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A vélo, de Lanester à Samarkand (?)

(réalisé)
vélo de randonnée
Quand : 11/04/2024
Durée : 100 jours
Carnet publié par Renan le 11 avr. 2024
modifié le 31 juil. 2024
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Vue d'ensemble

Le topo : Mardi (mise à jour : 10 juil. 2024)

Description :

Akhaltsikhé / Höçvan 

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Le compte-rendu : Mardi (mise à jour : 10 juil. 2024)

Pour commencer, un petit mot pour te rassurer Jean-Pierre.
J'ai failli mais je n'ai pas encore succombé à cette mode d'exhiber sur Internet tous les plats dont on se régale. Donc ne t'inquiètes pas, j'ingurgite mon comptant de calories. Tiens hier soir par exemple j'ai dîné à l'hôtel : cinq khinkalis, un beau bol d'ochi, une corbeille de pain. Oui monsieur, pas moins ! Mais il est vrai que j'aime partir le matin ventre vide, le petit-déjeuner sera l'occasion d'une pause, et que le midi je ne me goinfre pas : je trouve trop difficile de pédaler ensuite. C'est plutôt le soir que je me fais plaisir.
J'espère t'avoir tranquillisé.🙂

Et maintenant, la journée.
Je sors de la chambre et je suis bien le seul à déambuler dans ce petit hôtel. Réception fermée, cuisine fermée. Il faut que je vois quelqu'un pour régler la note. Je prépare le vélo et suis prêt à décoller, toujours pas âme qui vive. Bon et bien dans ce cas je vais aller faire la photo de la veille ville depuis l'autre côté et trouver de quoi ne pas mourir de faim aujourd'hui.
Je passe à côté d'un panneau que je n'avais pas vu hier : la frontière turque est à 18 km.

La petite photo que j'avais promise de la vieille ville. Ça ne rend pas grand chose finalement...
La petite photo que j'avais promise de la vieille ville. Ça ne rend pas grand chose finalement...
A mon retour à l'hôtel, l'équipe est présente. Il suffisait de faire les choses dans cet ordre.
C'est vraiment une chouette adresse à Akhaltsikhé, ce petit hôtel au pied de la vieille ville.
Le patron de l'hôtel Kissane, bercé par Joe Dassin dont il garde un souvenir ému, voulait la petite photo.
Le patron de l'hôtel Kissane, bercé par Joe Dassin dont il garde un souvenir ému, voulait la petite photo.
Allez en route.
Contrôle de la pression des pneus dans un micro garage.

Et bien le Renan il est calmé d'entrée de jeu : ça grimpe et ça grimpe. Ça promet : j'ai regardé, le plus dur va être dans une quarantaine de kilomètres avec une belle côte de 20 kilomètres. Fini la p'tite promenade de santé d'hier.😭

Oulala ! Mais c'est que je vais bientôt avoir des vautours à tourner au dessus de la tête, moi !
Oulala ! Mais c'est que je vais bientôt avoir des vautours à tourner au dessus de la tête, moi !
Effectivement c'est dry.
Effectivement c'est dry.
C'est dur.
Construction en pierres sèches.
Construction en pierres sèches.
La frontière n'est plus très loin.
La frontière n'est plus très loin.
C'est même très dur.
La Turquie est de l'autre côté de ce grillage.
La Turquie est de l'autre côté de ce grillage.
Je dépasse tous les camions à la frontière pour entrer rapidement en Turquie. Un succinct contrôle des sacoches tout de même comme l'autre fois.
"Any alcohol ?"
"No."
Je ne vais quand même pas cafter pour la petite bouteille de gnole maison offerte par Ela il y a une quinzaine de jours.

Romain et Marie, que j'ai croisé il y a quelques jours, m'avaient appris que le stop avec vélo marchait auprès des routiers. Chiche ? Car je suis réellement à la peine. Je vois un camion sur lequel est noté Kars, une ville par laquelle je vais passer. Oui le chauffeur va bien là-bas mais ne sais pas à quelle heure il repart. Dommage.





Frontière tout juste passée, j'ai la ville de Kars en ligne de mire. Mais pas pour aujourd'hui. Surtout vu ma vitesse de progression...
Frontière tout juste passée, j'ai la ville de Kars en ligne de mire. Mais pas pour aujourd'hui. Surtout vu ma vitesse de progression...
Vraiment ?
Vraiment ?
Pause grignotage à Posof.
C'est à partir d'ici que les choses vont se corser : les fameux 20 km de grimpette...

Wouahlala, ça monte sévère en plus !
La fin de la montée ? Ce serait bien...
La fin de la montée ? Ce serait bien...
C'est extrêmement difficile et ça n'en finit pas.
Je m'arrête une nouvelle fois... et commence à tendre le pouce.

Normalement je m'en réjouis mais très peu de circulation pour un auto-stoppeur. Trop peu.
Normalement je m'en réjouis mais très peu de circulation pour un auto-stoppeur. Trop peu.
Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas eu la présence d'esprit de rester à la frontière et de demander aux chauffeurs qui repartaient. Car en plus s'arrêter ici ferait perdre son élan au poids lourd.
Je reste une trentaine de minutes puis repart. Ça aura fait une pause, c'est toujours ça.


Le peu de circulation me permet de faire des zigs et des zags sur toute la largeur de la chaussée : je me rabats lorsque j'entends un véhicule.

Une fontaine. Vite le plein des gourdes !
Une fontaine. Vite le plein des gourdes !
Deuxième essai auto-stop. Toujours le même problème.
Deuxième essai auto-stop. Toujours le même problème.
Ha ha ! C'est finalement moi qui ai embarqué quelqu'un. C'est le comble !
Ha ha ! C'est finalement moi qui ai embarqué quelqu'un. C'est le comble !
Je multiplie les arrêts en jettant un œil sur le GPS. Chose à ne pas faire, c'est assez démoralisant.
Finalement je tends le pouce en roulant dès que j'entends un véhicule arriver.

J'ai cessé d'appeler à l'aide de cette manière lorsqu'une petite camionnette s'arrête à ma hauteur. Le chauffeur a du comprendre ma détresse, il propose de m'emmener. J'ai l'impression d'avoir une hallucination. Et me voici assis dans cet engin thermique en ne tarrissant pas de "Téchékur, téchékur" pour ce jeune homme plus que providentiel. J'ai du mal à réaliser ma chance.


Mon chauffeur tient a tout prix à me faire boire l'eau de cette fontaine. En direct des sommets, elle est effectivement très fraîche !
Mon chauffeur tient a tout prix à me faire boire l'eau de cette fontaine. En direct des sommets, elle est effectivement très fraîche !
Nous repartons, les routiers font leur popote.
Nous repartons, les routiers font leur popote.
Il est kurde, et non turc précise-t-il. C'est un sujet brûlant en Turquie. Il est extrêmement fier de la culture de son peuple : j'ai le droit à de la musique traditionnelle kurde pendant tout le trajet alors qu'il danse avec les mains. Il tient heureusement le volant de temps en temps.
Et ça monte et ça monte !
Et ça monte et ça monte !
Si j'avais bien repéré cette longue côte avec le GPS je n'avais pas regardé le dénivelé. Quand je vois ce que nous grimpons en brûlant de l'essence, je n'ose m'imaginer faire ça à la force des mollets.
Nous arrivons au sommet, je n'en crois pas mes yeux en lisant le panneau : 2250 m d'altitude !
Akhaltsikhé était 900 m.
Ça y est ça descend vers le village de Damal.
Ça y est ça descend vers le village de Damal.
Je devais reprendre le vélo à ce village mais nous réalisons que nous allons ensuite tous deux dans la même direction. Je reste à bord.
Il est content le Renan de se faire ainsi trimballer !
Il est content le Renan de se faire ainsi trimballer !
Mon chauffeur s'arrête à la bifurcation Kars/Ardahan. Je prends tout droit, lui tourne à droite.
Les au revoir. Le chic type qui m'aura enlevé une sacrée épine du pneu et avancé de 60 kilomètres.
Les au revoir. Le chic type qui m'aura enlevé une sacrée épine du pneu et avancé de 60 kilomètres.
Me voici donc sur une belle grosse route. Il est tôt, je vais continuer un peu.
Ça se remet à monter et un vent de face assez soutenu s'invite à la fête. Allez, le mental, le mental. Je me remets à faire des pauses en tendant le pouce. Honte sur moi.
Je n'avais pas vu mais une camionnette s'est arrêtée. Comme je n'ai pas bougé elle recule. Et moi je jubile. A bord un chauffeur et ses deux collègues femmes. Celui-ci me dit qu'il ne peut malheureusement pas me prendre car ils sont en déplacement professionnel. Il me demande si j'ai besoin de quelque chose, d'eau ou autre. Il semble vraiment embêté de ne pouvoir faire plus. Il me dit que leur atelier est à une quinzaine de kilomètres, dans le village d'Höçvan. Je pourrais me reposer là-bas et même installer la tente. La proposition me réchauffe le cœur mais je ne me vois pas faire encore 15 km à contre vent. Il me dit qu'ils m'attendront là-bas, me note le nom du village ainsi que son numéro de téléphone. Ils repartent.
Pareille invitation donne du courage, je décide d'abattre la distance.
Je ne suis plus très loin de Höçvan.
Je ne suis plus très loin de Höçvan.
Sur la route.
Sur la route.
Je n'y crois pas, je ne suis pas le plus lent ! Je double par la droite. 😂
Quelle satisfaction.
Je n'y crois pas, je ne suis pas le plus lent ! Je double par la droite. 😂
Quelle satisfaction.
J'arrive au village. Mince, je n'ai pas de réseau pour pouvoir téléphoner. Je continue jusqu'à la station service avec l'idée de demander à quelqu'un de téléphoner pour moi. Et là, qui ne vois-je pas à attendre derrière le volant que je daigne montrer le bout du nez ? Le chauffeur de tout à l'heure. Incroyable. Je le suis.
Et me voici dans leurs locaux. Je vais pouvoir installer la tente à l'abri dans le vaste garage, de la pluie est prévue. J'ai ensuite droit à une place de choix sur un canapé.
Halit, ainsi se prénomme ce chauffeur sauveur, m'apporte tchai et petits biscuits. Puis il me dit qu'il va préparer le repas. Re incroyable...
Ses deux collègues sont également présentes, Dilara et Seda.
J'ai beau lui dire que ce n'est rien du tout à faire, Halit veut absolument m'aider à monter la tente.
Je réalise alors qu'il manque un des morceaux des deux arceaux. Je n'y crois pas, moi qui faisait spécialement attention à n'en oublier aucun ! Il a du rester au bord du lac. Bon, il va falloir faire avec ou plutôt sans. La tente a une drôle d'allure !





Un des deux arceaux est plus court.
Mais quel gros boulet !
Un des deux arceaux est plus court.
Mais quel gros boulet !
Halit apporte les plats. Hooo, miam ! Il a attendu pour pouvoir manger avec moi. Délicate attention. Il parle bien anglais, l'échange est fourni. Dilara se débrouille également. Elle est très enjouée et loquace. Elle ne tarit pas d'éloges à propos de ce pays qu'elle aime de tout son cœur, la Turquie. Seda est plus discrète, mais il y a la barrière de la langue.
Et dehors il pleut à torrent, heureusement que la tente est à l'abri. Je les remercie encore une fois. La région est très arrosée me disent-ils.
Je passe un belle soirée avec mes hôtes.
Dilara, Seda, le cycliste en perdition et Halit.
Dilara, Seda, le cycliste en perdition et Halit.
Quelle chance de tomber sur cette équipe si hospitalière. Quelle belle fin de journée encore une fois.

Grâce à leur invitation qui m'a donné le courage de faire encore 15 km, je ne suis plus qu'à une soixantaine de kilomètres de Kars. Ça montera en continu pendant les premiers kilomètres seulement.
120 kilomètres aujourd'hui : 60 à vélo, 60 en voiture.

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