La traversée des Pyrénées par le GR10, entre autres !
Quand : 31/05/2019
Durée : 39 jours
Durée : 39 jours
Distance globale :
810km
Dénivelées :
+46533m /
-46555m
Alti min/max : 19m/2705m
Carnet publié par Béryl
le 14 juil. 2019
modifié le 20 mai 2020
modifié le 20 mai 2020
Mobilité douce
Précisions :
Départ possible depuis les gares de toute grande ville.
Coup de coeur !
13579 lecteur(s)
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Vue d'ensemble
Le topo : J28 - Goulier/Cabane de Balledreyt (mise à jour : 20 mai 2020)
Distance section :
20.8km
Dénivelées section :
+1720m /
-1208m
Section Alti min/max : 1098m/1886m
Description :
Indications GPS (différentes de celles du site ; je ne comprends pas pourquoi) :
Distance : 23,31Km
Dénivelé positif : 1595m
Dénivelé négatif : 1187m
Temps de marche : 6h30
Temps d'arrêt : 1h58
Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.
Distance : 23,31Km
Dénivelé positif : 1595m
Dénivelé négatif : 1187m
Temps de marche : 6h30
Temps d'arrêt : 1h58
Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.
Le compte-rendu : J28 - Goulier/Cabane de Balledreyt (mise à jour : 20 mai 2020)
Jeudi 27 juin 2019
Ah le petit-déj de Goulier : un de ceux qui resteront dans les anales, avec celui, gargantuesque, de Merens dans quelques jours.
De tout à profusion, même des croissants et des chocolatines. Je m'en mets plein la panse sous le regard goguenard de ceux qui étaient à ma table hier soir.
Oui je sais, je commence souvent le récit de mes journées par le même point, mais c'est important le p'tit déj !
De plus en plus important, pour moi, vous ne pouvez pas savoir à quel point.
Fred part déjà. Il démarre très tôt et marche vite pour arriver rapidement et avoir du temps pour visiter où se reposer. C'est un choix.
Je le regarde s'éloigner avec son petit ours en peluche accroché au sac à dos.
Check-list de départ comme tous les jours : il manque ma casquette. Je la cherche partout, introuvable. Je suis certain pourtant d'être arrivé hier soir en l'ayant sur la tête. Les hôtes m'aident dans mes fouilles, sans résultat. Mystère.
Je regarde quand même par la fenêtre, celle où, hier soir, ma serviette de bain qui séchait est tombée sur le toit en dessous (une belle galère pour la récupérer avec mon bâton, vu que la fenêtre en question est grillagée). Toujours rien.
Ma bonne vieille casquette avec laquelle j'ai fait des milliers de kilomètres. Me voilà plongé dans une tristesse infinie... enfin, une dizaine de minutes en tout cas !
Bon, je vais devoir m'en passer. Et le fait est que je m'en passerai jusqu'au bout.
Départ sur les chapeaux de roue. Bonne grimpette d'entrée, comme tous les jours jusqu'au col de Risoul (1330m). Là, je quitte le GR pour continuer par la piste qui passe devant la cabane de Nagot et rejoint le GR juste avant le col de l'Esquérus (1467m).
Les cols de Grail (1485m) et de Lercoul (1549m) sont vite avalés. De là, commence la descente jusqu'à Siguer.
Je dépasse un gars qui avance d'un pas lent ; je reconnais le couple de retraités qui étaient à ma table hier soir (et celle d'à côté ce matin). Petits mots d'encouragement et je file. Il est, semble-t-il, plus à l'aise sur un vélo que sur ses pieds.
Plus loin, madame attend monsieur assise sur le bord du chemin.
Je la rassure : il arrive, il n'est pas très loin.
Oui, je sais, j'ai l'habitude de l'attendre.
Nous papotons quelques minutes, le temps qu'il la rejoigne, puis nous repartons ensemble.
Lui est vite largué alors que madame me suit sans problème. La chaleur se fait de plus en plus intense et, dans les bois, nous nous faisons matraquer par les taons. C'est insupportable ! Je marche en agitant constamment les bras. Quelles saloperies ces bestioles ! Elles ont le chic pour se poser sans qu'on les sente. Enfin, jusqu'à la piqûre qui elle est assez douloureuse ! Piqûre qui n'est est pas une d'ailleurs puisque le taon mord, mais ne pique pas (et je n'ai même pas fait exprès pour ce jeu de mots !).
Les petits villages s'égrainent : Lercoul où je ne m'arrête pas, Siguer où je vais faire une photo du Petit Gîte bien connu des grdistes (je savais qu'il était fermé). Je vois une dame qui discute avec des employés d'Enedis devant le gîte. Je lui demande si elle peut remplir mes gourdes et quand elle revient, la discussion s'engage. Ils sont habitués à voir passer des randonneurs, ici, mais rares sont ceux qui font la traversée d'une traite.
Faites bien attention aux ours ! Dans le coin, il y a une femelle avec ses deux petits et...
Oui, je sais, un grand mâle et ils font des ravages sur les troupeaux. D'ailleurs ils en parlent aux infos et je suis certain que vous connaissez quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait le beau-frère de sa voisine qui les a vus !
Ne plaisantez pas avec ça, qu'elle me rétorque, il paraît même qu'un randonneur en a rencontré un et l'a filmé !
Oui, oui, je sais ça aussi. Pensez bien que si vous rencontrez un ours, la première chose à laquelle vous pensez, c'est le filmer !
Les ouvriers sont morts de rire, mais pas elle. Je lui explique alors la rumeur qui court depuis Hendaye, ou presque, en finissant toujours sur un clin d'œil : ne vous en faites pas, ils me suivent et dès demain, je serai loin !
Sur ce, je prends congé.
Arrivé à Gestiès, il est temps de faire une pause. Je me rafraîchis à la fontaine et me pose sous un kiosque en bois à l'ombre bienvenue.
Monsieur et madame arrivent. Ils s'arrêtent là, car l'hôte chez qui ils ont réservé pour ce soir doit venir les chercher en voiture.
Il fait de plus en plus chaud et les quelques habitants avec qui je discute sous mon abri me traitent gentiment de fou de vouloir repartir maintenant.
Vous feriez mieux de faire une bonne sieste et partir à la fraîche !
La fraîche de quelle heure ? Dix heures du soir ? Non merci, je vais prendre de l'altitude, plutôt. Là-haut je suis sûr qu'il fait meilleur que dans cette cuvette.
Ah le petit-déj de Goulier : un de ceux qui resteront dans les anales, avec celui, gargantuesque, de Merens dans quelques jours.
De tout à profusion, même des croissants et des chocolatines. Je m'en mets plein la panse sous le regard goguenard de ceux qui étaient à ma table hier soir.
Oui je sais, je commence souvent le récit de mes journées par le même point, mais c'est important le p'tit déj !
De plus en plus important, pour moi, vous ne pouvez pas savoir à quel point.
Fred part déjà. Il démarre très tôt et marche vite pour arriver rapidement et avoir du temps pour visiter où se reposer. C'est un choix.
Je le regarde s'éloigner avec son petit ours en peluche accroché au sac à dos.
Check-list de départ comme tous les jours : il manque ma casquette. Je la cherche partout, introuvable. Je suis certain pourtant d'être arrivé hier soir en l'ayant sur la tête. Les hôtes m'aident dans mes fouilles, sans résultat. Mystère.
Je regarde quand même par la fenêtre, celle où, hier soir, ma serviette de bain qui séchait est tombée sur le toit en dessous (une belle galère pour la récupérer avec mon bâton, vu que la fenêtre en question est grillagée). Toujours rien.
Ma bonne vieille casquette avec laquelle j'ai fait des milliers de kilomètres. Me voilà plongé dans une tristesse infinie... enfin, une dizaine de minutes en tout cas !
Bon, je vais devoir m'en passer. Et le fait est que je m'en passerai jusqu'au bout.
Départ sur les chapeaux de roue. Bonne grimpette d'entrée, comme tous les jours jusqu'au col de Risoul (1330m). Là, je quitte le GR pour continuer par la piste qui passe devant la cabane de Nagot et rejoint le GR juste avant le col de l'Esquérus (1467m).
Les cols de Grail (1485m) et de Lercoul (1549m) sont vite avalés. De là, commence la descente jusqu'à Siguer.
Je dépasse un gars qui avance d'un pas lent ; je reconnais le couple de retraités qui étaient à ma table hier soir (et celle d'à côté ce matin). Petits mots d'encouragement et je file. Il est, semble-t-il, plus à l'aise sur un vélo que sur ses pieds.
Plus loin, madame attend monsieur assise sur le bord du chemin.
Je la rassure : il arrive, il n'est pas très loin.
Oui, je sais, j'ai l'habitude de l'attendre.
Nous papotons quelques minutes, le temps qu'il la rejoigne, puis nous repartons ensemble.
Lui est vite largué alors que madame me suit sans problème. La chaleur se fait de plus en plus intense et, dans les bois, nous nous faisons matraquer par les taons. C'est insupportable ! Je marche en agitant constamment les bras. Quelles saloperies ces bestioles ! Elles ont le chic pour se poser sans qu'on les sente. Enfin, jusqu'à la piqûre qui elle est assez douloureuse ! Piqûre qui n'est est pas une d'ailleurs puisque le taon mord, mais ne pique pas (et je n'ai même pas fait exprès pour ce jeu de mots !).
Les petits villages s'égrainent : Lercoul où je ne m'arrête pas, Siguer où je vais faire une photo du Petit Gîte bien connu des grdistes (je savais qu'il était fermé). Je vois une dame qui discute avec des employés d'Enedis devant le gîte. Je lui demande si elle peut remplir mes gourdes et quand elle revient, la discussion s'engage. Ils sont habitués à voir passer des randonneurs, ici, mais rares sont ceux qui font la traversée d'une traite.
Faites bien attention aux ours ! Dans le coin, il y a une femelle avec ses deux petits et...
Oui, je sais, un grand mâle et ils font des ravages sur les troupeaux. D'ailleurs ils en parlent aux infos et je suis certain que vous connaissez quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait le beau-frère de sa voisine qui les a vus !
Ne plaisantez pas avec ça, qu'elle me rétorque, il paraît même qu'un randonneur en a rencontré un et l'a filmé !
Oui, oui, je sais ça aussi. Pensez bien que si vous rencontrez un ours, la première chose à laquelle vous pensez, c'est le filmer !
Les ouvriers sont morts de rire, mais pas elle. Je lui explique alors la rumeur qui court depuis Hendaye, ou presque, en finissant toujours sur un clin d'œil : ne vous en faites pas, ils me suivent et dès demain, je serai loin !
Sur ce, je prends congé.
Arrivé à Gestiès, il est temps de faire une pause. Je me rafraîchis à la fontaine et me pose sous un kiosque en bois à l'ombre bienvenue.
Monsieur et madame arrivent. Ils s'arrêtent là, car l'hôte chez qui ils ont réservé pour ce soir doit venir les chercher en voiture.
Il fait de plus en plus chaud et les quelques habitants avec qui je discute sous mon abri me traitent gentiment de fou de vouloir repartir maintenant.
Vous feriez mieux de faire une bonne sieste et partir à la fraîche !
La fraîche de quelle heure ? Dix heures du soir ? Non merci, je vais prendre de l'altitude, plutôt. Là-haut je suis sûr qu'il fait meilleur que dans cette cuvette.
Gestiès est dans la montée vers les cols ; autant dire que le redémarrage est poussif. Je n'ai pas mangé beaucoup et la chaleur est insoutenable. Vivement les hauteurs !
J'alterne entre la morsure des taons dans les passages boisés et celle du soleil à découvert.
Petit à petit, la végétation s'éclaircit. Je passe le col de Gamel (1390m) et attaque la montée vers le col de la Lène (1708m).
Je croise un randonneur qui en descend, l'air pressé. Plus loin, un autre arrive semblant l'être beaucoup moins. Je profite de la "dernière ombre" comme il me dit pour entamer la conversation.
Il fait bon là-haut, un vent léger rend la chaleur plus soutenable. Par contre, le sommet est encore loin et à partir de là, terminé l'ombre salvatrice.
Je lui indique de mon côté que les ombres qui les attendent ne sont pas si salvatrices que cela ; les taons y sont en embuscade et ils vont se faire bombarder au moins jusqu'à Lercoul.
Et je lui épargne les moucherons qui visent les yeux !
Le GR10 n'est pas un long fleuve tranquille, comme il me dit avec un sourire malicieux !
Pendant ce temps, le premier randonneur a fait marche arrière. Ils sont ensemble et il est clair qu'ils n'ont pas le même rythme. Le second m'avoue être épuisé d'essayer de suivre son compère et quand je vois l'autre revenir sur ses pas, je suis bien content d'être seul !
Ils me parlent alors d'un gars qu'ils ont vu partir sur le mauvais chemin et grimper un col très raide qui n'est pas sur le GR. Il n'a pas remarqué la balise qui indiquait de prendre à gauche au bas de la pente et s'est engouffré sur la trace à fond de train. Il semblait pourtant bien fatigué, ce type avec son ours en peluche accroché au sac à dos !
Un ours en peluche ? Mais c'est Fred ! Je le connais !
Ah ouais, bin si tu le revois tu pourras lui dire qu'on l'a appelé un moment, mais il ne s'est jamais retourné ! De l'autre côté il aura pu rejoindre le GR, mais il aura sacrément rallongé.
Je ne sais pas où il avait l'intention de dormir cette nuit, mais comme il n'a pas de tente et que le prochain refuge est assez loin, je suppose qu'il visait une cabane. Peut-être le verrai-je ce soir.
Allez zou ! c'est reparti.
Les petits coups de vent sont vraiment les bienvenus et je remercie en silence dame Nature de m'envoyer ce présent.
Ah ouais, les bons moments c'est dame Nature et les galères c'est le GR10 !
Oh ça va monsieur le susceptible. Contente-toi de te faire velours sous mes pas et laisse-moi gérer mes ressentis comme je l'entends !
...
Pas de réaction. Il est vexé !
Je n'aime pas cette petite voix en moi qui me dit que je n'aurais pas dû lui parler sur ce ton.
Eh oh, c'est un pur produit de mon imagination, comme toi d'ailleurs, alors vous n'allez pas me gonfler, sinon je vous imagine plus !
Pas de réaction non plus. Et de deux !
N'empêche, j'ai la sensation que je n'aurais pas dû, en effet. Imagination ou pas.
J'alterne entre la morsure des taons dans les passages boisés et celle du soleil à découvert.
Petit à petit, la végétation s'éclaircit. Je passe le col de Gamel (1390m) et attaque la montée vers le col de la Lène (1708m).
Je croise un randonneur qui en descend, l'air pressé. Plus loin, un autre arrive semblant l'être beaucoup moins. Je profite de la "dernière ombre" comme il me dit pour entamer la conversation.
Il fait bon là-haut, un vent léger rend la chaleur plus soutenable. Par contre, le sommet est encore loin et à partir de là, terminé l'ombre salvatrice.
Je lui indique de mon côté que les ombres qui les attendent ne sont pas si salvatrices que cela ; les taons y sont en embuscade et ils vont se faire bombarder au moins jusqu'à Lercoul.
Et je lui épargne les moucherons qui visent les yeux !
Le GR10 n'est pas un long fleuve tranquille, comme il me dit avec un sourire malicieux !
Pendant ce temps, le premier randonneur a fait marche arrière. Ils sont ensemble et il est clair qu'ils n'ont pas le même rythme. Le second m'avoue être épuisé d'essayer de suivre son compère et quand je vois l'autre revenir sur ses pas, je suis bien content d'être seul !
Ils me parlent alors d'un gars qu'ils ont vu partir sur le mauvais chemin et grimper un col très raide qui n'est pas sur le GR. Il n'a pas remarqué la balise qui indiquait de prendre à gauche au bas de la pente et s'est engouffré sur la trace à fond de train. Il semblait pourtant bien fatigué, ce type avec son ours en peluche accroché au sac à dos !
Un ours en peluche ? Mais c'est Fred ! Je le connais !
Ah ouais, bin si tu le revois tu pourras lui dire qu'on l'a appelé un moment, mais il ne s'est jamais retourné ! De l'autre côté il aura pu rejoindre le GR, mais il aura sacrément rallongé.
Je ne sais pas où il avait l'intention de dormir cette nuit, mais comme il n'a pas de tente et que le prochain refuge est assez loin, je suppose qu'il visait une cabane. Peut-être le verrai-je ce soir.
Allez zou ! c'est reparti.
Les petits coups de vent sont vraiment les bienvenus et je remercie en silence dame Nature de m'envoyer ce présent.
Ah ouais, les bons moments c'est dame Nature et les galères c'est le GR10 !
Oh ça va monsieur le susceptible. Contente-toi de te faire velours sous mes pas et laisse-moi gérer mes ressentis comme je l'entends !
...
Pas de réaction. Il est vexé !
Je n'aime pas cette petite voix en moi qui me dit que je n'aurais pas dû lui parler sur ce ton.
Eh oh, c'est un pur produit de mon imagination, comme toi d'ailleurs, alors vous n'allez pas me gonfler, sinon je vous imagine plus !
Pas de réaction non plus. Et de deux !
N'empêche, j'ai la sensation que je n'aurais pas dû, en effet. Imagination ou pas.
Avec tout ça, j'arrive au pla de Montcamp (1904m) sans m'en apercevoir !
Quelques chevaux profitent de la fraîcheur relative pour prendre un peu de bon temps. En tout cas ce n'est pas pour les maigres touffes d'herbe qu'ils sont là !
Le vent quasi continu joue dans leurs crinières et semble leur susurrer une mélodie qui les entraine dans une étrange danse où, tête-bêche, ils tournent sur eux-mêmes.
Curieux spectacle que je contemple un long moment sans aucunement les déranger.
C'est un bruit de moteur qui me tire de ma rêverie et je laisse là ces derviches équestres pour entamer la descente sur l'autre versant.
En contrebas, plusieurs véhicules sont stationnés près d'une bergerie. Un autre semble avoir du mal à tracter une grosse remorque abritant manifestement une ou deux bêtes. Un immense troupeau de vaches et de chevaux mélangés est éparpillé autour.
Quand j'arrive sur place, je suis accueilli par une troupe de joyeux drilles attablés terminant un repas. Ils viennent de vacciner ou marquer, je n'ai pas bien compris, les bêtes et profitent maintenant pour prendre du bon temps.
Je demande s'ils ont un peu d'eau pour mes gourdes. Ils me montrent alors un robinet flambant neuf sur le côté de la bâtisse !
Tu sais jouer à la belote ?
Houla, oui, mais ça fait bien mille ans que j'y ai pas joué !
Pas grave, tu restes avec nous ce soir pour le concours ; il nous en manque un !
Ah ce serait avec plaisir, mais j'ai prévu de m'arrêter plus loin.
Ils insistent. Enfin, un surtout, qui semble un peu plus aviné que les autres. Bon, aviné est un bien grand mot, disons qu'ils ont eu peu forcé sur l'apéro. Heureusement, les femmes sont là pour les raisonner. Les enfants aussi.
Allez, je vous laisse, merci pour l'eau !
Quelques chevaux profitent de la fraîcheur relative pour prendre un peu de bon temps. En tout cas ce n'est pas pour les maigres touffes d'herbe qu'ils sont là !
Le vent quasi continu joue dans leurs crinières et semble leur susurrer une mélodie qui les entraine dans une étrange danse où, tête-bêche, ils tournent sur eux-mêmes.
Curieux spectacle que je contemple un long moment sans aucunement les déranger.
C'est un bruit de moteur qui me tire de ma rêverie et je laisse là ces derviches équestres pour entamer la descente sur l'autre versant.
En contrebas, plusieurs véhicules sont stationnés près d'une bergerie. Un autre semble avoir du mal à tracter une grosse remorque abritant manifestement une ou deux bêtes. Un immense troupeau de vaches et de chevaux mélangés est éparpillé autour.
Quand j'arrive sur place, je suis accueilli par une troupe de joyeux drilles attablés terminant un repas. Ils viennent de vacciner ou marquer, je n'ai pas bien compris, les bêtes et profitent maintenant pour prendre du bon temps.
Je demande s'ils ont un peu d'eau pour mes gourdes. Ils me montrent alors un robinet flambant neuf sur le côté de la bâtisse !
Tu sais jouer à la belote ?
Houla, oui, mais ça fait bien mille ans que j'y ai pas joué !
Pas grave, tu restes avec nous ce soir pour le concours ; il nous en manque un !
Ah ce serait avec plaisir, mais j'ai prévu de m'arrêter plus loin.
Ils insistent. Enfin, un surtout, qui semble un peu plus aviné que les autres. Bon, aviné est un bien grand mot, disons qu'ils ont eu peu forcé sur l'apéro. Heureusement, les femmes sont là pour les raisonner. Les enfants aussi.
Allez, je vous laisse, merci pour l'eau !
Juste à côté de la bergerie se trouve la cabane de Courtal Marty. Elle est minuscule et pas du tout approvisionnée comme le laisse entendre la plaquette éditée par l'association des Amis GRdistes.
Je continue ma descente vers celle de Balledreyt, y arrivant vingt minutes après. Je m'installe d'un côté, celui prévu pour les randonneurs, étonné de ne pas y trouver Fred. Personne.
Par contre, à l'intérieur une belle armoire abrite un coin épicerie grand luxe ! Ce sont les bergers rencontrés plus haut qui la gèrent avec leurs enfants. Tout est bio et les conserves ont même été faites par les gosses de l'école du coin. Des photos sur les portes les montrent en cuisine à l'extérieur de la cabane. Les prix sont affichés sur une feuille punaisée et il suffit de placer la somme dans une enveloppe à fabriquer soi-même en suivant les instructions des gamins. L'enveloppe est ensuite glissée dans la fente d'une petite boite cadenassée. A voté !
Avec l'argent récolté, ils espèrent financer leur voyage scolaire. Une excellente initiative que j'encourage en prenant une crème dessert de soja et un demi-litre de lait pour demain matin.
Ils ont vraiment tout prévu, il y a même des pansements, des piles, des boules Quies, des cartouches de gaz et... non, je le crois pas... des préservatifs !
Quand je sors, Mike et Pedro arrivent !
Salut les gars ! Vous dormez là ce soir ?
Non, non, on pousse plus loin.
Ouais, comme d'hab quoi ! Vous allez où ?
Cabane de Clarans.
Quoi ? C'est à trois heures et demie d'ici !
Et alors ?...
Ils se posent quand même un moment, bien contents de participer à leur tour au financement du voyage des enfants.
Pedro visite le coin et va ouvrir la porte de la partie réservée au berger.
Eh, il y a quelqu'un ici !
Je vais voir : tiens tiens, un sac à dos avec un nounours accroché !
Un court moment après, je vois Fred qui remonte du bas du terrain. Salut !
Salut, ça fait longtemps que tu es là ?
Oui, je suis arrivé en début d'après-midi.
T'as pas trainé, dis donc ! (il est 17h30). Je ne dis rien sur sa fausse route.
J'ai passé un bon moment dans le ruisseau plus bas. Je me suis aménagé un coin avec un petit barrage de pierres, c'était un régal. Tu veux y aller ?
Oui, je veux bien, avec la chaleur qu'il fait !
Les deux compères sont partis quand je descends au ruisseau. Effectivement, je remarque un coin aménagé en piscine naturelle. Je me déshabille et entre dans l'eau. Elle est glacée ! Avec toute la meilleure volonté, je n'y entre que jusqu'aux genoux. Impossible de m'immerger. Me voilà à poil, dans l'eau à barboter et observer la faune aquatique sans me soucier du reste. C'est la morsure du froid qui me fera sortir.
Je remonte à la cabane.
Alors elle est bonne, non ?
Oui, elle est bonne, mais pas assez pour que j'y plonge entièrement. Tiens voilà ta gourde.
J'ai effectivement amené les gourdes à remplir pour le repas du soir.
Ça tombe bien, qu'il me répond, on va pouvoir se prendre l'apéro.
Et il me sort une mignonnette de pastis !
Allez, santé !
Je ne sais pourquoi, mais à un moment j'ai sorti un "oh antigueille" retentissant. C'est un terme bordeluche usité donc par les habitants de Bordeaux ou des alentours. Pour ma part, les lointains alentours puisqu'il a débordé sur mon Périgord natal.
Ah bé ça, ça fait longtemps que j'ai pas entendu un antigueille, me dit Fred.
Tu connais, depuis ton pays kanak ?
Et oui je connais vu que j'ai fait mes études à Bordeaux !
Ah bin ça alors, le monde est petit !
Et plus petit que je le crois, même : quand je lui dis que je suis né à Ste-Foy-la-Grande, à 70km de Bordeaux, il connait aussi !
Figure-toi, me dit-il, que dans mon cabinet d'avocats à Nouméa, on est deux et le deuxième, Stephane L. est de Ste-Foy, il y a vécu toute sa jeunesse et a même fait partie de l'équipe de rugby ! Il me rabat constamment les oreilles avec ça alors, Ste-Foy, oui je connais !
Ça vous donne une idée de la taille du monde...
Le repas est frugal pour ma part : soupe de légumes moulinés et purée. Fred prendra un grand bol de soupe avant de rejoindre sa couche.
Je ne lui fais pas remarquer qu'il a pris le côté réservé au berger, bien content de l'épaisseur du mur qui nous sépare.
En effet, après la nuit qu'on a passée à Goulier, je sais que c'est, lui aussi, un ronfleur de compète !
Je continue ma descente vers celle de Balledreyt, y arrivant vingt minutes après. Je m'installe d'un côté, celui prévu pour les randonneurs, étonné de ne pas y trouver Fred. Personne.
Par contre, à l'intérieur une belle armoire abrite un coin épicerie grand luxe ! Ce sont les bergers rencontrés plus haut qui la gèrent avec leurs enfants. Tout est bio et les conserves ont même été faites par les gosses de l'école du coin. Des photos sur les portes les montrent en cuisine à l'extérieur de la cabane. Les prix sont affichés sur une feuille punaisée et il suffit de placer la somme dans une enveloppe à fabriquer soi-même en suivant les instructions des gamins. L'enveloppe est ensuite glissée dans la fente d'une petite boite cadenassée. A voté !
Avec l'argent récolté, ils espèrent financer leur voyage scolaire. Une excellente initiative que j'encourage en prenant une crème dessert de soja et un demi-litre de lait pour demain matin.
Ils ont vraiment tout prévu, il y a même des pansements, des piles, des boules Quies, des cartouches de gaz et... non, je le crois pas... des préservatifs !
Quand je sors, Mike et Pedro arrivent !
Salut les gars ! Vous dormez là ce soir ?
Non, non, on pousse plus loin.
Ouais, comme d'hab quoi ! Vous allez où ?
Cabane de Clarans.
Quoi ? C'est à trois heures et demie d'ici !
Et alors ?...
Ils se posent quand même un moment, bien contents de participer à leur tour au financement du voyage des enfants.
Pedro visite le coin et va ouvrir la porte de la partie réservée au berger.
Eh, il y a quelqu'un ici !
Je vais voir : tiens tiens, un sac à dos avec un nounours accroché !
Un court moment après, je vois Fred qui remonte du bas du terrain. Salut !
Salut, ça fait longtemps que tu es là ?
Oui, je suis arrivé en début d'après-midi.
T'as pas trainé, dis donc ! (il est 17h30). Je ne dis rien sur sa fausse route.
J'ai passé un bon moment dans le ruisseau plus bas. Je me suis aménagé un coin avec un petit barrage de pierres, c'était un régal. Tu veux y aller ?
Oui, je veux bien, avec la chaleur qu'il fait !
Les deux compères sont partis quand je descends au ruisseau. Effectivement, je remarque un coin aménagé en piscine naturelle. Je me déshabille et entre dans l'eau. Elle est glacée ! Avec toute la meilleure volonté, je n'y entre que jusqu'aux genoux. Impossible de m'immerger. Me voilà à poil, dans l'eau à barboter et observer la faune aquatique sans me soucier du reste. C'est la morsure du froid qui me fera sortir.
Je remonte à la cabane.
Alors elle est bonne, non ?
Oui, elle est bonne, mais pas assez pour que j'y plonge entièrement. Tiens voilà ta gourde.
J'ai effectivement amené les gourdes à remplir pour le repas du soir.
Ça tombe bien, qu'il me répond, on va pouvoir se prendre l'apéro.
Et il me sort une mignonnette de pastis !
Allez, santé !
Je ne sais pourquoi, mais à un moment j'ai sorti un "oh antigueille" retentissant. C'est un terme bordeluche usité donc par les habitants de Bordeaux ou des alentours. Pour ma part, les lointains alentours puisqu'il a débordé sur mon Périgord natal.
Ah bé ça, ça fait longtemps que j'ai pas entendu un antigueille, me dit Fred.
Tu connais, depuis ton pays kanak ?
Et oui je connais vu que j'ai fait mes études à Bordeaux !
Ah bin ça alors, le monde est petit !
Et plus petit que je le crois, même : quand je lui dis que je suis né à Ste-Foy-la-Grande, à 70km de Bordeaux, il connait aussi !
Figure-toi, me dit-il, que dans mon cabinet d'avocats à Nouméa, on est deux et le deuxième, Stephane L. est de Ste-Foy, il y a vécu toute sa jeunesse et a même fait partie de l'équipe de rugby ! Il me rabat constamment les oreilles avec ça alors, Ste-Foy, oui je connais !
Ça vous donne une idée de la taille du monde...
Le repas est frugal pour ma part : soupe de légumes moulinés et purée. Fred prendra un grand bol de soupe avant de rejoindre sa couche.
Je ne lui fais pas remarquer qu'il a pris le côté réservé au berger, bien content de l'épaisseur du mur qui nous sépare.
En effet, après la nuit qu'on a passée à Goulier, je sais que c'est, lui aussi, un ronfleur de compète !