La traversée des Pyrénées par le GR10, entre autres !
Quand : 31/05/2019
Durée : 39 jours
Durée : 39 jours
Distance globale :
810km
Dénivelées :
+46533m /
-46555m
Alti min/max : 19m/2705m
Carnet publié par Béryl
le 14 juil. 2019
modifié le 20 mai 2020
modifié le 20 mai 2020
Mobilité douce
Précisions :
Départ possible depuis les gares de toute grande ville.
Coup de coeur !
13579 lecteur(s)
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Vue d'ensemble
Le topo : J32 - Cabane du Rouzet/Planès (mise à jour : 15 avr. 2020)
Distance section :
29.9km
Dénivelées section :
+411m /
-1143m
Section Alti min/max : 2258m/2423m
Description :
Indications GPS (différentes de celles du site) :
Distance : 32,39Km
Dénivelé positif : 658m
Dénivelé négatif : 1365m
Temps de marche : 8h19
Temps d'arrêt : 2h11
Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.
Distance : 32,39Km
Dénivelé positif : 658m
Dénivelé négatif : 1365m
Temps de marche : 8h19
Temps d'arrêt : 2h11
Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.
Le compte-rendu : J32 - Cabane du Rouzet/Planès (mise à jour : 15 avr. 2020)
Lundi 1 juillet 2019
Nuit bien fraîche à cette altitude. Heureusement, j'ai un bon sac de couchage, mais il me faut trouver le bon équilibre entre mourir étouffé complètement enfoui dans le sac ou avoir froid au visage !
Je ne traine pas, ce matin. Départ 6h05, à la fraiche justement. Je supporte la veste, mais arrivé en haut de la Portella de la Grava (2426m), seule grimpette de la journée, je m'arrête pour la tomber.
Et c'est parti pour l'étape la plus facile du GR10 ! Longue, mais plate. Du plat comme ça, j'avais presque oublié que ça existait ! Bon, parfois un faux plat quand même, voire une toute petite pente, mais globalement que de l'horizontal. Un bout des Landes dans les P.O !
Après avoir longé un long moment le lac des Bouillouses (2020m), j'arrive vers 9h15 au refuge CAF de l'autre côté du barrage (oui, dans un premier temps, j'ai cru qu'il était dans l'énorme bâtisse au bord du lac qui s'avère en fait être un hôtel !).
Beaucoup de monde dans le coin. Des randonneurs à la journée, tout pimpants, dont un sur dix répond à mon bonjour. Je prends un café et le déguste en terrasse. Je temporise un peu, car j'ai prévu de m'arrêter à Bolquère où le bureau de Poste me permettra de renvoyer le matos en trop que je me traine depuis Bagnères-de-Luchon !
Bolquère étant à trois heures de là, si je pars de suite, j'y arrive juste après midi, devant un bureau fermé ! Donc, je prends mon temps. D'autant plus que je ne sais pas encore où dormir ce soir. Il faut que je fasse quelques courses, c'est marée basse !
J'ai faim...
Si je me prenais un muffin ? Je ramène ma tasse et commande : un sandwich au pâté, s'il vous plait ! Ouais, j'ai vu la taille des sandwiches, le muffin ne peut pas rivaliser.
Je retourne à ma table où j'étudie le topoguide, tranquille. Que c'est bon de prendre son temps. Deux chiens viennent me taper un bout de pain et comme j'adore les chiens...
Tiens, celle-là s'appelle comme ma fille : Louna ! Le cuistot, sorti fumer sa clope, me dit que la sienne aussi et la petite amie du fils du patron a le même prénom ! J'en déduis que ceux qui ne croient pas au hasard ont intérêt à me fournir un argumentaire en béton.
J'observe le balai des bus qui se garent un peu plus loin, vomissent leurs touristes et repartent, aussitôt remplacés par un autre.
Je me sens étriqué, tout d'un coup. Il est temps que je m'évade à nouveau.
Nuit bien fraîche à cette altitude. Heureusement, j'ai un bon sac de couchage, mais il me faut trouver le bon équilibre entre mourir étouffé complètement enfoui dans le sac ou avoir froid au visage !
Je ne traine pas, ce matin. Départ 6h05, à la fraiche justement. Je supporte la veste, mais arrivé en haut de la Portella de la Grava (2426m), seule grimpette de la journée, je m'arrête pour la tomber.
Et c'est parti pour l'étape la plus facile du GR10 ! Longue, mais plate. Du plat comme ça, j'avais presque oublié que ça existait ! Bon, parfois un faux plat quand même, voire une toute petite pente, mais globalement que de l'horizontal. Un bout des Landes dans les P.O !
Après avoir longé un long moment le lac des Bouillouses (2020m), j'arrive vers 9h15 au refuge CAF de l'autre côté du barrage (oui, dans un premier temps, j'ai cru qu'il était dans l'énorme bâtisse au bord du lac qui s'avère en fait être un hôtel !).
Beaucoup de monde dans le coin. Des randonneurs à la journée, tout pimpants, dont un sur dix répond à mon bonjour. Je prends un café et le déguste en terrasse. Je temporise un peu, car j'ai prévu de m'arrêter à Bolquère où le bureau de Poste me permettra de renvoyer le matos en trop que je me traine depuis Bagnères-de-Luchon !
Bolquère étant à trois heures de là, si je pars de suite, j'y arrive juste après midi, devant un bureau fermé ! Donc, je prends mon temps. D'autant plus que je ne sais pas encore où dormir ce soir. Il faut que je fasse quelques courses, c'est marée basse !
J'ai faim...
Si je me prenais un muffin ? Je ramène ma tasse et commande : un sandwich au pâté, s'il vous plait ! Ouais, j'ai vu la taille des sandwiches, le muffin ne peut pas rivaliser.
Je retourne à ma table où j'étudie le topoguide, tranquille. Que c'est bon de prendre son temps. Deux chiens viennent me taper un bout de pain et comme j'adore les chiens...
Tiens, celle-là s'appelle comme ma fille : Louna ! Le cuistot, sorti fumer sa clope, me dit que la sienne aussi et la petite amie du fils du patron a le même prénom ! J'en déduis que ceux qui ne croient pas au hasard ont intérêt à me fournir un argumentaire en béton.
J'observe le balai des bus qui se garent un peu plus loin, vomissent leurs touristes et repartent, aussitôt remplacés par un autre.
Je me sens étriqué, tout d'un coup. Il est temps que je m'évade à nouveau.
Après quelques pas, je rencontre mon premier baliseur (en fait non, Éric Chaigneau, que j'ai rencontré quelques jours avant est aussi baliseur).
Nous discutons un moment. Je lui indique que les balises après la Portella de la Grava, collées sur les rochers par dessus les anciennes qui étaient peintes, sont toutes tombées au sol. Il me parle de son "travail", comme bénévole. Un travail de fourmi bien utile pour nous, simples randonneurs. Je lui parle du GR10 qui est constamment modifié, tiens regarde, par exemple, la trace de mon GPS passe plus au nord, elle ne suit pas tes balises !
Oh mais c'est parce que ta trace est vieille comme Hérode ! Voilà belle lurette que le GR10 ne passe plus par là ! Tu l'as prise où ?
Et le voilà parti à me vanter le site mongr.fr, site de la fédération de randonnée, qui possède toutes les cartes des GR à jour. Car vois-tu, dès qu'on fait la moindre modif, on remonte ça au gars qui gère les traces GPS et elles sont de suite actualisées !
En plus, ta cotisation nous aide à acheter du matériel ou entretenir les chemins.
Oui, ça je le savais déjà. Mais tu m'as convaincu, dès que je rentre, je prends un abonnement.
Ce que j'ai fait !
Je m'apercevrai malheureusement que la trace GPS du GR10, que je m'empresserai de télécharger dès mon compte validé, sera loin d'être à jour et n'intègrera même pas la déviation qu'il m'indique plus loin à cause des travaux d'EDF sur une conduite.
Dommage...
Car oui, en effet, le GR est encore dévié. Un peu après le pont de Llivia, qui traverse la Têt, je quitte le GR10 pour prendre la HRP qui longe les étangs del Reco, Llong, Negre et rejoint le GR après celui de la Predella. Petit détour fort sympathique dans la forêt de la Llivia.
Nous discutons un moment. Je lui indique que les balises après la Portella de la Grava, collées sur les rochers par dessus les anciennes qui étaient peintes, sont toutes tombées au sol. Il me parle de son "travail", comme bénévole. Un travail de fourmi bien utile pour nous, simples randonneurs. Je lui parle du GR10 qui est constamment modifié, tiens regarde, par exemple, la trace de mon GPS passe plus au nord, elle ne suit pas tes balises !
Oh mais c'est parce que ta trace est vieille comme Hérode ! Voilà belle lurette que le GR10 ne passe plus par là ! Tu l'as prise où ?
Et le voilà parti à me vanter le site mongr.fr, site de la fédération de randonnée, qui possède toutes les cartes des GR à jour. Car vois-tu, dès qu'on fait la moindre modif, on remonte ça au gars qui gère les traces GPS et elles sont de suite actualisées !
En plus, ta cotisation nous aide à acheter du matériel ou entretenir les chemins.
Oui, ça je le savais déjà. Mais tu m'as convaincu, dès que je rentre, je prends un abonnement.
Ce que j'ai fait !
Je m'apercevrai malheureusement que la trace GPS du GR10, que je m'empresserai de télécharger dès mon compte validé, sera loin d'être à jour et n'intègrera même pas la déviation qu'il m'indique plus loin à cause des travaux d'EDF sur une conduite.
Dommage...
Car oui, en effet, le GR est encore dévié. Un peu après le pont de Llivia, qui traverse la Têt, je quitte le GR10 pour prendre la HRP qui longe les étangs del Reco, Llong, Negre et rejoint le GR après celui de la Predella. Petit détour fort sympathique dans la forêt de la Llivia.
Après avoir cassé la croûte au bas d'une piste de ski, je repars vers Bolquère où j'arrive sur le coup des 15h00. Poste ouverte : joie !
Je me débarrasse de tout ce qui m'encombre et dont je n'aurai plus l'utilité. Au final, je m'allège de 1,6kg ! C'est énorme et je sens vraiment la différence.
Petite discussion avec la postière. Je m'inquiète de ne pas voir le seul commerce qui fait épicerie/dépôt de pain/presse/boucherie ouvert. Pas de bol, le patron est aux obsèques de son beau-père. Fermé pour la journée.
Bon, plus loin, à La Cabanasse, on peut aussi se ravitailler suivant le topoguide.
Oui, mais on est lundi aujourd'hui, pas sûr qu'il soit ouvert.
Manquerait plus que vous ayez raison, avec mon bol.
Et encore, heureusement que je n'ai pas besoin de retirer du liquide. Le topoguide indique qu'on peut le faire à Bolquère. Oui, c'est vrai, si vous êtes à la Poste seulement ! Le guichet toutes cartes est en fait à Superbolquère plus haut, où je suis passé voilà bientôt trois quarts d'heure !
En fait, au panneau, au lieu de suivre l'indication "Commerces", il faut continuer sur la départementale cinq cents mètres et vous arrivez à un supermarché. Et dans ce supermarché, il y a un guichet où vous pouvez retirer quelle que soit votre banque.
Merci pour l'info, madame !
C'est bien indiqué sur le topoguide, mais hors GR, à vingt minutes, le genre d'indication qui fait fuir le grdiste !
Bon, pas de courses à Bolquère. Je file vers La Cabanasse en croisant les doigts.
Je passe devant la gare, bien connue pour être alternativement la gare SNCF la plus haute de France ou la plus haute d'Europe (suivant le topoguide) ! Bref, à 1592m c'est probablement l'une des plus hautes gares, en effet.
Allez hop, une p'tite photo. Tiens, tant que j'y suis j'immortalise aussi la fameuse voie ferrée du train jaune (plus haut d'Europe aussi, allons-y !) avec sa voie d'un mètre de large et son rail d'alimentation électrique. Je le verrai plus loin, mais trop éloigné de moi pour que la photo rende bien.
J'ai donc croisé les doigts. Bien fort.
Pas assez fort, manifestement. Le sort s'acharne : épicerie et boucherie fermées le lundi. Belle entente commerciale !
Prochain caddy à Py ou Arles-sur-Tech à des milliards de kilomètres ! Je réfléchis. J'aurais assez pour y arriver, mais il va falloir sacrément que je rationne.
Que je rationne... T'entends ça, mon bidou ?
Grouuuuuuuuuu...
Ouais, je suis d'accord avec toi ! On se tente Planès ?
GROU !
Allez c'est parti. Tu vas finir par me coûter cher !
Je me débarrasse de tout ce qui m'encombre et dont je n'aurai plus l'utilité. Au final, je m'allège de 1,6kg ! C'est énorme et je sens vraiment la différence.
Petite discussion avec la postière. Je m'inquiète de ne pas voir le seul commerce qui fait épicerie/dépôt de pain/presse/boucherie ouvert. Pas de bol, le patron est aux obsèques de son beau-père. Fermé pour la journée.
Bon, plus loin, à La Cabanasse, on peut aussi se ravitailler suivant le topoguide.
Oui, mais on est lundi aujourd'hui, pas sûr qu'il soit ouvert.
Manquerait plus que vous ayez raison, avec mon bol.
Et encore, heureusement que je n'ai pas besoin de retirer du liquide. Le topoguide indique qu'on peut le faire à Bolquère. Oui, c'est vrai, si vous êtes à la Poste seulement ! Le guichet toutes cartes est en fait à Superbolquère plus haut, où je suis passé voilà bientôt trois quarts d'heure !
En fait, au panneau, au lieu de suivre l'indication "Commerces", il faut continuer sur la départementale cinq cents mètres et vous arrivez à un supermarché. Et dans ce supermarché, il y a un guichet où vous pouvez retirer quelle que soit votre banque.
Merci pour l'info, madame !
C'est bien indiqué sur le topoguide, mais hors GR, à vingt minutes, le genre d'indication qui fait fuir le grdiste !
Bon, pas de courses à Bolquère. Je file vers La Cabanasse en croisant les doigts.
Je passe devant la gare, bien connue pour être alternativement la gare SNCF la plus haute de France ou la plus haute d'Europe (suivant le topoguide) ! Bref, à 1592m c'est probablement l'une des plus hautes gares, en effet.
Allez hop, une p'tite photo. Tiens, tant que j'y suis j'immortalise aussi la fameuse voie ferrée du train jaune (plus haut d'Europe aussi, allons-y !) avec sa voie d'un mètre de large et son rail d'alimentation électrique. Je le verrai plus loin, mais trop éloigné de moi pour que la photo rende bien.
J'ai donc croisé les doigts. Bien fort.
Pas assez fort, manifestement. Le sort s'acharne : épicerie et boucherie fermées le lundi. Belle entente commerciale !
Prochain caddy à Py ou Arles-sur-Tech à des milliards de kilomètres ! Je réfléchis. J'aurais assez pour y arriver, mais il va falloir sacrément que je rationne.
Que je rationne... T'entends ça, mon bidou ?
Grouuuuuuuuuu...
Ouais, je suis d'accord avec toi ! On se tente Planès ?
GROU !
Allez c'est parti. Tu vas finir par me coûter cher !
J'arrive à Planès passablement fatigué. Pas tant par la distance que par la chaleur. Un gars à l'entrée me renseigne, enfin, essaie de me renseigner, je ne comprends rien de ce qu'il me dit ! Je suis l'endroit qu'il me montre du doigt et arrive sur une terrasse avec piscine d'un côté et resto de l'autre. Le boss est devant le resto.
Bonjour, vous proposez quoi et à quel prix ?
Il me détaille toutes ses prestations avec tarifs préférentiels pour les randonneurs solos. Ouille ! Heureusement que c'est préférentiel !
Bon, pas trop le choix de toute façon.
Je pourrais vous acheter du pain pour demain ?
Oui, pas de problème.
Bien, le proprio est Américain, mais au moins lui, je le comprends. Il faut dire qu'il parle un très bon français, ça aide !
Je monte au dortoir, prends ma douche, lessive et zou, retour en terrasse avec mon carnet, mon topoguide et... une petite mousse locale et bio.
Bien que j'aie amené mon maillot de bain, la piscine ne me tente pas. Au bout d'un moment, je reviens au dortoir pour m'allonger en attendant le repas.
Une clique de randonneurs déboule alors. Au revoir la sieste. Heureusement, ils se cantonnent au bas du dortoir (je suis à l'étage avec un couple de jeunes très discrets que je verrai à peine).
L'heure du repas approchant, je descends et en profite pour observer discrètement tout ce petit monde ; des échantillons bien typés de tout ce que l'on peut trouver dans ce cas : le ronchon, le sportif, le blagueur, la maitresse-femme, la sainte Blandine, la bimbo, bref, ils sont venus, ils sont tous là !
Et une belle clique de compétiteurs en ronflement, en prime.
Dans l'escalier, je croise une fille qui me reconnait instantanément : oh Béryl !
Moment de flottement... Je ne la remets pas du tout : on se connait ?
Mais oui, je marche avec Mike et Pedro, on s'est déjà croisés à Cauterets.
Ah oui, peut-être, tu sais, j'ai une mémoire de poisson rouge !
Elle enchaine de suite : en fait, j'ai perdu les garçons, ils marchent trop vite, je cherche Mike. Il m'a dit qu'il allait peut-être jusqu'à la cabane plus loin, mais j'ai pas de nouvelle. Tu sais où il est, toi ?
Pas du tout. Au dernier sms, ils avaient une demi-journée d'avance sur moi au lac des Bouillouses. Ils me donnaient rendez-vous à la cabane de leur pote berger au col del Pal en allant vers Mantet. On est censé y passer la nuit prochaine ensemble.
Cela la laisse perplexe : bon, je ne sais pas quoi faire, du coup. Si je te croise ici, c'est sûrement un signe. Il faut peut-être que je reste là.
Un signe de quoi ? je lui rétorque, un hasard, voilà tout.
Non, il n'y a pas de hasard.
(ah c'est pas vrai, encore une qui va me sortir la sempiternelle théorie du "c'est écrit" !)
Je reprends : bon écoute, fais comme tu veux. Tu peux rester ici, c'est pas la place qui manque.
Comme elle cherche à se ravitailler elle aussi, je la préviens : tu sais, à 15€ le bocal de trois cents grammes, ça va te coûter une blinde !
Elle hésite.
Pas moi : bon, je te laisse, je vais manger.
Je ne la reverrai plus. Elle m'a beaucoup parlé de Mike, mais pas de Pedro. Hé hé, coquin de Mike !
Je me retrouve avec toute la clique à table. Ils débarquent juste du train et commencent demain. Vous pensez bien qu'ils n'ont pas bien faim.
Moi par contre...
Chili vegan. Sin carne, si vous préférez. Je ne sais pas combien d'assiettes je verrai défiler sous mon nez. J'en ai fini pas mal et demandé du rab en cuisine.
Je vous passe les yeux écarquillés de tout le monde et la remarque de notre hôte comme quoi j'allais le ruiner. Au prix où il fait payer, je ne vais pas avoir de scrupules !
Il faut avouer que c'est excellent et de qualité, en plus. Tous les fournisseurs chez qui il se sert ont leur photo accrochée sur les murs du restaurant. Que du local et du bio.
Je deviens vite le centre d'intérêt de la table de part la "performance" que j'accomplis et ma capacité à engloutir tout ce qui me passe devant. J'ai beau leur expliquer que cette performance est à la portée de tout le monde ou presque, la plupart se déclarent incapables d'y arriver. D'autant plus tout seul ! Il va me falloir beaucoup de patience pour leur expliquer tous les avantages de la marche en solitaire.
Ah, voilà le dessert ! Une sorte de beignet aux fruits pour les uns et un genre de fromage blanc de brebis avec de la confiture maison pour les autres.
Autant vous dire que les beignets... Bref, plus une miette sur la table.
Avec les encouragements de tous pour "ce pauvre marcheur qui vient de si loin".
Merci, merci, merci. Et trois beignets de plus.
Attendez, les amis. Demain matin, on prend le petit-déjeuner ensemble...!
Bonjour, vous proposez quoi et à quel prix ?
Il me détaille toutes ses prestations avec tarifs préférentiels pour les randonneurs solos. Ouille ! Heureusement que c'est préférentiel !
Bon, pas trop le choix de toute façon.
Je pourrais vous acheter du pain pour demain ?
Oui, pas de problème.
Bien, le proprio est Américain, mais au moins lui, je le comprends. Il faut dire qu'il parle un très bon français, ça aide !
Je monte au dortoir, prends ma douche, lessive et zou, retour en terrasse avec mon carnet, mon topoguide et... une petite mousse locale et bio.
Bien que j'aie amené mon maillot de bain, la piscine ne me tente pas. Au bout d'un moment, je reviens au dortoir pour m'allonger en attendant le repas.
Une clique de randonneurs déboule alors. Au revoir la sieste. Heureusement, ils se cantonnent au bas du dortoir (je suis à l'étage avec un couple de jeunes très discrets que je verrai à peine).
L'heure du repas approchant, je descends et en profite pour observer discrètement tout ce petit monde ; des échantillons bien typés de tout ce que l'on peut trouver dans ce cas : le ronchon, le sportif, le blagueur, la maitresse-femme, la sainte Blandine, la bimbo, bref, ils sont venus, ils sont tous là !
Et une belle clique de compétiteurs en ronflement, en prime.
Dans l'escalier, je croise une fille qui me reconnait instantanément : oh Béryl !
Moment de flottement... Je ne la remets pas du tout : on se connait ?
Mais oui, je marche avec Mike et Pedro, on s'est déjà croisés à Cauterets.
Ah oui, peut-être, tu sais, j'ai une mémoire de poisson rouge !
Elle enchaine de suite : en fait, j'ai perdu les garçons, ils marchent trop vite, je cherche Mike. Il m'a dit qu'il allait peut-être jusqu'à la cabane plus loin, mais j'ai pas de nouvelle. Tu sais où il est, toi ?
Pas du tout. Au dernier sms, ils avaient une demi-journée d'avance sur moi au lac des Bouillouses. Ils me donnaient rendez-vous à la cabane de leur pote berger au col del Pal en allant vers Mantet. On est censé y passer la nuit prochaine ensemble.
Cela la laisse perplexe : bon, je ne sais pas quoi faire, du coup. Si je te croise ici, c'est sûrement un signe. Il faut peut-être que je reste là.
Un signe de quoi ? je lui rétorque, un hasard, voilà tout.
Non, il n'y a pas de hasard.
(ah c'est pas vrai, encore une qui va me sortir la sempiternelle théorie du "c'est écrit" !)
Je reprends : bon écoute, fais comme tu veux. Tu peux rester ici, c'est pas la place qui manque.
Comme elle cherche à se ravitailler elle aussi, je la préviens : tu sais, à 15€ le bocal de trois cents grammes, ça va te coûter une blinde !
Elle hésite.
Pas moi : bon, je te laisse, je vais manger.
Je ne la reverrai plus. Elle m'a beaucoup parlé de Mike, mais pas de Pedro. Hé hé, coquin de Mike !
Je me retrouve avec toute la clique à table. Ils débarquent juste du train et commencent demain. Vous pensez bien qu'ils n'ont pas bien faim.
Moi par contre...
Chili vegan. Sin carne, si vous préférez. Je ne sais pas combien d'assiettes je verrai défiler sous mon nez. J'en ai fini pas mal et demandé du rab en cuisine.
Je vous passe les yeux écarquillés de tout le monde et la remarque de notre hôte comme quoi j'allais le ruiner. Au prix où il fait payer, je ne vais pas avoir de scrupules !
Il faut avouer que c'est excellent et de qualité, en plus. Tous les fournisseurs chez qui il se sert ont leur photo accrochée sur les murs du restaurant. Que du local et du bio.
Je deviens vite le centre d'intérêt de la table de part la "performance" que j'accomplis et ma capacité à engloutir tout ce qui me passe devant. J'ai beau leur expliquer que cette performance est à la portée de tout le monde ou presque, la plupart se déclarent incapables d'y arriver. D'autant plus tout seul ! Il va me falloir beaucoup de patience pour leur expliquer tous les avantages de la marche en solitaire.
Ah, voilà le dessert ! Une sorte de beignet aux fruits pour les uns et un genre de fromage blanc de brebis avec de la confiture maison pour les autres.
Autant vous dire que les beignets... Bref, plus une miette sur la table.
Avec les encouragements de tous pour "ce pauvre marcheur qui vient de si loin".
Merci, merci, merci. Et trois beignets de plus.
Attendez, les amis. Demain matin, on prend le petit-déjeuner ensemble...!