paisibles. Femelles aussi bien que mâles sont coiffés de bois aujourd’hui majestueux mais étrangement scalpés pendant les longs mois d’hiver polaire. À cette époque de l’année, leur entretien mobilise beaucoup d’énergie de la part de l’organisme de l’animal. Cette énergie sera, pendant l’hiver, davantage consacrée à la survie.
En fin de journée, un vent terrible se lève. Jordan n’a pas pris le temps d’arrimer sa tente avec des sardines. Seules les ficelles la retiennent à de gros cailloux. C’est une excellente tente finlandaise quatre saisons. Elle s’envole, passe au-dessus de la mienne en la frôlant. Heureusement, une lanière du tapis de sol de la tente volante reste accrochée au guidon de mon vélo couché derrière ma tente. C’est une chance inouïe, sinon elle aurait été emportée, ainsi que tout le couchage, directement dans la mer au bas de la falaise.
Ce vent furieux et enragé, dure toute la nuit, donnant l’impression de vouloir déchirer toutes les attaches des haubans de ma tente. Pas très rassurée, je dors peu. Je confonds ce vent violent avec une tornade, je n’ose pas sortir de cette frêle habitation qui semble vouloir exploser à cause de ce vent s’engouffrant sous le double toit. Je crains de m’envoler. Là non plus, ce n’est pas très raisonné.
Je prends mon courage à deux mains à six heures du matin pour m’extirper petit à petit de cet antre de tissu et je m’aperçois qu’il en faut encore beaucoup plus pour me décoller du sol. Je peux affirmer que ma petite tente Vaude résiste bien au vent du cap Nord de plus de dix heures d’affilée. D’autres n’auront pas cette chance !
Je ne vois donc pas le soleil se lever.
Je pensais voir le soleil de minuit, mais c’est terminé, j’ai dix-sept jours de retard. Il est visible du 13 mai au 29 juillet. À l’inverse, c’est trop tôt pour la nuit polaire qui commencera le 18 novembre pour finir le 23 janvier.
Cap Nord – 10 km à pied
De peur de m’envoler…
Je décide de prendre mon temps au cap Nord. C’est mon but ultime. La fin de mon voyage. Jordan aussi veut faire une petite pause. C’est une étape importante au cours de son long voyage. Il a mis huit mois jour pour jour pour arriver ici.
Je commence ma journée par un petit déjeuner gargantuesque, à un prix modique pour les cyclotouristes, au Nordkapphallen ; vaste hall de pierre et de verre surmonté d’un globe blanc, qui abrite une grotte, un cinéma, un bar et un restaurant.
Je pars à pied pour l’anse de Hornvika afin de voir où débarquaient autrefois les voyageurs. Je rencontre un petit troupeau de rennes. Ces animaux me fascinent. Lorsque je parle de cette fascination à un Norvégien du nord, il reste surpris. Être fasciné par une vache chez nous, serait du même registre !
Mais c’est comme ça ! Je ne me lasse pas de regarder les rennes. Je tente de m’en approcher, ils me paraissent inoffensifs. Enfin me semble-t-il ! Comme je l’ai déjà dit j’ai une peur irraisonnée des animaux.
Les rennes me regardent. Ils sont paisibles. Femelles aussi bien que mâles sont coiffés de bois aujourd’hui majestueux mais étrangement scalpés pendant les longs mois d’hiver polaire. À cette époque de l’année, leur entretien mobilise beaucoup d’énergie de la part de l’organisme de l’animal. Cette énergie sera, pendant l’hiver, davantage consacrée à la survie.
En fin de journée, un vent terrible se lève. Jordan n’a pas pris le temps d’arrimer sa tente avec des sardines. Seules les ficelles la retiennent à de gros cailloux. C’est une excellente tente finlandaise quatre saisons. Elle s’envole, passe au-dessus de la mienne en la frôlant. Heureusement, une lanière du tapis de sol de la tente volante reste accrochée au guidon de mon vélo couché derrière ma tente. C’est une chance inouïe, sinon elle aurait été emportée, ainsi que tout le couchage, directement dans la mer au bas de la falaise.
Ce vent furieux et enragé, dure toute la nuit, donnant l’impression de vouloir déchirer toutes les attaches des haubans de ma tente. Pas très rassurée, je dors peu. Je confonds ce vent violent avec une tornade, je n’ose pas sortir de cette frêle habitation qui semble vouloir exploser à cause de ce vent s’engouffrant sous le double toit. Je crains de m’envoler. Là non plus, ce n’est pas très raisonné.
Je prends mon courage à deux mains à six heures du matin pour m’extirper petit à petit de cet antre de tissu et je m’aperçois qu’il en faut encore beaucoup plus pour me décoller du sol. Je peux affirmer que ma petite tente Vaude résiste bien au vent du cap Nord de plus de dix heures d’affilée. D’autres n’auront pas cette chance !
Je ne vois donc pas le soleil se lever.
Je pensais voir le soleil de minuit, mais c’est terminé, j’ai dix-sept jours de retard. Il est visible du 13 mai au 29 juillet. À l’inverse, c’est trop tôt pour la nuit polaire qui commencera le 18 novembre pour finir le 23 janvier.
Le premier aventurier à poser le pied au cap Nord fut Francesco Négrier en 1664. Il convenait alors de débarquer en bateau dans l’anse de Hornvika et de finir à pied en grimpant dans les rochers. La route d’accès au cap Nord, celle que j’ai prise, n’a été ouverte qu’en 1956, inaugurant ainsi l’ère du tourisme.
Le cap Nord est une falaise de 300 mètres de haut qui tombe à pic dans l’azur intense de la mer de Barents.
Le célèbre Globe, monument en fer forgé édifié en 1977 est devenu l’emblème du cap.
Le célèbre Globe, monument en fer forgé édifié en 1977 est devenu l’emblème du cap.
Mercredi 17 août – 95e jour
Cap Nord / Skarsvåg – 12 km
Le vent furieux
Aujourd’hui, le vent est encore extrêmement violent. Il est impossible de repartir du cap à vélo. J’observe la tentative d’un cyclo-voyageur. Son vélo rouge n’est pas courant. Tous ses bagages sont réunis sur une plateforme à l’intérieur du cadre, conférant une longueur invraisemblable à son vélo. Il tente de s’élancer, s’arc-boutant face au vent. Après de grands efforts, il capitule. Il n’arrive pas à avancer. Le vent peut le projeter à terre. C’est trop dangereux.
Je peux dire que tous les phénomènes météorologiques n’ont fait qu’aller crescendo durant mon voyage.
Le cap Nord est une destination touristique, deux-cent mille personnes le visitent chaque année. C’est aussi le rendez-vous quotidien de dizaines de cars. Ce sont les passagers débarqués de l’Hurtigruten à Honningsvåg. Des dizaines de bus quotidiens les conduisent ici. Je plaide ma cause auprès des chauffeurs, mais ces bus ne peuvent me prendre à bord. Un chauffeur m’indique qu’un bus est possible pour moi en début d’après-midi. C’est parfait ! J’ai le temps de retourner au Nordkapphallen. L’entrée est payante, trente euros, mais gratuite pour les cyclistes.
Ce bâtiment date de 1988, c’est un lieu distrayant. J’ai donc le temps de regarder la vidéo qui illustre les divers aspects du cap Nord et de son environnement, par tous les temps, sous toutes les saisons. Elle montre aussi les pêcheurs et les peuplades Samies de la côte.
Une terrasse a été creusée dans le roc, tournée vers le nord. Elle offre une vue de l’immensité qui s’étend au-delà du cap.
Depuis les larges baies vitrées du complexe, je peux observer les touristes amenés par les bus. Ils sont âgés pour la plupart, se déplaçant péniblement pour rejoindre le globe. Ils sont munis bien souvent de cannes. Les couples se cramponnent l’un à l’autre et ce n’est pas ce vent furieux qui entravera leur marche pour se rendre jusqu’au globe du mythique cap Nord. Par vagues successives et régulières, la falaise se teinte d’une foule sombre et rapidement reprend sa couleur de pierre.
Ils sont au cap Nord ! Je suis aussi au cap Nord ! C’est presque entrer dans l’histoire, même si nous n’avons pas eu à grimper les rochers de l’anse de l’Hornvika.
Je prends le bus pour aller à douze kilomètres de là. Je tiens à visiter le village de pêcheurs de Skarsvåg. Cela semble peu vraisemblable de ne pas pouvoir faire face à ce vent au cours d’une descente de douze kilomètres !
Cap Nord / Skarsvåg – 12 km
Le vent furieux
Aujourd’hui, le vent est encore extrêmement violent. Il est impossible de repartir du cap à vélo. J’observe la tentative d’un cyclo-voyageur. Son vélo rouge n’est pas courant. Tous ses bagages sont réunis sur une plateforme à l’intérieur du cadre, conférant une longueur invraisemblable à son vélo. Il tente de s’élancer, s’arc-boutant face au vent. Après de grands efforts, il capitule. Il n’arrive pas à avancer. Le vent peut le projeter à terre. C’est trop dangereux.
Je peux dire que tous les phénomènes météorologiques n’ont fait qu’aller crescendo durant mon voyage.
Le cap Nord est une destination touristique, deux-cent mille personnes le visitent chaque année. C’est aussi le rendez-vous quotidien de dizaines de cars. Ce sont les passagers débarqués de l’Hurtigruten à Honningsvåg. Des dizaines de bus quotidiens les conduisent ici. Je plaide ma cause auprès des chauffeurs, mais ces bus ne peuvent me prendre à bord. Un chauffeur m’indique qu’un bus est possible pour moi en début d’après-midi. C’est parfait ! J’ai le temps de retourner au Nordkapphallen. L’entrée est payante, trente euros, mais gratuite pour les cyclistes.
Ce bâtiment date de 1988, c’est un lieu distrayant. J’ai donc le temps de regarder la vidéo qui illustre les divers aspects du cap Nord et de son environnement, par tous les temps, sous toutes les saisons. Elle montre aussi les pêcheurs et les peuplades Samies de la côte.
Une terrasse a été creusée dans le roc, tournée vers le nord. Elle offre une vue de l’immensité qui s’étend au-delà du cap.
Depuis les larges baies vitrées du complexe, je peux observer les touristes amenés par les bus. Ils sont âgés pour la plupart, se déplaçant péniblement pour rejoindre le globe. Ils sont munis bien souvent de cannes. Les couples se cramponnent l’un à l’autre et ce n’est pas ce vent furieux qui entravera leur marche pour se rendre jusqu’au globe du mythique cap Nord. Par vagues successives et régulières, la falaise se teinte d’une foule sombre et rapidement reprend sa couleur de pierre.
Ils sont au cap Nord ! Je suis aussi au cap Nord ! C’est presque entrer dans l’histoire, même si nous n’avons pas eu à grimper les rochers de l’anse de l’Hornvika.
Je prends le bus pour aller à douze kilomètres de là. Je tiens à visiter le village de pêcheurs de Skarsvåg. Cela semble peu vraisemblable de ne pas pouvoir faire face à ce vent au cours d’une descente de douze kilomètres !
Les sept grands reliefs circulaires disposés en demi-cercle en face de la sculpture de la mère et de l’enfant.
Les gabarits des sept reliefs on été réalisés en 1988 par sept enfants de différentes nationalités qui se sont réunis ici au cap Nord pendant une semaine.
Les gabarits des sept reliefs on été réalisés en 1988 par sept enfants de différentes nationalités qui se sont réunis ici au cap Nord pendant une semaine.
Jeudi 18 août – 96e jour
Skarsvåg / Honningsvåg – 17 km
Aventuriers dans l’âme !
J’aimerais aller à la pêche avec Adrian et Jelmer. Ils organisent des sorties en mer. À Skarsvåg on pêche surtout le king crab, les crabes géants. Après un passage obligé au restaurant pour une bonne dégustation de la chair tendre de leurs pattes et de leurs pinces, Adrian m’annonce que la pêche est impossible. En effet, la météo ne le permet pas, il y a beaucoup trop de vent. Donc, il me prépare ma canne à pêche pour que je puisse pêcher depuis la jetée.
Assurément, arriva ce qui devait arriver !
Bon sang de bonsoir mon hameçon se prend dans les algues. Pourtant il n’y en a pas beaucoup ! Avec de la patience, je réussis à l’extirper, puis quelques lancers plus tard, je m’aperçois qu’il ne me reste qu’un fil pendouillant au bout de ma canne à pêche. Il s’est cassé, envoyant mon hameçon au loin dans la mer. J’ai dû oublier de tourner l’arceau du moulinet pour le libérer.
Je n’y arriverai jamais… J’abandonne. Je renonce à la pêche norvégienne. C’est décidé, je ferai de nouveaux essais avec Gaël en face de chez moi, dans le Doubs. Mais sans plus de succès ! Gaël et moi nous serons dépités de perdre, là encore, tous nos hameçons au fond du Doubs… Mais au moins ce seront d’excellents moments de partage.
En sortant du village de Skarsvåg, je m’arrête… dans l’antre du père Noël. La maison est rouge et tous les objets à l’intérieur sont des cadeaux de Noël, tous rouges également, même les friandises.
Je pense à toi, petit Gaël… Tu voulais partir avec moi, tu désirais faire partie de cette expédition. Tu étais persuadé que l’on pouvait voir le père Noël au cap Nord. Je t’ai dit qu’on ne pouvait pas apercevoir les personnages de légende. Tu insistais, tu voulais au moins observer ses rennes. Tu me disais que tu voulais aussi admirer le pays où les cadeaux poussent sur le sol…
Tu avais raison, car un des plus beaux cadeaux pour moi a été d’arriver au cap Nord. Le père Noël doit exister !
C’est déjà la fin d’après-midi et je dois encore traverser en partie l’île pour me rendre au camping d’Honningsvåg.
Pourtant, la journée, déjà bien avancée, me réserve encore de jolies surprises.
Je croise une cyclo-voyageuse sur la route qui me crie « Hé ! Jacqueline ! » C’est Héléna, jeune française partie seule à vélo. Marion et Gauthier l’ont rencontrée au Danemark et sont restés en contact avec elle. Ils l’ont avertie qu’elle me croiserait très certainement. Avec Ando, elles sont les seules jeunes femmes que j’ai rencontrées parties seules au cap Nord.
Pendant notre discussion, un camping-car s’arrête à notre hauteur. C’est Jean-Phi et sa compagne. Ils me cherchaient sur l’île. Ce sont des amis de mon beau-frère Dom. Il les a prévenus que j’étais sur l’île de Magerøya. Ils m’invitent pour une fondue dans leur camping-car au camping d’Honningsvåg.
La soirée est joyeuse, nos aventures nous rapprochent. Jean-Phi est un personnage haut en couleur. En 2002, il a été le responsable de la logistique d’Arktos sur l’expédition de Mike Horn.
Enfin… Ne nous laissons pas abattre. Certains vont un peu plus loin, mais au fond, on est tous des aventuriers dans l’âme !
Quelques nouvelles de mes camarades de route. Marine, Damien avec Marion et Gauthier ont pris le train et le bus et sont au sud de la Finlande sur le chemin du retour.
Sarah et Joris sont chez eux en France préparant leur prochain voyage au Pérou.
Ando est sur le chemin du retour dans des ferries.
Paul est arrivé en Écosse.
Rupert a repris son travail de vidéaste en Allemagne.
Stéphane a enfin fait réparer son vélo à Tromsø et redescend les fjords à vélo et en ferries. Avant de rentrer à Lyon, il est venu me rendre visite à Besançon.
Rafael et Juan Carlos sont, depuis un moment, rentrés en Espagne.
Maryline est chez elle depuis début juillet et Radia est toujours sur les pistes cyclables, pas encore arrivée au sud de la France.
Ewen et Youn ont pris un bateau et ont rejoint ensuite la Suède. Ils ont le projet d’acheter une voiture pour rentrer en Bretagne.
Emiel et Andreas ont pris aussi un bateau jusqu’à Kirkenes et redescendent la Finlande à vélo pour rentrer chez eux, l’un aux Pays-Bas, l’autre en Allemagne.
Skarsvåg / Honningsvåg – 17 km
Aventuriers dans l’âme !
J’aimerais aller à la pêche avec Adrian et Jelmer. Ils organisent des sorties en mer. À Skarsvåg on pêche surtout le king crab, les crabes géants. Après un passage obligé au restaurant pour une bonne dégustation de la chair tendre de leurs pattes et de leurs pinces, Adrian m’annonce que la pêche est impossible. En effet, la météo ne le permet pas, il y a beaucoup trop de vent. Donc, il me prépare ma canne à pêche pour que je puisse pêcher depuis la jetée.
Assurément, arriva ce qui devait arriver !
Bon sang de bonsoir mon hameçon se prend dans les algues. Pourtant il n’y en a pas beaucoup ! Avec de la patience, je réussis à l’extirper, puis quelques lancers plus tard, je m’aperçois qu’il ne me reste qu’un fil pendouillant au bout de ma canne à pêche. Il s’est cassé, envoyant mon hameçon au loin dans la mer. J’ai dû oublier de tourner l’arceau du moulinet pour le libérer.
Je n’y arriverai jamais… J’abandonne. Je renonce à la pêche norvégienne. C’est décidé, je ferai de nouveaux essais avec Gaël en face de chez moi, dans le Doubs. Mais sans plus de succès ! Gaël et moi nous serons dépités de perdre, là encore, tous nos hameçons au fond du Doubs… Mais au moins ce seront d’excellents moments de partage.
En sortant du village de Skarsvåg, je m’arrête… dans l’antre du père Noël. La maison est rouge et tous les objets à l’intérieur sont des cadeaux de Noël, tous rouges également, même les friandises.
Je pense à toi, petit Gaël… Tu voulais partir avec moi, tu désirais faire partie de cette expédition. Tu étais persuadé que l’on pouvait voir le père Noël au cap Nord. Je t’ai dit qu’on ne pouvait pas apercevoir les personnages de légende. Tu insistais, tu voulais au moins observer ses rennes. Tu me disais que tu voulais aussi admirer le pays où les cadeaux poussent sur le sol…
Tu avais raison, car un des plus beaux cadeaux pour moi a été d’arriver au cap Nord. Le père Noël doit exister !
C’est déjà la fin d’après-midi et je dois encore traverser en partie l’île pour me rendre au camping d’Honningsvåg.
Pourtant, la journée, déjà bien avancée, me réserve encore de jolies surprises.
Je croise une cyclo-voyageuse sur la route qui me crie « Hé ! Jacqueline ! » C’est Héléna, jeune française partie seule à vélo. Marion et Gauthier l’ont rencontrée au Danemark et sont restés en contact avec elle. Ils l’ont avertie qu’elle me croiserait très certainement. Avec Ando, elles sont les seules jeunes femmes que j’ai rencontrées parties seules au cap Nord.
Pendant notre discussion, un camping-car s’arrête à notre hauteur. C’est Jean-Phi et sa compagne. Ils me cherchaient sur l’île. Ce sont des amis de mon beau-frère Dom. Il les a prévenus que j’étais sur l’île de Magerøya. Ils m’invitent pour une fondue dans leur camping-car au camping d’Honningsvåg.
La soirée est joyeuse, nos aventures nous rapprochent. Jean-Phi est un personnage haut en couleur. En 2002, il a été le responsable de la logistique d’Arktos sur l’expédition de Mike Horn.
Enfin… Ne nous laissons pas abattre. Certains vont un peu plus loin, mais au fond, on est tous des aventuriers dans l’âme !
Quelques nouvelles de mes camarades de route. Marine, Damien avec Marion et Gauthier ont pris le train et le bus et sont au sud de la Finlande sur le chemin du retour.
Sarah et Joris sont chez eux en France préparant leur prochain voyage au Pérou.
Ando est sur le chemin du retour dans des ferries.
Paul est arrivé en Écosse.
Rupert a repris son travail de vidéaste en Allemagne.
Stéphane a enfin fait réparer son vélo à Tromsø et redescend les fjords à vélo et en ferries. Avant de rentrer à Lyon, il est venu me rendre visite à Besançon.
Rafael et Juan Carlos sont, depuis un moment, rentrés en Espagne.
Maryline est chez elle depuis début juillet et Radia est toujours sur les pistes cyclables, pas encore arrivée au sud de la France.
Ewen et Youn ont pris un bateau et ont rejoint ensuite la Suède. Ils ont le projet d’acheter une voiture pour rentrer en Bretagne.
Emiel et Andreas ont pris aussi un bateau jusqu’à Kirkenes et redescendent la Finlande à vélo pour rentrer chez eux, l’un aux Pays-Bas, l’autre en Allemagne.
Vendredi 19, Samedi 20, Dimanche 21, Lundi 22 août – 97e, 98e, 99e, 100e jour
Honnigsvåg à Alta – 220 km en bus
Ça va trop vite
Je suis confortablement assise dans le bus à l’abri du vent en direction d’Alta. Il roule à une vitesse de 80 km/h. Je comprends la vulnérabilité des deux cyclo-voyageurs doublés dans le grand tunnel sous-marin, le tunnel du Cap-Nord.
J’aimerais oser indiquer au chauffeur de ralentir et de ne pas autant frôler les rares cyclo-voyageurs peinant à pédaler face au vent. Les paysages que j’ai rencontrés à ma venue défilent à toute vitesse. Je ne ressens pas la magie ressentie lors de mon passage à l’aller Ça va trop vite. Tout est estompé, gommé. Je me suis habituée au mode lent de déplacement au cours duquel le temps est suspendu.
À mon grand ravissement, je passe quelques jours au camping d’Alta, dans un petit chalet couvert d’une délicate prairie.
J’occupe mes quelques jours avant mon départ.
Je visite les beaux champs de trois mille gravures rupestres d’Europe, classées au Patrimoine mondial de l’Unesco. Il y a même une gravure d’un bonhomme à skis.
Alignée avec la rue piétonne d’Alta, j’admire le symbole de la ville, la cathédrale de l’aurore boréale inaugurée en 2013. C’est un immense copeau en titane de quarante-sept mètres de haut. Il se déroule vers le ciel. À l’intérieur, sol, chaises et boiseries sont en chêne. Les murs sont habillés de baguettes verticales, dont l’arrière est équipé d’ampoules LED. Une croix a pris la forme d’un corps, statue en bronze moulé. Foncée dans le bas, elle va en s’éclaircissant jusqu’à son sommet. Les murs du clocher sont ornés de douze reliefs plaqués à l’or. Le narthex, immense vestibule à l’entrée, est occupé par un café. C’est étonnant et bien agréable.
Puis je passe du temps au Sami Siida, à proximité du camping, qui permet une immersion dans la culture samie et offre un aperçu de leurs traditions.
Je découvre que, dans le cadre d’une politique d’assimilation draconienne, dès le début du vingtième siècle et jusque dans les années quatre-vingts, les Samis se sont vu signifier l’interdiction de pratiquer leur propre langue au profit du norvégien. Moins de la moitié des Samis norvégiens parlent aujourd’hui le Same. Le gouvernement norvégien a présenté des excuses officielles à ce peuple en 1999.
La Norvège abrite plus de deux-cent-mille rennes. Je déguste au Sami Siida la spécialité, le bidos, un ragoût mitonné à petit feu, fait à base de carottes, de pommes de terre et surtout de viande de renne. Délicieux ! J’achète deux peaux de renne que j’enverrai par la Poste.
L’arrière de mon vélo offrira au regard de tous, avant d’arriver à la Poste d’Alta, une hauteur impressionnante, avec les deux sacoches sur lesquelles est posée la sacoche transversale, le tout surmonté d’un imposant rouleau de mes deux peaux de renne. Les peaux sont bien parvenues chez moi.
Aujourd’hui encore, c’est un plaisir de sentir sous mes pieds cette invitation à la douceur. C’est aussi une décoration fantaisie doublée du délicieux souvenir de mon voyage.
Honnigsvåg à Alta – 220 km en bus
Ça va trop vite
Je suis confortablement assise dans le bus à l’abri du vent en direction d’Alta. Il roule à une vitesse de 80 km/h. Je comprends la vulnérabilité des deux cyclo-voyageurs doublés dans le grand tunnel sous-marin, le tunnel du Cap-Nord.
J’aimerais oser indiquer au chauffeur de ralentir et de ne pas autant frôler les rares cyclo-voyageurs peinant à pédaler face au vent. Les paysages que j’ai rencontrés à ma venue défilent à toute vitesse. Je ne ressens pas la magie ressentie lors de mon passage à l’aller Ça va trop vite. Tout est estompé, gommé. Je me suis habituée au mode lent de déplacement au cours duquel le temps est suspendu.
À mon grand ravissement, je passe quelques jours au camping d’Alta, dans un petit chalet couvert d’une délicate prairie.
J’occupe mes quelques jours avant mon départ.
Je visite les beaux champs de trois mille gravures rupestres d’Europe, classées au Patrimoine mondial de l’Unesco. Il y a même une gravure d’un bonhomme à skis.
Alignée avec la rue piétonne d’Alta, j’admire le symbole de la ville, la cathédrale de l’aurore boréale inaugurée en 2013. C’est un immense copeau en titane de quarante-sept mètres de haut. Il se déroule vers le ciel. À l’intérieur, sol, chaises et boiseries sont en chêne. Les murs sont habillés de baguettes verticales, dont l’arrière est équipé d’ampoules LED. Une croix a pris la forme d’un corps, statue en bronze moulé. Foncée dans le bas, elle va en s’éclaircissant jusqu’à son sommet. Les murs du clocher sont ornés de douze reliefs plaqués à l’or. Le narthex, immense vestibule à l’entrée, est occupé par un café. C’est étonnant et bien agréable.
Puis je passe du temps au Sami Siida, à proximité du camping, qui permet une immersion dans la culture samie et offre un aperçu de leurs traditions.
Je découvre que, dans le cadre d’une politique d’assimilation draconienne, dès le début du vingtième siècle et jusque dans les années quatre-vingts, les Samis se sont vu signifier l’interdiction de pratiquer leur propre langue au profit du norvégien. Moins de la moitié des Samis norvégiens parlent aujourd’hui le Same. Le gouvernement norvégien a présenté des excuses officielles à ce peuple en 1999.
La Norvège abrite plus de deux-cent-mille rennes. Je déguste au Sami Siida la spécialité, le bidos, un ragoût mitonné à petit feu, fait à base de carottes, de pommes de terre et surtout de viande de renne. Délicieux ! J’achète deux peaux de renne que j’enverrai par la Poste.
L’arrière de mon vélo offrira au regard de tous, avant d’arriver à la Poste d’Alta, une hauteur impressionnante, avec les deux sacoches sur lesquelles est posée la sacoche transversale, le tout surmonté d’un imposant rouleau de mes deux peaux de renne. Les peaux sont bien parvenues chez moi.
Aujourd’hui encore, c’est un plaisir de sentir sous mes pieds cette invitation à la douceur. C’est aussi une décoration fantaisie doublée du délicieux souvenir de mon voyage.
Départ pour Zurich le 23 août 2022.
Depuis Bâle je ferai trois étapes à vélo pour rejoindre Besançon afin de reprendre pied progressivement.
Marine et Damien, Marion et Gauthier ont pris le train et le bus et sont au sud de la Finlande sur le chemin du retour. Sarah et Joris sont rentrés. Ando ?
Paul est chez lui en Écosse.
Rupert est chez lui en Allemagne.
Stéphane a enfin fait réparer son vélo à Tromso et redescend les fjords à vélo et en ferry. Avant de rentrer à Lyon il passera à Besançon.
Raphaël et Juan-Carlos sont depuis un moment rentrés en Espagne.
Maryline est chez elle depuis début juillet et Radia n’est pas encore arrivée au sud de la France.
Les quatre Garçons….
Depuis Bâle je ferai trois étapes à vélo pour rejoindre Besançon afin de reprendre pied progressivement.
Marine et Damien, Marion et Gauthier ont pris le train et le bus et sont au sud de la Finlande sur le chemin du retour. Sarah et Joris sont rentrés. Ando ?
Paul est chez lui en Écosse.
Rupert est chez lui en Allemagne.
Stéphane a enfin fait réparer son vélo à Tromso et redescend les fjords à vélo et en ferry. Avant de rentrer à Lyon il passera à Besançon.
Raphaël et Juan-Carlos sont depuis un moment rentrés en Espagne.
Maryline est chez elle depuis début juillet et Radia n’est pas encore arrivée au sud de la France.
Les quatre Garçons….
Mardi 23 août – 101e jour
Alta – 30 km
Arriva ce qui n’aurait jamais dû arriver !
Il me reste l’épreuve de l’avion. Voyager en avion avec un vélo est un tour de force. Le premier taxi devant me conduire à l’aéroport ne viendra jamais me chercher à Alta. Le deuxième si.
J’arrive donc la veille à l’aéroport, encombrée de toutes mes sacoches et de mon immense carton contenant mon vélo. Le hall de l’aéroport est désert, seul l’agent de sécurité me regarde me démener avec tout cet attirail, mais il doit avoir l’habitude des gesticulations des cyclo-voyageurs. Enfin je le suppose, car aujourd’hui je suis la seule. Je répartis mes sacoches, trois dans le carton, deux qui iront dans la soute de l’avion et une dans la cabine.
L’aéroport ferme ses portes à vingt-deux heures. L’ensemble du secteur est déserté. Je dors, si l’on peut dire, dans un petit abri taxi, tout vitré, dans lequel l’éclairage est permanent. La nuit est froide. Je suis seule dans cet environnement. Je n’aime pas être là !
Le matin arrive enfin. Je réussis à tirer, pousser, faire glisser… mon immense carton en traversant tout le hall du petit aéroport et à le remettre directement au personnel qui s’occupe des bagages. Ouf ! C’est chose faite.
Je me bats un peu avec la machine automatique pour m’enregistrer. Ensuite je me présente au contrôle du pré-embarquement munie d’une de mes sacoches. Je traverse le portique et je déclenche l’alarme à explosifs. L’agent de sécurité me passe un petit morceau de papier sur les paumes, sur le dessus des mains et sur la taille, et l’insère dans la machine … rien n’est à signaler. Je n’ai pas d’explosif sur moi.
Puis on m’appelle près de ma sacoche qui a été scannée. Je dois l’ouvrir. Avec précaution, l’agent sort une pochette oubliée au fond de ladite, dans laquelle j’avais rangé mon super couteau de pêche, cadeau de Youn. Il l’exhibe comme un trophée et me regarde. J’ai l’impression que l’on m’a donné un rôle dans un polar.
J’ai un peu honte… des gens assistent à la scène.
Mais… il reste encore quelques épisodes à visionner. Après mon changement d’avion à Oslo, l’hôtesse m’annonce que ma bicyclette est restée à l’aéroport d’Alta, car selon eux, elle transporte des marchandises dangereuses… Cette fois-ci les bras m’en tombent, je tourne toujours dans le même polar…
Des marchandises dangereuses ! Non mais ! J’aurai tout entendu ! Cette bonne bicyclette musculaire qui m’a portée jusqu’au cap Nord, voilà comment on la traite dans les aéroports. Tout bien réfléchi, je n’ai pas été mieux traitée non plus.
Après réflexion, je pense que c’est la batterie incluse dans le tube de la fourche de mon vélo qui doit poser des soucis. Celle qui, branchée sur ma dynamo, était simplement prévue pour recharger mon téléphone et qui n’a jamais fonctionné. Une batterie de rien du tout qui se recharge petit à petit à la force de mes mollets. Est-elle au lithium ? Fait-elle penser à un système ingénieux d’explosif ?
Je garde espoir de la revoir un jour, ma chère bécane qui a été d’une grande fidélité et porte les stigmates de mon long voyage. Je ne peux pas l’abandonner… Quitte à aller la rechercher à Alta et revenir en bateau avec.
J’arrive en fin d’après-midi à Zurich. Après avoir déclaré mon bagage égaré, je me précipite dans un train pour arriver trop rapidement à Besançon. Je suis partie d’Alta, tout au nord de l’Europe, en début de matinée, et j’arrive chez moi en fin de journée. C’est beaucoup trop rapide !
Ma chère bicyclette est arrivée à l’aéroport de Zurich le lendemain. Je l’aurais attendue si j’avais su… Elle m’a été spécialement acheminée par voiture privée... et elle l’a bien mérité ! Une note m’informe que j’avais par inadvertance oublié une petite bouteille de gaz au fond d’une sacoche rangée dans le grand carton du vélo.
À vol d’oiseau, puis sur les rails, j’ai joint mon point de départ à mon point d’arrivée en quelque quatorze heures, alors qu’il m’aura fallu presque quatre mois à vélo, ou plus exactement deux-mille-quatre-cent-vingt-quatre heures.
J’avais le projet de rejoindre Besançon à vélo depuis Zurich afin de reprendre pied progressivement.
Et voilà comment j’ai été privée de mon arrivée triomphale à Besançon sur mon vélo.
Triomphale certes, mais incognito !
L’aventure, c’est l’aventure !
Mercredi 24 août
J’ai des nouvelles de ma chère bicyclette. Elle vient d’arriver à l’aéroport de Zurich, elle va reprendre un autre avion, peut-etre fera-t-elle le tour du monde ! et me sera ensuite acheminée directement chez moi à Besançon.
Tout est bien qui finit bien !
Alta – 30 km
Arriva ce qui n’aurait jamais dû arriver !
Il me reste l’épreuve de l’avion. Voyager en avion avec un vélo est un tour de force. Le premier taxi devant me conduire à l’aéroport ne viendra jamais me chercher à Alta. Le deuxième si.
J’arrive donc la veille à l’aéroport, encombrée de toutes mes sacoches et de mon immense carton contenant mon vélo. Le hall de l’aéroport est désert, seul l’agent de sécurité me regarde me démener avec tout cet attirail, mais il doit avoir l’habitude des gesticulations des cyclo-voyageurs. Enfin je le suppose, car aujourd’hui je suis la seule. Je répartis mes sacoches, trois dans le carton, deux qui iront dans la soute de l’avion et une dans la cabine.
L’aéroport ferme ses portes à vingt-deux heures. L’ensemble du secteur est déserté. Je dors, si l’on peut dire, dans un petit abri taxi, tout vitré, dans lequel l’éclairage est permanent. La nuit est froide. Je suis seule dans cet environnement. Je n’aime pas être là !
Le matin arrive enfin. Je réussis à tirer, pousser, faire glisser… mon immense carton en traversant tout le hall du petit aéroport et à le remettre directement au personnel qui s’occupe des bagages. Ouf ! C’est chose faite.
Je me bats un peu avec la machine automatique pour m’enregistrer. Ensuite je me présente au contrôle du pré-embarquement munie d’une de mes sacoches. Je traverse le portique et je déclenche l’alarme à explosifs. L’agent de sécurité me passe un petit morceau de papier sur les paumes, sur le dessus des mains et sur la taille, et l’insère dans la machine … rien n’est à signaler. Je n’ai pas d’explosif sur moi.
Puis on m’appelle près de ma sacoche qui a été scannée. Je dois l’ouvrir. Avec précaution, l’agent sort une pochette oubliée au fond de ladite, dans laquelle j’avais rangé mon super couteau de pêche, cadeau de Youn. Il l’exhibe comme un trophée et me regarde. J’ai l’impression que l’on m’a donné un rôle dans un polar.
J’ai un peu honte… des gens assistent à la scène.
Mais… il reste encore quelques épisodes à visionner. Après mon changement d’avion à Oslo, l’hôtesse m’annonce que ma bicyclette est restée à l’aéroport d’Alta, car selon eux, elle transporte des marchandises dangereuses… Cette fois-ci les bras m’en tombent, je tourne toujours dans le même polar…
Des marchandises dangereuses ! Non mais ! J’aurai tout entendu ! Cette bonne bicyclette musculaire qui m’a portée jusqu’au cap Nord, voilà comment on la traite dans les aéroports. Tout bien réfléchi, je n’ai pas été mieux traitée non plus.
Après réflexion, je pense que c’est la batterie incluse dans le tube de la fourche de mon vélo qui doit poser des soucis. Celle qui, branchée sur ma dynamo, était simplement prévue pour recharger mon téléphone et qui n’a jamais fonctionné. Une batterie de rien du tout qui se recharge petit à petit à la force de mes mollets. Est-elle au lithium ? Fait-elle penser à un système ingénieux d’explosif ?
Je garde espoir de la revoir un jour, ma chère bécane qui a été d’une grande fidélité et porte les stigmates de mon long voyage. Je ne peux pas l’abandonner… Quitte à aller la rechercher à Alta et revenir en bateau avec.
J’arrive en fin d’après-midi à Zurich. Après avoir déclaré mon bagage égaré, je me précipite dans un train pour arriver trop rapidement à Besançon. Je suis partie d’Alta, tout au nord de l’Europe, en début de matinée, et j’arrive chez moi en fin de journée. C’est beaucoup trop rapide !
Ma chère bicyclette est arrivée à l’aéroport de Zurich le lendemain. Je l’aurais attendue si j’avais su… Elle m’a été spécialement acheminée par voiture privée... et elle l’a bien mérité ! Une note m’informe que j’avais par inadvertance oublié une petite bouteille de gaz au fond d’une sacoche rangée dans le grand carton du vélo.
À vol d’oiseau, puis sur les rails, j’ai joint mon point de départ à mon point d’arrivée en quelque quatorze heures, alors qu’il m’aura fallu presque quatre mois à vélo, ou plus exactement deux-mille-quatre-cent-vingt-quatre heures.
J’avais le projet de rejoindre Besançon à vélo depuis Zurich afin de reprendre pied progressivement.
Et voilà comment j’ai été privée de mon arrivée triomphale à Besançon sur mon vélo.
Triomphale certes, mais incognito !
L’aventure, c’est l’aventure !
Mercredi 24 août
J’ai des nouvelles de ma chère bicyclette. Elle vient d’arriver à l’aéroport de Zurich, elle va reprendre un autre avion, peut-etre fera-t-elle le tour du monde ! et me sera ensuite acheminée directement chez moi à Besançon.
Tout est bien qui finit bien !
Tu voulais faire partie de cette expédition car tu étais persuadé que l’on pouvait voir le père Noel au cap Nord. Je t’ai dit qu’on ne pouvait pas voir les personnages de légende. Tu insistais pour voir au moins ses rennes, et le pays où l'on peut cueillir les cadeaux poussant sur le sol, comme autant de fleurs magiques.