A vélo, de Lanester à Samarkand (?)
Quand : 11/04/2024
Durée : 100 jours
Durée : 100 jours
Carnet publié par Renan
le 11 avr. 2024
modifié le 31 juil. 2024
modifié le 31 juil. 2024
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Vue d'ensemble
Le topo : Samedi 15 (mise à jour : 17 juin 2024)
Description :
Ubisa / Ourbnissi
Le compte-rendu : Samedi 15 (mise à jour : 17 juin 2024)
J'ai eu la bonne idée de planter la tente à côté d'un petit plan d'eau, j'ai été aux premières loges toute la nuit pour le concerto de grenouilles. Mais cela ne m'a finalement pas trop dérangé. Avec les bouchons d'oreilles ça fait un bruit de fond, c'est autre chose qu'un chien qui se met à aboyer ou un coup de klaxon.
Réveillé tôt, comme d'habitude quoi, mais je retombe dans les bras de Morphée jusqu'à 8h. Ça c'est chouette. Par contre il y a un sacré vent qui semble mal orienté pour le cycliste.
Avant d'attaquer la sévère montée qui va me ramener sur la route, je m'arrête jeter un œil à la jolie église.
Réveillé tôt, comme d'habitude quoi, mais je retombe dans les bras de Morphée jusqu'à 8h. Ça c'est chouette. Par contre il y a un sacré vent qui semble mal orienté pour le cycliste.
Avant d'attaquer la sévère montée qui va me ramener sur la route, je m'arrête jeter un œil à la jolie église.
Faut pas abuser non plus, c'est le matin, je pousse le vélo pour rejoindre la route en surplomb.
Effectivement, un fort vent de face. La vitesse moyenne risque de ne pas être très élevée.
Effectivement, un fort vent de face. La vitesse moyenne risque de ne pas être très élevée.
Je suis les indications "Tbilissi" sur la route qui serpente autour de l'autoroute.
Il me faut un café. Il est vrai que ce qu'il manque en Géorgie, par rapport à la Grèce et la Turquie, ce sont ces petites terrasses qui vous attendent partout.
Je m'arrête à hauteur d'un petit magasin. Pas de café, pas de thé non plus. Enfin si du café mais froid en canette dans la vitrine réfrigérée comme on m'en a déjà proposé ailleurs. La patronne me dégote tout de même - merci ! -des dosettes du précieux breuvage lyophilisé et va faire chauffer de l'eau à côté. Il est clair qu'on ne lui demande pas ça tous les jours. De la bière si sans doute : y a déjà un quatuor avec de belles choppes à la table d'à côté. Il doit être 10h. Le confort est des plus rudimentaires, avec des relents de carburant.
Je repense au contrôle d'hier. Je me suis retrouvé à un moment sans passeport ni téléphone, ceux-ci étant entre les mains des policiers(?) en voiture banalisée. J'ai connu un moment de flottement en me demandant si j'allais les revoir... Je m'en suis bien tiré.
Je m'arrête à hauteur d'un petit magasin. Pas de café, pas de thé non plus. Enfin si du café mais froid en canette dans la vitrine réfrigérée comme on m'en a déjà proposé ailleurs. La patronne me dégote tout de même - merci ! -des dosettes du précieux breuvage lyophilisé et va faire chauffer de l'eau à côté. Il est clair qu'on ne lui demande pas ça tous les jours. De la bière si sans doute : y a déjà un quatuor avec de belles choppes à la table d'à côté. Il doit être 10h. Le confort est des plus rudimentaires, avec des relents de carburant.
Je repense au contrôle d'hier. Je me suis retrouvé à un moment sans passeport ni téléphone, ceux-ci étant entre les mains des policiers(?) en voiture banalisée. J'ai connu un moment de flottement en me demandant si j'allais les revoir... Je m'en suis bien tiré.
Je roule lorsqu'un routier que je croise me fait signe de m'arrêter : je me dirige vers un cul de sac, je dois faire demi-tour et prendre l'autoroute. J'avais bien compris ça mais je ne pensais pas avoir déjà dépassé l'endroit. Bon, je crois que je vais avoir droit d'emblée à un tunnel, j'en ai vu un il y a peu...
J'aurai droit à 6 tunnels à la suite, les cinq suivants étant quand même moins longs.
Ce ne sont pas les portions les plus agréables : il n'y a plus de bande d'arrêt d'urgence, les véhicules passent très près et ça fait un boucan d'enfer. Bonjour les oreilles. L'expression "voir le bout du tunnel" a pris ici tout son sens !
Ce ne sont pas les portions les plus agréables : il n'y a plus de bande d'arrêt d'urgence, les véhicules passent très près et ça fait un boucan d'enfer. Bonjour les oreilles. L'expression "voir le bout du tunnel" a pris ici tout son sens !
Il y a des travaux, nous quittons l'autoroute. Quel traffic ! Je me fais klaxonner par du camion qui frôle. C'est un peu l'horreur. De plus il fait chaud, ça monte et toujours ce vent. Un ralentissement, nous passons devant un accident : plusieurs voitures, un camion couché sur la chaussée et bien endommagé.
Et ça continue dans le traffic.
Et ça continue dans le traffic.
Et tout à coup, une vision fait tomber mon moral un cran plus bas encore
Je n'ai PAS DU TOUT ENVIE !! Une route semble passer par dessus le tunnel. Je me renseigne dans un baraquement de chantier, on me répond qu'elle est fermée. Je dois emprunter le tunnel. Et pourquoi ont-ils de plus installé cette sculpture en guise de fronton ? On a l'impression de passer la porte de l'Enfer !
Bon, je me prépare en avalant un peu de calories.
Bon, je me prépare en avalant un peu de calories.

La frontale ne sert pas à grand chose, je la passe à l'arrière. Elle a une position lumière rouge, ça fera doublon avec celle installée sur la sacoche gauche.
Et tout à coup j'ai la bonne idée de la journée : je ne vais pas pédaler, je vais marcher sur le mince trottoir et pousser le vélo sur le bord de la route. Cette perspective me met un peu de baume au coeur.
Je m'équipe : deux lumières rouges à l'arrière donc, je quitte les chaussures de vélo pour celles de marche, foulard sur le nez et protection auditives. Je suis prêt à braver le Royaume des Ténèbres !
Je m'équipe : deux lumières rouges à l'arrière donc, je quitte les chaussures de vélo pour celles de marche, foulard sur le nez et protection auditives. Je suis prêt à braver le Royaume des Ténèbres !
21 mn plus tard :
Pédaler là-dedans aurait été l'horreur, c'était de plus mal éclairé.
Finalement ce n'était pas une porte vers l'Enfer mais plutôt le Paradis. Je m'arrête juste à la sortie du tunnel devant un local, un monsieur me propose une chaise et va me remplir une bouteille d'eau bien fraîche. Je demande si je peux utiliser la WiFi de l'endroit, quelqu'un me connecte. Puis on me propose un verre de vin et finalement je suis convié à la table de toute l'équipe, c'est l'heure du déjeuner. J'ai moi-même grignoté avant le tunnel mais une telle invitation ne se refuse pas. Poisson bouilli et frit, ragoût de pommes de terre et viande, plat de je ne sais trop quoi, fromage, tomates en pickles... Quel festin ! Avec du vino bien évidemment. Je dois encore une fois mettre le hola pour être capable de remonter sur le vélo ensuite. Il n'est quand même pas mauvais leur petit vino maison. Je passe un super moment, merci l'équipe. Ils souhaitent que je reste encore mais je préfère retourner pédaler. Si je peux parce qu'avec tout ce que j'ai maintenant dans l'estomac...
Finalement ce n'était pas une porte vers l'Enfer mais plutôt le Paradis. Je m'arrête juste à la sortie du tunnel devant un local, un monsieur me propose une chaise et va me remplir une bouteille d'eau bien fraîche. Je demande si je peux utiliser la WiFi de l'endroit, quelqu'un me connecte. Puis on me propose un verre de vin et finalement je suis convié à la table de toute l'équipe, c'est l'heure du déjeuner. J'ai moi-même grignoté avant le tunnel mais une telle invitation ne se refuse pas. Poisson bouilli et frit, ragoût de pommes de terre et viande, plat de je ne sais trop quoi, fromage, tomates en pickles... Quel festin ! Avec du vino bien évidemment. Je dois encore une fois mettre le hola pour être capable de remonter sur le vélo ensuite. Il n'est quand même pas mauvais leur petit vino maison. Je passe un super moment, merci l'équipe. Ils souhaitent que je reste encore mais je préfère retourner pédaler. Si je peux parce qu'avec tout ce que j'ai maintenant dans l'estomac...
Paradis toujours car maintenant :
- il y a beaucoup moins de traffic,
- ça descend,
- et le vent est tombé.
Tout parfait, quoi !
De l'autre côté du tunnel c'est aussi le royaume de la farniente : il y a des transats à vendre partout.
- il y a beaucoup moins de traffic,
- ça descend,
- et le vent est tombé.
Tout parfait, quoi !
De l'autre côté du tunnel c'est aussi le royaume de la farniente : il y a des transats à vendre partout.

Veuillez noter la conscience professionnelle du commerçant installé au fond : il ne vend que ce qu'il a lui-même testé et approuvé.
Ensuite c'est une succession ininterrompue de stands de ce genre :
Je finis par m'arrêter. La dame qui est là me répond que ce qui est exhibé ainsi en bord de route c'est du faux. Ha bon ? Ils vendent en fait tous ici une sorte de brioche de cette forme. Elle m'en montre une, toute chaude. Je renifle : miel et cannelle. Bon diou, ça doit pas être mauvais. J'en prends deux... pour quand j'aurai faim un jour.
Et c'est retour sur l'autoroute. C'est incroyable à dire mais ça fait un bien fou après l'affreuse route à laquelle j'ai eu droit.
Et c'est retour sur l'autoroute. C'est incroyable à dire mais ça fait un bien fou après l'affreuse route à laquelle j'ai eu droit.
J'arrive à hauteur d'Ourbnissi, je vais m'arrêter là. Je voulais laisser moins de 100 km pour essayer de rejoindre Tbilissi demain, c'est fait. Entre le vent ce matin et les travaux qui nous ont fait quitter l'autoroute, ça n'aura pas encore été une grande journée pour ce qui est de la distance parcourue.
Je me rends directement à l'église. Il y a une belle pelouse qui en fait le tour, je demande à une dévote toute de noir vêtue si je peux planter la tente. Elle ne comprends pas et va chercher une autre dame tout aussi dévote et tout autant de noir vêtue. Elle parle un peu français, comprend ma demande et va poser la question au prêtre. Je pourrais m'installer derrière l'église, invisible. Et bien non, le prêtre n'est pas d'accord. Ça doit être une punition céleste pour ne pas avoir été depuis bien longtemps à confesse.

Une photo de la belle porte quand même. Je ne suis pas rancunier et puis après tout ce n'est pas de sa faute à elle si je ne peux pas rester.
La seconde dame m'accompagne vers la rivière que j'avais mentionnée comme alternative. Elle adore la poésie française. Elle est touchante à réciter ainsi du Verlaine en avançant doucement.
Elle repart. Mais le chemin est bien trop à pic. Jamais je ne pourrais le remonter avec le vélo demain.
Bivouaquer ici en hauteur ? La vue est belle et je pourrais descendre me baigner. Mais l'endroit ne s'y prête guère. Je retourne vers le centre du village.
Une famille secoue les branches de son mûrier sur la rue, les fruits tombent dans un drap.
Bivouaquer ici en hauteur ? La vue est belle et je pourrais descendre me baigner. Mais l'endroit ne s'y prête guère. Je retourne vers le centre du village.
Une famille secoue les branches de son mûrier sur la rue, les fruits tombent dans un drap.
Le jeune père de famille parle anglais. Il me dit qu'il n'y aura pas d'endroit pour camper avec de l'eau à disposition. Par contre il me fait le plein des gourdes et tout le monde semble d'accord pour que l'étranger reparte avec une belle portion de mûres. Merci beaucoup !
Je retourne à un endroit tout proche où j'avais demandé s'il était possible de s'installer. Pas d'eau, tant pis. Un homme est là avec des vaches, je redemande l'autorisation. Il me montre une porte fermée à clef et me fait comprendre qu'il va joindre quelqu'un par téléphone pour pouvoir ouvrir, je pourrais dormir à l'intérieur. Ha ben merci ! Mais la tente sur l'herbe là c'est bien aussi. Non, non, il faut que j'attende. Bon alors j'attends.
Je retourne à un endroit tout proche où j'avais demandé s'il était possible de s'installer. Pas d'eau, tant pis. Un homme est là avec des vaches, je redemande l'autorisation. Il me montre une porte fermée à clef et me fait comprendre qu'il va joindre quelqu'un par téléphone pour pouvoir ouvrir, je pourrais dormir à l'intérieur. Ha ben merci ! Mais la tente sur l'herbe là c'est bien aussi. Non, non, il faut que j'attende. Bon alors j'attends.

L'arrière du petit magasin du quartier.
Malin cette sortie de tuyau de poêle, ça fait moins de maçonnerie.
Malin cette sortie de tuyau de poêle, ça fait moins de maçonnerie.
Finalement l'homme me fait signe de le suivre et m'amène jusqu'à une maison abandonnée dans laquelle je pourrais passer la nuit. Merci !
En partant il me dit :
"Vino, vino."
Bon, il veut un petit coup de vin pour service rendu, c'est mérité.
Je rentre dans la maison : les dalles du sol sont en état de décomposition avancée, je ne dormirai pas là. Je vais planter la tente sur l'herbe en espérant ne pas le vexer. Puis je file au petit magasin tout proche pour lui trouver un peu de vino. La dame semble surprise de ma demande, elle fouille partout et trouve une bouteille à moitié vide. Elle va pour me servir un verre mais je lui fais comprendre que c'est pour emporter. Lorsque je demande le prix elle me dit qu'elle ne fait pas payer ça. Mais ?? Je lui achète une bricole en dédommagement.
Le monsieur revient me voir à la tente et je lui tends le vino. Il n'en veut pas. Ben pourquoi ? En fait il voulait m'offrir, lui, un coup de vino. Et il arrive les bras chargés de victuailles : khinkalis, fromage, pain, tomates, concombres... Et la petite bouteille en plastique de schnaps comme il dit. Il est fier de me dire que c'est lui qui le fait. Je ne sais que dire. Quelle gentillesse. Je lui donne une des brioches que j'ai achetée cette après-midi. Il est tout content.
"Vino, vino."
Bon, il veut un petit coup de vin pour service rendu, c'est mérité.
Je rentre dans la maison : les dalles du sol sont en état de décomposition avancée, je ne dormirai pas là. Je vais planter la tente sur l'herbe en espérant ne pas le vexer. Puis je file au petit magasin tout proche pour lui trouver un peu de vino. La dame semble surprise de ma demande, elle fouille partout et trouve une bouteille à moitié vide. Elle va pour me servir un verre mais je lui fais comprendre que c'est pour emporter. Lorsque je demande le prix elle me dit qu'elle ne fait pas payer ça. Mais ?? Je lui achète une bricole en dédommagement.
Le monsieur revient me voir à la tente et je lui tends le vino. Il n'en veut pas. Ben pourquoi ? En fait il voulait m'offrir, lui, un coup de vino. Et il arrive les bras chargés de victuailles : khinkalis, fromage, pain, tomates, concombres... Et la petite bouteille en plastique de schnaps comme il dit. Il est fier de me dire que c'est lui qui le fait. Je ne sais que dire. Quelle gentillesse. Je lui donne une des brioches que j'ai achetée cette après-midi. Il est tout content.

Voilà tout ce que le bon Ilia m'a apporté. Le prêtre du village pourrait prendre ici une belle leçon de charité...
Moi qui m'était juste préparé un bol de mûres avec tout ce que j'avais mangé à midi ! 😂
C'est excellent mais il est impossible de finir. Lorsqu'Ilia repasse, je comprends que je ne pourrais pas lui redonner ce qu'il reste. Ce sera donc pour demain midi.
Quelle belle fin de journée.
C'est excellent mais il est impossible de finir. Lorsqu'Ilia repasse, je comprends que je ne pourrais pas lui redonner ce qu'il reste. Ce sera donc pour demain midi.
Quelle belle fin de journée.