La traversée des Pyrénées par le GR10, entre autres !
When : 5/31/19
Length : 39 days
Length : 39 days
Total distance :
810km
Height difference :
+46533m /
-46555m
Alti min/max : 19m/2705m
Guidebook created by Béryl
on 14 Jul 2019
updated on 20 May 2020
updated on 20 May 2020
Eco travel
Details :
Départ possible depuis les gares de toute grande ville.
Crush !
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Global view
Guidebook : J22 - Fos/Eylie d'en Haut (updated : 28 Dec 2019)
Section distance :
23.2km
Height difference for this section :
+2013m /
-1546m
Section Alti min/max : 549m/2232m
Description :
Indications GPS (différentes de celles du site ; je ne comprends pas pourquoi) :
Distance : 30,13Km
Dénivelé positif : 2114m
Dénivelé négatif : 1640m
Temps de marche : 8h41
Temps d'arrêt : 2h09
Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.
Distance : 30,13Km
Dénivelé positif : 2114m
Dénivelé négatif : 1640m
Temps de marche : 8h41
Temps d'arrêt : 2h09
Cliquez sur la trace pour faire apparaître le dénivelé.
Report : J22 - Fos/Eylie d'en Haut (updated : 28 Dec 2019)
Vendredi 21 juin 2019
Lever donc 5h00, comme prévu.
Marcel est debout et prépare le petit-déjeuner pour les autres pendant que je m'occupe du mien. Il sera frugal et je le regretterai.
Notre hôte est un fou de vélo et il me montre une de ses acquisitions qui dort dans le gîte en attendant une météo plus clémente. C'est un beau vélo effectivement. Nous en avons discuté hier soir, déjà. Mon petit dernier (qui a quinze ans, quand même) est lui aussi passionné de vélo de route et fait régulièrement des compétitions.
Quand je lui demande le prix de sa belle machine, Marcel hésite un peu et m'avoue qu'il coûte dans les cinq mille euros ! Il rajoute un peu après qu'il en a un chez lui qui vaut trois fois plus cher. Quinze mille euros le vélo !!
C'est sa seule passion et, comme il vit seul depuis pas mal d'années, il se fait plaisir. Et je le comprends.
N'empêche, je prends une photo du vélo devant moi et l'envoie à mon gosse pour le faire tiquer, le sien ne valant QUE trois mille euros...
Thierry, un des deux arrivants d'hier, descend à son tour. Lui, fait la traversée dans l'autre sens. On s'est donc échangé des infos sur ce qui nous attend tous les deux.
L'autre randonneur (dont j'ai oublié le prénom !) ne semble pas pressé de se lever. Il ne fait que quelques étapes dans le même sens que moi et a notamment dormi dans le fameux camping de Sazos, celui du raccourci vers Luz-St-Sauveur, et y a été reçu comme un roi !
J'enfile mes chaussures, encore humides, et m'apprête à partir quand Marcel insiste pour nous prendre en photo, Thierry et moi. Pas de problème !
Un coup à droite, un coup à gauche, écartez-vous, là, ne bougez plus ! Un vrai photographe pro le Marcel !
Surtout un vrai commerçant, oui. Le but était qu'on voit bien le panneau du gîte sur les photos !
Coquin de Marcel !
Allez, je démarre. La pluie aussi...
Obligé de faire une pause à Melles pour tomber la veste et mettre le poncho. Heureusement, je peux profiter de la terrasse abritée d'un restaurant pour faire tout ça à l'abri.
La montée est douce jusqu'à Labach de Melles, enfin douce, c'est une route de plusieurs kilomètres. Elle se raidit sacrément ensuite jusqu'au col d'Auéran (2176m). Je peine, je fatigue, impossible de trouver mon souffle, je connais la cause de ces symptômes : petit-déj trop léger. J'y vais à l'économie et je le paie.
Le brouillard s'est invité comme d'hab. Je le sème au col, mais il m'attend un peu plus bas. J'arrive au-dessus de l'étang d'Araing et prends de suite une photo. Je fais bien ; le temps d'arriver en bas, tout est envahi par la brume et on ne voit même plus l'étang depuis le refuge !
Je m'y pose un moment pour tronçonner mon sauciflard. Je discute avec le gardien, très sympa, qui me prépare un café.
Bien chaud, je le déguste à petites gorgées.
Quand je repars, le brouillard est si dense qu'il me faut à la fois le fouiller pour trouver les balises et garder un œil sur mon GPS pour être sûr d'aller du bon côté. La Serre d'Araing (2221m) est atteinte avec ce pas de sénateur et j'enchaine direct avec la descente vers les mines de Bentaillou.
Lever donc 5h00, comme prévu.
Marcel est debout et prépare le petit-déjeuner pour les autres pendant que je m'occupe du mien. Il sera frugal et je le regretterai.
Notre hôte est un fou de vélo et il me montre une de ses acquisitions qui dort dans le gîte en attendant une météo plus clémente. C'est un beau vélo effectivement. Nous en avons discuté hier soir, déjà. Mon petit dernier (qui a quinze ans, quand même) est lui aussi passionné de vélo de route et fait régulièrement des compétitions.
Quand je lui demande le prix de sa belle machine, Marcel hésite un peu et m'avoue qu'il coûte dans les cinq mille euros ! Il rajoute un peu après qu'il en a un chez lui qui vaut trois fois plus cher. Quinze mille euros le vélo !!
C'est sa seule passion et, comme il vit seul depuis pas mal d'années, il se fait plaisir. Et je le comprends.
N'empêche, je prends une photo du vélo devant moi et l'envoie à mon gosse pour le faire tiquer, le sien ne valant QUE trois mille euros...
Thierry, un des deux arrivants d'hier, descend à son tour. Lui, fait la traversée dans l'autre sens. On s'est donc échangé des infos sur ce qui nous attend tous les deux.
L'autre randonneur (dont j'ai oublié le prénom !) ne semble pas pressé de se lever. Il ne fait que quelques étapes dans le même sens que moi et a notamment dormi dans le fameux camping de Sazos, celui du raccourci vers Luz-St-Sauveur, et y a été reçu comme un roi !
J'enfile mes chaussures, encore humides, et m'apprête à partir quand Marcel insiste pour nous prendre en photo, Thierry et moi. Pas de problème !
Un coup à droite, un coup à gauche, écartez-vous, là, ne bougez plus ! Un vrai photographe pro le Marcel !
Surtout un vrai commerçant, oui. Le but était qu'on voit bien le panneau du gîte sur les photos !
Coquin de Marcel !
Allez, je démarre. La pluie aussi...
Obligé de faire une pause à Melles pour tomber la veste et mettre le poncho. Heureusement, je peux profiter de la terrasse abritée d'un restaurant pour faire tout ça à l'abri.
La montée est douce jusqu'à Labach de Melles, enfin douce, c'est une route de plusieurs kilomètres. Elle se raidit sacrément ensuite jusqu'au col d'Auéran (2176m). Je peine, je fatigue, impossible de trouver mon souffle, je connais la cause de ces symptômes : petit-déj trop léger. J'y vais à l'économie et je le paie.
Le brouillard s'est invité comme d'hab. Je le sème au col, mais il m'attend un peu plus bas. J'arrive au-dessus de l'étang d'Araing et prends de suite une photo. Je fais bien ; le temps d'arriver en bas, tout est envahi par la brume et on ne voit même plus l'étang depuis le refuge !
Je m'y pose un moment pour tronçonner mon sauciflard. Je discute avec le gardien, très sympa, qui me prépare un café.
Bien chaud, je le déguste à petites gorgées.
Quand je repars, le brouillard est si dense qu'il me faut à la fois le fouiller pour trouver les balises et garder un œil sur mon GPS pour être sûr d'aller du bon côté. La Serre d'Araing (2221m) est atteinte avec ce pas de sénateur et j'enchaine direct avec la descente vers les mines de Bentaillou.
Le passage par les mines de Bentaillou est lugubre. Ces créatures de rouilles tapies dans le brouillard, surgissant au détour du chemin, semblent vouloir me guider jusqu'au trou béant de leur antre souterrain. Mais je ne suis pas dupe. Je sais que s'il fut une époque où des hommes moururent dans ces antres-là, voilà bien longtemps que plus personne ne descend dans cet enfer chtonien.
Des épouvantails de ferraille qui n'effraient même pas les brebis, voilà ce qu'il reste de cette époque "glorieuse".
Les brebis, justement. Elles sont là par dizaines, au bord du chemin. Au bord ou au milieu. Je dois les bousculer un peu pour passer. Manquerait plus que...
Oh non...
Là, sur le bord surplombant le sentier, une masse blanche. Pas une brebis, ça. La tête posée sur les pattes de devant, il dort. Il ne m'a pas vu, pas entendu. Je cherche fébrilement un moyen de contourner. Pas d'échappatoire. C'est tout droit. Et ces idiotes de brebis en plein milieu. J'avance. Doucement. Je fais attention où je pose les pieds. Pas de bruit. Calme. Je suis devant lui à un mètre cinquante tout au plus. Je respire à peine. Poussez-vous les brebis, saloperie de bestioles idiotes ! Je l'ai quasiment dépassé.
Peut-être n'aurais-je pas dû tourner la tête, je ne sais. Toujours est-il que c'est à ce moment-là, quand mes yeux se sont posés à nouveau sur lui, qu'il a ouvert les siens.
Comment vous décrire la terreur qui m'a envahi en une fraction de seconde quand je l'ai vu réaliser ce qu'il se passait sous son museau. Il s'est levé, très vite et s'est mis à aboyer, très fort, enfin trop fort pour moi habitué au silence ouaté de cette ambiance oppressante. Les crocs visibles, j'étais horrifié.
Croyez-le ou non, je n'ai pas fui. Pas eu la force. J'étais tétanisé. J'ai caché mon bâton derrière moi et je lui ai parlé.
Caaaaalme, chuuuuuut, doucement, je ne fais que passer, je ne touche pas tes brebis, promis. Caaaaalme.
Très vite, j'ai entendu un deuxième aboiement. Comme souvent, ils sont deux, voire plus.
C'est là que j'ai bougé, que j'ai senti le vrai danger. J'ai avancé. Oh pas très vite, des brebis - ces idiotes - me barraient le chemin et ne semblaient pas pressées de partir.
J'apprendrai plus tard par un berger avec lequel je m'entretiendrai de la difficulté que j'aurai à gérer ses cinq chiens, que c'est probablement cela qui m'a sauvé en quelque sorte : le troupeau n'était pas stressé. Si le patou ne ressent pas le stress dans le troupeau, tout se passe bien. En général. Il suffit de connaître quelques astuces et le fait justement de ne pas courir, de leur parler calmement, de cacher son bâton, de baisser la tête, aide grandement à passer cette douloureuse étape sans problème.
J'avance toujours. Calmement. Je parle, je leur parle (l'autre est actuellement juste derrière moi) sans arrêt. Le troupeau est immense. Je n'en vois pas la fin !
Au bout d'un siècle ou deux, j'arrive quand même à ne plus trouver de brebis devant moi.
Les patous me poursuivent encore un bon moment, un derrière moi, le second en hauteur sur le côté. Avec le ravin de l'autre, je suis pris en tenaille. Ils savent y faire pour évacuer l'intrus !
Ils aboieront longtemps après que je sois sorti de leur zone.
La trouille que j'ai eue... Je ne leur en veux pas, ils ont fait leur boulot. Mais bon sang quelle peur.
Ami randonneur, ne prête pas attention aux bonnes paroles des braves gens qui veulent te mettre en garde contre l'ours que tu ne verras jamais ; renseigne-toi plutôt sur la présence des patous que tu vas certainement rencontrer.
Des épouvantails de ferraille qui n'effraient même pas les brebis, voilà ce qu'il reste de cette époque "glorieuse".
Les brebis, justement. Elles sont là par dizaines, au bord du chemin. Au bord ou au milieu. Je dois les bousculer un peu pour passer. Manquerait plus que...
Oh non...
Là, sur le bord surplombant le sentier, une masse blanche. Pas une brebis, ça. La tête posée sur les pattes de devant, il dort. Il ne m'a pas vu, pas entendu. Je cherche fébrilement un moyen de contourner. Pas d'échappatoire. C'est tout droit. Et ces idiotes de brebis en plein milieu. J'avance. Doucement. Je fais attention où je pose les pieds. Pas de bruit. Calme. Je suis devant lui à un mètre cinquante tout au plus. Je respire à peine. Poussez-vous les brebis, saloperie de bestioles idiotes ! Je l'ai quasiment dépassé.
Peut-être n'aurais-je pas dû tourner la tête, je ne sais. Toujours est-il que c'est à ce moment-là, quand mes yeux se sont posés à nouveau sur lui, qu'il a ouvert les siens.
Comment vous décrire la terreur qui m'a envahi en une fraction de seconde quand je l'ai vu réaliser ce qu'il se passait sous son museau. Il s'est levé, très vite et s'est mis à aboyer, très fort, enfin trop fort pour moi habitué au silence ouaté de cette ambiance oppressante. Les crocs visibles, j'étais horrifié.
Croyez-le ou non, je n'ai pas fui. Pas eu la force. J'étais tétanisé. J'ai caché mon bâton derrière moi et je lui ai parlé.
Caaaaalme, chuuuuuut, doucement, je ne fais que passer, je ne touche pas tes brebis, promis. Caaaaalme.
Très vite, j'ai entendu un deuxième aboiement. Comme souvent, ils sont deux, voire plus.
C'est là que j'ai bougé, que j'ai senti le vrai danger. J'ai avancé. Oh pas très vite, des brebis - ces idiotes - me barraient le chemin et ne semblaient pas pressées de partir.
J'apprendrai plus tard par un berger avec lequel je m'entretiendrai de la difficulté que j'aurai à gérer ses cinq chiens, que c'est probablement cela qui m'a sauvé en quelque sorte : le troupeau n'était pas stressé. Si le patou ne ressent pas le stress dans le troupeau, tout se passe bien. En général. Il suffit de connaître quelques astuces et le fait justement de ne pas courir, de leur parler calmement, de cacher son bâton, de baisser la tête, aide grandement à passer cette douloureuse étape sans problème.
J'avance toujours. Calmement. Je parle, je leur parle (l'autre est actuellement juste derrière moi) sans arrêt. Le troupeau est immense. Je n'en vois pas la fin !
Au bout d'un siècle ou deux, j'arrive quand même à ne plus trouver de brebis devant moi.
Les patous me poursuivent encore un bon moment, un derrière moi, le second en hauteur sur le côté. Avec le ravin de l'autre, je suis pris en tenaille. Ils savent y faire pour évacuer l'intrus !
Ils aboieront longtemps après que je sois sorti de leur zone.
La trouille que j'ai eue... Je ne leur en veux pas, ils ont fait leur boulot. Mais bon sang quelle peur.
Ami randonneur, ne prête pas attention aux bonnes paroles des braves gens qui veulent te mettre en garde contre l'ours que tu ne verras jamais ; renseigne-toi plutôt sur la présence des patous que tu vas certainement rencontrer.
La descente vers Eylie-d'en-Haut n'est pas très longue, mais avec ce terrain glissant au possible j'avance vraiment lentement. Cela n'empêche pas quelques glissades dont une plus artistique où je me retrouve sur les fesses. Coup de bol, j'aurais pu dégringoler plus bas.
La pluie est toujours là quand j'arrive dans le minuscule village. Devant le gîte, je passe un coup de fil au gardien qui habite quelques maisons plus haut. Je pars le régler avant d'entrer au chaud.
Beaucoup de monde dans le gîte. Des randonneurs à la journée ou qui se font une boucle. Un bon feu crépite dans la cheminée. Je fume tellement je suis mouillé !
Je file à la douche et, ma lessive faite, étends tant bien que mal mes affaires devant le foyer, les places sont chères ! J'y apporte même mon sac à dos, dégoulinant, sur les conseils d'un autre randonneur, malgré la demande de notre hôte de le laisser à l'entrée. Conscient des raisons pour lesquelles les gardiens demandent parfois à laisser les sacs à dos dans un endroit prévu, je passe outre et rapproche donc le mien au plus près de la cheminée. Il n'ira pas plus loin, contrairement à d'autres qui ont carrément monté le leur dans le dortoir.
Les chaussures doivent aussi rester à l'entrée, une entrée ouverte sur l'extérieur où il est certain qu'elles ne sècheront pas. Tout le monde les a bien entendu rassemblées devant l'âtre sous le fil soutenant les teeshirts, chaussettes et autres serviettes.
Je suis un des derniers couchés, soucieux d'entretenir le feu. Je me relèverai d'ailleurs dans la nuit pour l'alimenter à nouveau.
La pluie est toujours là quand j'arrive dans le minuscule village. Devant le gîte, je passe un coup de fil au gardien qui habite quelques maisons plus haut. Je pars le régler avant d'entrer au chaud.
Beaucoup de monde dans le gîte. Des randonneurs à la journée ou qui se font une boucle. Un bon feu crépite dans la cheminée. Je fume tellement je suis mouillé !
Je file à la douche et, ma lessive faite, étends tant bien que mal mes affaires devant le foyer, les places sont chères ! J'y apporte même mon sac à dos, dégoulinant, sur les conseils d'un autre randonneur, malgré la demande de notre hôte de le laisser à l'entrée. Conscient des raisons pour lesquelles les gardiens demandent parfois à laisser les sacs à dos dans un endroit prévu, je passe outre et rapproche donc le mien au plus près de la cheminée. Il n'ira pas plus loin, contrairement à d'autres qui ont carrément monté le leur dans le dortoir.
Les chaussures doivent aussi rester à l'entrée, une entrée ouverte sur l'extérieur où il est certain qu'elles ne sècheront pas. Tout le monde les a bien entendu rassemblées devant l'âtre sous le fil soutenant les teeshirts, chaussettes et autres serviettes.
Je suis un des derniers couchés, soucieux d'entretenir le feu. Je me relèverai d'ailleurs dans la nuit pour l'alimenter à nouveau.